I-3.3.2.2. Les obstacles liés au processus de l’intervention

Parmi les obstacles identifiés, il existe, premièrement, un risque d’instrumentalisation de l’intervention qui peut nuire à son efficacité et s’avérer contre-productive pour la santé des salariés. En effet, les interventions sont implantées dans des contextes organisationnels qui possèdent des caractéristiques sociales, politiques et culturelles et au sein desquels sont mis en scène des jeux de pouvoir (Berthelette & al., 2008). Ces derniers peuvent avoir une incidence sur le déroulement de l’intervention, ils peuvent faciliter sa mise en œuvre ou, au contraire, l’empêcher. Par exemple, la dégradation du dialogue social entre la direction et les organisations syndicales peut entraver l’implantation d’actions de prévention (Baril, Berthelette, Ross, Gourde, Massicotte & Pajot, 2000 ; Freeman, 1984). Ce risque peut provenir d’une conception différente du temps de l’action, des finalités de l’intervention ou d’une vision différente de l’évaluation. Cette diversité des logiques va se traduire dans des relations reposant davantage sur une instrumentalisation que sur des liens de coopération. Ainsi, le contexte social de l’organisation doit être pris en compte (Israël & al., 1996 ; Landsbergis & Vivona-Vaughan, 1995). De plus, la mise en place d’interventions dans un climat de crise peut entraver le bon déroulement d’une démarche de prévention. Enfin, il faut aussi tenir compte des liens parfois étroits qui peuvent exister entre la démarche et d’autres changements en cours dans l’organisation. Les nombreux changements auxquels les organisations doivent faire face pour s’adapter aux conditions du marché peuvent entraîner des complications pour atteindre un degré de stabilité nécessaire aux démarches évaluatives et expérimentales (NIOSH, 2002). Deuxièmement, des problèmes liés au choix de la cible de l’interventionpeuvent aussi freiner la démarche. Selon Landsbergis et Vivona-Vaughan (1995), la limitation de l’intervention à un seul service est un obstacle au bon déroulement de la démarche. De même, une intervention qui se centre principalement sur la baisse de l’absentéime pourra laisser de côté d’autres problématiques significatives pour la santé psychique (Brun & al., 2007). Troisièmement, il existe d’autres obstacles qui vont nuire aux résultats de l’intervention. Ces obstacles sont liés à une charge de travail trop lourde des gestionnaires, aux difficultés d’intervention sur l’organisation du travail, au changement du pilote de projet, au manque d’habileté de certains gestionnaires, à l’opinion négative des salariés et des gestionnaires sur l’intervention, à la mise en place simultanée de plusieurs actions et au délai trop important d’implantation des interventions (Ibid.). Kompier & al. (2000) mettent l’accent sur le temps nécessaire à la mise en place des changements et des interventions. En revanche, d’autres conditions peuvent soutenir l’efficacité des interventions en matière de prévention de la santé psychique.