II-5.3.1.1. Des finalités doubles

Ce cadre a donc été négocié de manière à satisfaire deux principales finalités : celle de rendre accessible au doctorant des terrains pour observer des processus d’intervention ; et celle de répondre à une problématique liée à la pratique d’intervention de VTE, en particulier sur l’efficacité des dispositifs. En effet, les acteurs en question percevaient une difficulté à faire vivre durablement les dispositifs instaurés dans les organisations. Ce problème nous conduisait à investir la méthodologie de l’évaluation de dispositifs, et notamment l’évaluation de leur efficacité. Plus tard, nous comprenions l’importance du concept de non-recours aux dispositifs comme l’une des clefs pour évaluer cette efficacité. Plus tard encore, nous concevions comment l’intervention dans un processus d’évaluation pouvait conduire à des effets indirects notamment sur la coopération des acteurs. Nous pouvions envisager de questionner l’utilité d’un processus d’évaluation. Ainsi, l’analyse du problème apporté par VTE nous a amenée progressivement à élargir ce questionnement à une problématique relative à l’intervention, à son processus et à ses effets indirects. La rencontre entre une situation de recherche et une volonté d’améliorer la pratique de l’intervention avait donc bien démarrée. Par conséquent, la recherche que nous exposons a deux finalités, de recherche et d’action : celle de l’analyse des processus d’intervention et de la compréhension des facteurs psychosociaux de recours à des dispositifs organisationnels, et donc de l’enrichissement des connaissances sur la problématique générale de la prévention de la santé psychique au travail ; et celle de l’amélioration des dispositifs organisationnels que nous nous sommes proposée d’évaluer au sein de différentes organisations. Cette seconde finalité induit la transformation à la fois de l’objet mais également du rapport que les acteurs organisationnels entretiennent à cet objet, soit le dispositif et la pratique de l’intervention de manière générale.

Pour cela, notre recherche s’est réalisée à partir de l’étude de différents cas d’intervention en organisation. Celle-ci s’est fondée sur la démarche définie par la field research. Cette approche particulière nous a demandé de construire une démarche méthodologique cohérente centrée sur l’analyse de processus d’intervention visant le changement de l’organisation et l’amélioration de dispositifs organisationnels. Il nous a également fallu tenir compte des contraintes propres aux terrains et à VTE. Les supports instrumentaux nécessaires à la poursuite d’intervention et d’évaluation ont continuellement fait l’objet de négociation au cours de l’intervention et ne pouvaient, par souci de souplesse, se définir au préalable. Notre méthodologie a consisté à intervenir sur des terrains et a, par conséquent, mêlé l’observation participante, la passation d’entretiens semi-directifs et de questionnaires, et l’étude de documents. Enfin, différents acteurs ont été impliqués dans la recherche.