2.2. Choix des catégories d’analyse

Prenant acte des distinctions établies par la typologie sémantique de Talmy, de nombreuses études se sont penchées sur la façon dont des langues typologiquement distinctes exprimaient le déplacement (notamment Aske, 1989 ; Cardini, 2008 ; Khalifa, 2001 ; Kopecka, 2006 ; 2009) et sur l’impact éventuel de ces différences structurelles sur l’acquisition du langage (Berman & Slobin, 1994 ; Bowerman & Choi, 2001 ; 2003 ; Chenu & Jisa, 2006 ; Choi & Bowerman, 1991 ; Choi, 2000 ; Gullberg, Hendricks & Hickmann, 2008 ; Hickmann & Hendriks, 2006 ; Hickmann, 2006, par exemple). Ce faisant, elles ont parfois proposé d’adapter les catégories d’analyse de Talmy, ou révélé certaines limites de l’analyse typologique. Nous repartons ici de l’analyse des premières « prépositions », qui pourraient bien constituer les premiers satellites utilisés par l’enfant, mais dont nous avons vu qu’elles constituaient aussi une catégorie pour le moins problématique. Il s’est agi en effet pour nous, en amont du choix des catégories d’analyses, de faire la part des problèmes de catégorisation mais aussi de s’interroger sur la comparabilité des productions langagières dans l’une et l’autre langue. Avant de regrouper les premières prépositions françaises et les premières particules anglaises au sein de ce que nous définirons comme une catégorie élargie de satellites, il faut en analyser le fonctionnement et voir si l’on peut dégager des traits communs, c’est-à-dire avant tout s’il y a quelque chose comme une catégorie de prépositions spatiales en français.

Nous partons donc d’analyses préliminaires qui ne concernent pas seulement l’expression du déplacement, mais que nous appliquons ensuite à celle-ci, pour voir comment fonctionnent alors les prépositions françaises. Nous expliquons ensuite le choix de nos catégories de codage.