II-5.1.1. La field research : recherche de cohérence et adaptation au terrain

Notre démarche a reposé ainsi sur la field research laquelle consiste à « étudier les situations concrètes dans leur contexte réel » (Quivy & Van Campenhoudt, 1995, p. 238). Elle s’appuie sur la nécessaire cohérence de l’ensemble de la démarche de recherche et la complémentarité des méthodes. Elle met donc en œuvre des méthodes plurielles et combine le plus souvent l’observation participante, les entretiens semi-directifs et l’analyse secondaire (Ibid.). Il est important de considérer que le chercheur ne décide pas a priori des méthodes, qu’il n’établit pas au préalable de protocole définitif, mais que c’est au cours de la recherche qu’il décide de recourir à l’une ou l’autre de ces méthodes. Non linéaire, cette démarche relève d’un « pragmatisme méthodologique dont le pivot central est l’initiative du chercheur lui-même et le maître mot, la flexibilité ». Soulignons d’ailleurs, que le pragmatisme et la cohérence recherchés dans la démarche, et l’imagination que cela demande, ne signifie pas que la démarche de recherche n’est pas rigoureuse. « La véritable rigueur n’est pas synonyme de formalisme technique ». La rigueur porte sur « la cohérence de l’ensemble de la démarche de recherche et sur la manière dont elle réalise des exigences épistémologiques bien comprises » (p. 239).

Le scénario de la field research est non linéaire. Il ne respecte pas forcément l’enchaînement des étapes définies dans le cadre conventionnel de la recherche. Les hypothèses et la problématique peuvent évoluer au fil du travail sur le terrain. De ce fait, le travail empirique est régulièrement réorienté en fonction des approfondissements relatifs au cadre théorique. Quivy & Van Campenhoudt, (1995) écrivent qu’ « on se trouve ici face à un processus de dialogue et de va-et-vient permanents entre théorie et empirie mais aussi entre construction et intuition, qui sont davantage imbriquées » (p. 240). Néanmoins, le chercheur respecte les trois actes de la démarche scientifique (rupture, construction, constatation) (Bachelard, 1999), d’autant plus que le dispositif méthodologique repose sur la diversité et la flexibilité.

Notre field research avait donc pour but d’observer des processus d’intervention instaurés dans des terrains divers. Non linéaire, notre démarche évoluait progressivement, à partir de va-et-vient entre notre cadre théorique, nos hypothèses et le travail empirique. Les objectifs visés par l’intervention étaient définis et négociés avec les acteurs de l’organisation. Ces étapes de négociation nécessaires au processus d’intervention, constituaient parfois des contraintes fortes pour notre recherche. Nous nous appuyions sur différents cadres théoriques relatifs à l’émergence de la souffrance psychique au travail et à l’intervention en matière de prévention. Ces cadres ont permis au fur et à mesure de leur acquisition d’orienter progressivement la pratique de l’intervention. Et celle-ci, construite dans le travail empirique, est venue continuellement affiner nos hypothèses. Hypothèses théoriques et travail empirique ont évolué parallèlement tout au long de notre thèse.