Trajectoire, cause, manière et localisation

Pour chaque élément, nous avons codé la ou les différentes composantes sémantiques qu’il exprimait dans un énoncé et un contexte discursif donné. Ainsi, le même verbe, la même préposition ou la même particule pourront être codés différemment en fonction du contexte, pour rendre compte de la complexité de la construction du sens spatial. Ainsi, si nous reprenons l’exemple (28) ci-dessus, et considérons la reformulation proposée par la mère en (69) ainsi qu’un autre énoncé formulé au cours d’une activité différente (70):

(69) La mère de Marie (1;11.26) :Eh ben tourne le, c’est bien !

(70) La mère de Marie (1;2.28) :Regarde, ça tourne !

Le premier énoncé illustre un usage transitif du verbe tourner, qui exprime alors la MANIERE de mouvement et la CAUSE, alors que dans le deuxième énoncé, la CAUSE n’est pas exprimée. Autre exemple : la particule down, qui exprime le plus souvent une TRAJECTOIRE bornée, peut cependant aussi exprimer la seule LOCALISATION, surtout en colocation avec des verbes de mouvement causé comme put :

(71) La mère de William (1;11.14):All right, we can put the letters down.

De même, si les onomatopées expriment presque toujours la manière, elles peuvent aussi permettre d’encoder conjointement manière et trajectoire : c’est le cas par exemple de celles qui évoquent la chute, comme badaboum en français, ou weeee clunk en anglais.

Pour les gestes, nous avons codé trajectoire lorsque le geste dessinait un seul déplacement (single "spatial excursion", Kendon, 2004) et manière si la trajectoire esquissée était complexe (ou simple mais répétée), c’est-à-dire par exemple mouvements gigotés, ou attrapés, mouvements des pieds et des jambes, ou de tout le corps, mimant la marche ou le vélo par exemple.