I-3.1.2. Les ressorts de la résistance organisationnelle et la prévention primaire

Les enjeux liés à la prévention de la santé psychique au travail sont considérables pour les organisations car les coûts, humains et financiers, qu’ils entraînent le sont aussi (Brun & Lamarche, 2006 ; Goetzel, Hawkins, Ozminkowski, & Wang, 2003 ; Harnois & Gabriel, 2000 ; Vézina & Bourbonnais, 2001). La connaissance de ces coûts devrait inciter les dirigeants à reconnaître l’impact de ces atteintes psychologiques, la participation des conditions de travail à ce processus et les inciter à se réunir pour construire des réponses efficaces. Mais on constate qu’ils ne suffisent pas à dissiper la réticence des dirigeants à s’engager dans une démarche de prévention de la santé psychique et à modifier l’organisation qu’ils dirigent. En effet, la nature du rapport que l’entreprise entretient avec la santé psychique, et les causes qui la tourmentent, conditionne en partie son engagement et l’intérêt qu’elle porte aux questions de prévention et des actions qui en découlent. Le rapport que l’organisation entretient avec la santé psychique se construit à quatre niveaux différents : celui de l’institution et des dispositifs législatifs ; celui de l’espace social où s’échangent des formes de mise en visibilité des liens entre santé et travail ; celui de l’organisation, en tant qu’espace où se développent potentiellement des risques pour la santé psychique et où la manière la plus répandue pour interpréter ces phénomènes repose sur l’individu. Ce rapport va donner une place plus ou moins significative à la prise en charge et à l’accompagnement individuel ou/et à la prévention. Pourtant, des cadres institutionnels imposent aux organisations de se doter d’une politique de prévention des risques psychosociaux et de garantir l’intégrité physique et psychique des salariés.