Verbes, satellites, gestes et onomatopées

La typologie de Talmy propose une définition restrictive des satellites : «  The grammatical category of any constituent other than a noun-phrase or prepositional-phrase complement that is in a sister relation to the verb root.” (Talmy, 2000 : 65) Ils doivent ainsi constituer l’environnement immédiat du verbe et non un circonstant, et en tant que tels, ils ne comprennent pas les syntagmes prépositionnels. Or ainsi que nous l’avons suggéré en proposant une réflexion liminaire sur les prépositions, nous adoptons ici une définition élargie des satellites, qui inclut les syntagmes prépositionnels quel qu’en soit le degré d’intégration syntaxique (cf. Pourcel & Kopecka, 2005) mais aussi d’autres éléments de la périphérie verbale. Nous suivons en ceci la proposition de Slobin (2009) d’une classification en fonction de l’expression de la trajectoire dans le verbe (« Path in Verb ») ou dans un autre élément, quelle qu’en soit la forme (« Path in Non Verb »). C’est en effet, nous l’avons vu (chapitre I 2.2.4) la possibilité d’exprimer la trajectoire ailleurs que dans le verbe qui rend compte au mieux de cette particularité des langues à satellites : elles peuvent encoder davantage d’éléments dans un même énoncé que les langues à cadre verbal. La fréquence des constructions comprenant un verbe et un satellite, au sens où Talmy l’entend, c’est-à-dire l’ensemble des usages directionnels de verbes particule, constitue certes un élément central pour l’explication de la plus forte densité d’encodage des langues à satellite (voir par exemple Hickmann 2003). Mais elles représentent seulement l’une des stratégies possibles.

Nous ajoutons à ces deux grandes catégories ainsi définies les gestes et onomatopées, indispensables pour décrire les productions précoces. Les usages verbaux d’onomatopées repérés chez les mères anglophones ont cependant été comptés comme verbes.