Conclusion générale

Des conclusions ponctuelles que nous avons proposées à chaque étape de ce travail se dégagent quelques éléments que nous reprenons brièvement pour finir. Tout d’abord, il est probablement toujours réducteur de chercher à établir des liens directs entre notre compréhension de la perception et l’analyse des faits de langue, dont nous espérons avoir fait ressortir l’irréductibilité aux catégories de la cognition. Nous avons voulu insister, à travers l’analyse linguistique d’une grande partie des énoncés sur lesquels reposent les généralisations établies ici, sur la particularité des phénomènes langagiers qui, nous semble-t-il, répondent toujours à des logiques propres.

Nous avons d’autre part apporté des éléments d’analyse et d’illustration de la comparaison inter-langue telle qu’elle peut être établie dans des données d’acquisition du langage, et en particulier aux débuts de celle-ci. Il nous semble alors que l’un des apports majeurs de la comparaison inter-langue en général, et de la typologie sémantique en particulier, à notre compréhension de l’acquisition du langage, est d’avoir montré qu’il n’existait probablement pas de point de départ conceptuel universel. Nous avons vu notamment que si la tendance à l’encodage des relations dynamiques avant les relations statiques, bien démontrée dans la littérature, semblait pouvoir être établie dans nos données aussi, l’établissement de telles conclusions se faisait toujours au risque de l’interprétation. Surtout, nous espérons avoir montré l’existence de logiques propres à chacune des deux langues étudiées, et leur prise en compte par l’enfant dès les premiers enregistrements dont nous disposions, c’est-à-dire dès les débuts du langage.

S’il existe cependant des stratégies ou des ressources communes à tous les enfants qui rentrent dans le langage, quelle que soit la langue qui leur est adressée, celles-ci ne seraient pas à chercher dans des catégories sémantiques (et notamment spatiales), mais dans des opérations énonciatives abstraites. Nous en avons défini une qui nous semble tout à fait primordiale : la construction de premières prédications puis d’énoncés complexes à partir d’un repère, qui est posé dans le discours adressé à l’enfant et dont la reprise par l’enfant montre la prise en compte en même temps que la construction d’une zone de saillance.