3.2.4. Figures et fonds

Dernière différence repérée dans la littérature, mais qui ne se confirme pas dans notre codage du discours adressé à l’enfant : une plus grande saillance de la figure en anglais, et du fond en français. Il se peut cependant que les enfants soient sensibles à cette différence avérée quoique non patente dans notre échantillon.

Figure 66 : Part des énoncés exprimant la figure et/ ou le fond, ou omettant ces deux composantes.
Figure 66 : Part des énoncés exprimant la figure et/ ou le fond, ou omettant ces deux composantes.

Ici encore, ce sont Marie et William qui suivent les tendances suggérées dans la littérature : la première exprimant préférentiellement le fond, le second la figure. On note cependant une préférence de tous les enfants pour l’omission de ces informations, qui sont en effet rarement mentionnées dans les premières constructions. L’enfant pourra cependant choisir d’exprimer le seul fond, par exemple, lorsque celui-ci est saillant :

(157) Théotime (2;0.14), arrive dans la cuisine après avoir fait semblant de balayer: à poubelle.

Il est probable que la prise en compte de la figure et du fond soit d’abord liée à la structure informationnelle : Smiley & Huttenlocher (1995 : 44) ont ainsi remarqué que les enfants commencent par omettre l’information ancienne ou que l’on peut déduire du contexte :

‘”Spatial terms for existing locations of objects are almost nonexistent in children in single word period (1% of uses of the four terms) / only 4 to 14% in mothers ». De même pour les autres êtres animés, qui constitueront les figures dans l’expression du déplacement volontaire : Bloom (1991 : 57) a noté que l’enfant commençait à se mentionner comme seul agent62, ou possesseur, les autres personnes ne l’étant pas tant que la LME est inférieure à 2 mots.’
Notes
62.

Et on peut supposer que ce sera dans des contextes où l’enfant veut marquer une agentivité forte, cf. Morgenstern, 2006.