6.3. Famille(s) de constructions ?

Dans l’appropriation progressive des verbes à particule, il y aurait donc d’abord pour l’enfant deux « familles de construction » (telles que les ont définies Lakoff, 1987 ; Fillmore, Kay & O’Connor, 1988, ou encore Aske, 1989), c'est-à-dire deux familles de sens, le sens spatial se distinguant des composés lexicaux. Elles deviendraient ensuite, avec la mise en place d’alternances, deux variantes structurelles d’un même ensemble de constructions pour lesquelles l’ordre des mots doit être déterminé en contexte : c’est ce que B. Cappelle a appelé des « allostructions » (2006). Et il est remarquable que l’alternance ne se met en place qu’assez tard dans nos données : on ne l’observe en fait que chez l’une des deux enfants, Naima, et à partir d’une LME de 3.

En définitive, l’acquisition progressive de constructions complexes fait apparaître non seulement l’importance du spatial pour l’acquisition précoce, mais aussi un autre versant de l’appropriation de la langue, que les travaux sur l’événement spatial ne prennent pas en compte, et qui est plutôt lié à l’acquisition des formes composées. Cependant seule l’organisation des constructions autour d’une zone de saillance en fin d’énoncé permet de rendre compte de la mise en place de deux types de constructions, puis de leur alternance.