II-5.3.1.3. Définition de la relation du chercheur à l’entreprise

La participation a été notre principe méthodologique directeur. La relation entre le chercheur et les acteurs de VTE s’est inscrite dans un processus de développement réciproque. Ce processus de développement impliquait de connaître l’action quotidienne de la pratique pour ensuite la modifier à partir des conclusions de la recherche. La connaissance de l’action a fourni la matière pour que se développe la recherche. Celle-ci s’est élaborée progressivement et à partir de la formulation globale du problème. C’est seulement ensuite que nous nous sommes entendus avec VTE pour définir et y intégrer une problématique plus spécifique à nos intérêts de recherche : l’étude du processus d’intervention. Nous avons donc pris le temps de nous imprégner des connaissances qu’ont les acteurs de la pratique d’intervention afin de structurer et diriger notre recherche. Ainsi, cette collaboration a permis l’émergence de questionnements féconds pour l’analyse d’un processus et l’enrichissement de la pratique. Cet échange d’intérêt est progressivement devenu un apprentissage mutuel. Par conséquent, notre implication dans l’action était totale. En cela, nous n’étions pas le chercheur extérieur qui devait répondre à une commande mais devions nous impliquer dans l’action au-delà des interventions réalisées dans les organisations. Le lien entre le doctorant et les acteurs de VTE était établi en dehors de l’activité d’intervention. Nous participions aux réunions internes afin de réfléchir aux diverses interventions qui concernaient l’ensemble de l’équipe, aux modalités des pratiques et de la posture d’intervention en prévention des risques psychosociaux. Ainsi, notre recherche était régulièrement enrichie par les échanges inter-professionnels qui se tenaient dans ces espaces de collaboration. Au fur et à mesure de l’avancée de notre recherche, nous avons tenu un rôle clef dans la détermination et la poursuite de projet en ingénierie. Nous supervisions la réalisation des interventions de niveau primaire ainsi que les évaluations de dispositifs. Enfin, nous pouvions être amenée à nous déplacer pour rencontrer des acteurs institutionnels afin d’élaborer ensemble un projet d’intervention qui réponde au problème qui traversait alors l’organisation. Nous étions à la fois dans l’activité de conception et de réalisation de projets d’intervention, de conseil aux acteurs institutionnels et d’échanges autour des interventions et des pratiques.

La poursuite de ce double objectif, celui de l’enrichissement des connaissances scientifiques et le développement d’une pratique d’intervention, impliquait un investissement et un effort des acteurs disposant de la pratique, et du doctorant afin que se soutiennent durablement la recherche et l’action. VTE a ainsi mis à notre disposition des terrains que nous pouvions investiguer en vue d’observer des processus d’intervention. En contrepartie, nous devions à la fois y participer en tant que professionnelle intervenante et faire évoluer la pratique à partir de l’analyse de ces interventions. Notre recherche a donc reposé sur un travail conjoint entre chercheur et praticiens. Ces derniers ont été impliqués dans l’analyse du problème lié à l’efficacité des dispositifs. De plus, nous allions valider nos interrogations et réflexions de recherche auprès de ces acteurs en vue d’obtenir des retours constructifs qui puissent alimenter notre recherche. Ces échanges ont fortement enrichi nos questionnements. A côté de ces finalités clairement identifiées, d’autres attentes, parfois implicites, s’exprimaient et des contraintes relatives aux terrains d’intervention et de recherche pouvaient imposer de renégocier les objectifs visés par la recherche.