Options expressives

Il existe mille et une façons de s’adresser à une enfant, et ceux-ci montrent très tôt une sensibilité aux modalités différentes de discours qui leurs sont adressés. Ils apprennent par exemple à formuler des requêtes polies, mais aussi à raconter des histoires comme le font leurs parents. Les études expérimentales de récits de jeunes enfants, mais aussi d’adultes, rassemblées dans le volume de Berman & Slobin (1994) ont montré qu’il y avait différentes façons de raconter une histoire, et en particulier de décrire un événement. Histoires et chansons ont ainsi une fonction bien particulière, et il importera de repérer les productions qui s’inscrivent dans ce cadre.

D’autre part, dès lors que la langue met à disposition du locuteur des structures différentes, on peut dire que le locuteur dispose d’ « options expressives » (Veneziano 2004 : 203). Les approches fonctionnalistes de l’acquisition du langage ont permis de montrer que les enfants utilisaient d’abord les nouvelles options expressives pour des fonctions connues, et qu’ils mettaient peu à peu en place un paradigme au sein duquel ils pouvaient sélectionner pour mettre en valeur certains aspects d’un événement, en tenant compte notamment de l’état des connaissances de la personne à qui ils s’adressent. Cette idée que les enfants utilisent d’abord de manière univoque une forme pour une fonction, puis mettent en place plusieurs formes correspondant à la même intention communicative et/ou au même événement (Antinucci & Parisi 1973, Barrett 1981, Clark 1997, Greenfield & Smith 1976, Halliday 1975, Ninio 1994, Veneziano 1990, 1999, cités par Veneziano 2004 : 205) a été en partie remise en cause par une prise en compte plus précise des contextes.