II-5.3. La définition d’un cadre de recherche

Notre thèse renvoie à un travail personnel mené sur plusieurs années. Elle a émergé par ailleurs dans un cadre professionnel. Au-delà des cas d’intervention, notre premier terrain de recherche était certainement celui de VTE. La convention CIFRE définissait le cadre de notre recherche. Nous souhaitions à l’origine mettre en relief l’interaction entre les processus individuels et organisationnels de la santé au travail. Si aujourd’hui, le lien nous paraît clair, il ne l’était pas au départ. Il a fallu du temps pour faire mûrir notre réflexion et il a fallu nous immerger dans l’action pour parvenir à faire émerger une piste de recherche. Et il a encore fallu du temps pour la stabiliser véritablement. L’une des particularités de notre recherche est que nous étions engagée dans le terrain et dans l’action avant de l’être dans la pensée. L’épreuve de l’écriture apparaît un exercice d’abstraction difficile. Réussir à faire coller sur le papier des expériences de processus d’intervention demande de prendre une hauteur de vue sur une action réalisée parfois il y a plusieurs mois ou plusieurs années. Ce qui, dans notre situation, peut constituer encore une difficulté supplémentaire, est que nous étions également salariée de VTE. En effet, la convention CIFRE implique une relation salariale entre le doctorant et l’employeur. Ce positionnement pluriel imposait souvent de gérer des contradictions qu’il était nécessaire de dépasser pour poursuivre notre objectif. Nous identifierons les conditions et contraintes à partir desquelles nous a avons pu observer et participer à des processus d’intervention. Ces contraintes émanaient à la fois de VTE et des terrains d’intervention. Ce qui pouvait nous paraître essentiel pour l’étude des processus d’intervention ne l’était pas toujours pour les organisations en attente d’une expertise ciblée sur un problème concret.

VTE, comme nous le disions, est notre premier terrain mais il ne s’agit pas pour nous d’un terrain d’intervention. Nous ne sommes pas liée à VTE par une demande d’intervention pour résoudre un problème spécifique. Nous sommes salariée et doctorante et réalisons une recherche qui a pour seconde finalité de faire réfléchir et progresser une pratique d’intervention. La pluralité de notre posture constitue la singularité de cette recherche. Nous étions simultanément interpellée dans l’action et dans la réflexion. Ces allers-retours participaient à un exercice mental et psychique qui se retrouvait tout à fait dans l’objet de notre thèse. Observer et analyser un processus d’intervention nécessitaient des va-et-vient incessants entre le cadre théorique, les hypothèses et le terrain. Ce double mouvement dans la relation entre l’action, et la réflexion et entre la recherche et l’action, décrit fidèlement le contexte dans lequel s’est fondue notre thèse. Il impose d’expliciter ce que cela implique sur un plan méthodologique et épistémologique. Ainsi, dans notre thèse, se sont supperposées une recherche foncdamentale liée à l’étude du processus d’intervention, et une recherche appliquée liée à l’étude de l’efficacité des dispositifs. Nous avons tenté de répondre à ce second objectif et, en contre-partie, VTE mettait à notre disposition des terrains pour participer à des processus d’intervention et qui, par conséquent, nous permettaient de répondre à notre premier objectif.