7. Conclusion : remarques sur l’usage de ça / là en français vs. here/there en anglais

Pour conclure, nous voudrions proposer une analyse du développement, pièce par pièce, de première famille de constructions, qui permet de dépasser, ou de repenser la primauté du sens spatial telle qu’elle s’illustre ici. Il nous semble en effet que ce qui se construit ici est plutôt une opération générale de localisation, pour le dire avec les termes de la TOE. Celle-ci implique que l’ensemble de l’énoncé, dont nous avons vu qu’il se construisait peu à peu, soit repéré par rapport à l’élément final. L’avantage d’une conception en termes d’opérations énonciatives, telles que nous les avons définies dans l’introduction du présent travail, est de nous permettre de penser le repérage par rapport à un up analysé comme non spatial, comme c’est notamment le cas du contre-exemple illustré en (161) b-, sur le même modèle. Un autre avantage serait de mieux souligner la continuité qui existe entre les premiers énoncés accompagnés de pointages, et ceux qui s’organisent ensuite autour de marqueurs de localisation comme ça et en français, ou here et there en anglais, à propos desquels on remarquera qu’ils se situent le plus souvent en fin d’énoncé.

Dans cette perspective, la détermination du caractère statique ou dynamique de l’opération de localisation importe finalement assez peu. Bloom (1991 : 57) distinguait par exemple entre localisation d’une action et d’un état, la première étant plus précoce que la seconde. Nous pensons qu’au-delà de ces différences, qui témoignent probablement d’une plus grande attention prêtée à certaines situations ou éléments extralinguistiques, le repérage qui s’effectue sur la base d’une famille de marqueurs (locatifs et/ou directionnels) dit quelque chose de la façon dont s’organisent les premières opérations linguistiques.