Typologie et développement

L’analyse de données dans une perspective développementale constitue probablement l’application la moins évidente de la typologie (Slobin, 1997a ; Slobin & Bowerman, 2007). En effet, le chercheur en acquisition du langage ne dispose pas d’une grammaire de l’enfant, ni d’une description normée du langage de l’enfant qui pourrait lui servir de point de départ. La nature même des données, la variabilité qui s’y illustre, prive le chercheur de tels repères (Slobin & Bowerman, 2007 : 216). Et si l’impact de langues typologiquement différentes est visible très tôt, on trouve dans la même littérature la mention de changements développementaux relativement homogènes malgré la diversité des langues (Hickmann & Hendricks, 2006). En effet, l’impact du discours adressé à l’enfant n’est qu’en partie lié aux modes de structurations propres à une langue donnée : se pourrait-il alors que certaines tendances générales, comme l’exagération des courbes prosodiques ou la saillance des éléments qui se trouvent en début ou en fin d’énoncé, pèsent plus lourd ?

De nombreux travaux, portant sur une grande variété de langues (rassemblés notamment dans Slobin, 1985 et 1997) ont cependant permis d’établir des descriptions riches de données développementales (suivis longitudinaux ou récits produits en situation contrainte), développées à partir des acquis de la typologie sémantique.