II-5.2.4. La recherche par l’étude de cas

L’étude de cas est une méthode et elle a fait l’objet de multiples usages dans les sciences humaines et sociales. Elle consiste « à rapporter un événement à son contexte et à le considérer sous cet aspect pour voir comment il s’y manifeste et s’y développe » (Hamel, 1997, p. 10). Dans cette perspective, « il s’agit, par son moyen, de saisir comment un contexte donne acte à l’événement que l’on veut aborder » (Ibid.). Ainsi, le contexte dans lequel s’inscrit l’événement implique d’être questionné. Pour Leplat (2002), « un cas est un objet, un événement, une situation constituant une unité d’analyse » (p. 1). Celle-ci est découpée dans la réalité et prend forme dans un contexte particulier qui pèse sur elle. Pour lui, le cas a une épaisseur temporelle plus ou moins grande dans la mesure où il peut s’agir d’une situation considérée à un moment donné ou d’une situation dans son développement. Il écrit ainsi, qu’ « en devenant une histoire, le cas éclaire son développement, la genèse de sa production » (p. 2). L’étude de cas « vise à montrer comment se nouent les conditions de production du cas : c'est la caractérisation de cette articulation qui est le trait fondamental de l'étude de cas » (p. 3). Ces conditions rejoignent la question des liens qui s’établissent entre les séquences d’événements pour structurer le processus.

Les cas d’intervention ont été choisis selon l’importance donnée à l’étude du processus d’intervention auquel nous nous intéressons. Nous pouvons parler pour cela d’une technique d’« échantillonnage intentionnel » (Deslauriers, 1991). Il s’agit d’une technique d’échantillonnage non aléatoire effectuée pour satisfaire les objectifs d’une recherche. Cette démarche est qualifiée de choix raisonné dans la mesure où il s’agit de privilégier des cas typiques par rapport aux objectifs de la recherche (Mayer & Ouellet, 1991). L’objectif est de recueillir le maximum de données en choisissant des cas qui se différencient par rapport aux critères de sélection et peuvent ainsi représenter les divers aspects du problème étudié. Néanmoins, nous ne prétendons pas avoir atteint un niveau de saturation de l’échantillon dans la mesure où nous avons étudié sept cas d’intervention et principalement des collectivités.

La perspective diachronique et l’exigence de se référer au terrain constituent deux éléments qui définissent notre approche de recherche. Cette approche, qui s’est construite de manière à étudier un processus d’intervention, a également été déterminée par un cadre qui, dans le même temps, a permis et contraint sa réalisation. En effet, ce cadre a permis de disposer de terrains d’intervention qui ont alimenté notre réflexion. Et, ce cadre a fixé des règles propres aux interventions sur le terrain. Elles ont nécessairement pesé sur la réalisation de l’intervention et sur celle de la recherche, quitte parfois à « empêcher » celle de certains objectifs de l’activité de recherche. Ce cadre a été à la fois facilitateur et contraignant pour la recherche.

Plus précisément, notre thèse a supposé d’associer notre intention de recherche à la volonté de perfectionnement de VTE. Ces deux finalités ont nécessité de construire un travail ancré sur le terrain des organisations et élaboré progressivement au fur et à mesure des avancées des interventions. Notre recherche s’est réalisée à partir de l’étude de différents cas d’interventions en organisation. La demande de VTE étant de comprendre comment rendre un dispositif plus efficace dans la durée, nous devions nous engager sur les terrains dans lesquels ces dispositifs ont été instaurés afin de réaliser leur évaluation. Dans la mesure où nous intervenions sur d’autres problématiques, notamment autour de préoccupations d’interventions primaires, nous avons puisé dans ces cas d’intervention pour en extraire des questionnements relatifs à notre problématique de recherche. Autrement dit, de notre implication sur les terrains, nous en tirions une contrepartie à des fins de recherche. Mais la réalisation de notre recherche a connu diverses contraintes que nous proposons d’expliciter.