III-9.2.3. Définition des préconisations

III-9.2.3.1. La structuration du plan d’action

Trois séances de travail ont été organisées dans la logique de notre démarche méthodologique que nous avons présentée précédemment. La première séance a été consacrée à l’identification de « zones de difficultés » puis à la réalisation de regroupements. Au fur et à mesure de la réflexion, le groupe est parvenu à construire puis à hiérarchiser six catégories de problématiques : le projet d’entreprise, l’organisation et le management, la communication pragmatique, le dialogue social, la reconnaissance, et le relationnel. Il s’agit d’une liste significative. Les préconisations devaient donc s’orienter vers l’identification des conditions qui pouvaient améliorer ces différents aspects liés au travail. Ces éléments allaient faciliter le travail d’élaboration de préconisations prévu pour la séance suivante.

Mais entre cette première séance et la seconde, durant le mois d’août, nous apprenions qu’un des salariés avait tenté de se suicider. En effet, alors que nous préparions notre prochaine séance de travail, nous avons reçu un courriel de la part des deux représentants syndicaux du groupe de travail qui nous demandait de modifier les objectifs de cette séance. Voici son contenu : « Lors de la prochaine réunion du groupe de travail qui se tient jeudi 11, pouvons-nous mettre à l'ordre du jour un échange sur le fait qu'un salarié de (l’établissement culturel) a fait une tentative de suicide en août. Merci ». Ce courriel étant diffusé en même temps à VTE mais également aux autres participants, ces derniers ont joint leurs commentaires : « Je pense aussi que c’est un sujet essentiel et surtout prioritaire/urgent car il est à la base de la constitution de ce groupe de travail ». Nous confirmions aux participants que nous étions d’accord pour ce changement et que nous nous engagions auprès d’eux à parvenir à mettre du sens sur cet acte.

Ainsi, la seconde séance a débuté par l’évocation de l’événement qui semblait marquer encore les esprits. Nous avons donc pris un temps significatif pour échanger autour de cet événement qui continuait de « travailler » le collectif. Des participants soulignaient qu’il n’était plus possible de continuer ainsi, que la direction devait prendre conscience de la gravité de la situation. D’autres soulignaient qu’il fallait être prudent sur l’interprétation de l’origine professionnelle de ce passage à l’acte. Le surgissement d’un tel événement peut placer le collectif, qui est alors en situation d’élaboration d’un mode de prévention, dans une attitude de résignation, ressentant l’inutilité de sa mobilisation, ou dans une posture inverse, stimulée, incitée à aller plus vite dans la construction de l’action. Seulement après cet échange, nous avons déroulé les objectifs de notre séance. Celle-ci avait pour but de permettre l’élaboration de préconisations en lien avec les six catégories. Dans un premier temps, nous avons constitué deux sous-groupes. Chacun des deux groupes, avec l’aide d’un intervenant de VTE, a essayé de déterminer différentes préconisations. Dans un deuxième temps, chacun des deux groupes a présenté l’ensemble de son travail et de ses idées, puis, à partir d’une réflexion collective, nous avons procédé à d’autres regroupements, afin de relier les préconisations entre elles. Enfin, le groupe a pu collectivement discuter chaque préconisation.

Nous avons consacré notre dernière séance à affiner le plan d’action et à déterminer les modalités de sa présentation au comité de pilotage prévu en octobre. Lors de cette séance, le groupe de travail a pris tout d’abord connaissance du diaporama présentant le plan d’action et notamment ses objectifs, la méthodologie qui avait permis son élaboration ainsi que les préconisations retenues lors de la deuxième séance. Ensuite, chacune des préconisations a fait l’objet d’une discussion collective. Les participants avaient bien conscience du temps qui allait manquer pour affiner ce plan d’action. Le débat a donc été très animé et productif. Il a permis de critiquer chacune des préconisations et de réduire au maximum le plan d’action en fonction de chacun des thèmes. Il s’est efforcé de tendre vers des propositions d’actions concrètes. Mais la séance a été assez agitée, compte tenu des désaccords sur ce qui était pertinent, prioritaire d’inscrire et ce qui paraissait au contraire complètement décalé et saugrenu. Nous n’avions pas le temps de réellement débattre des préconisations. Et il fallait avancer. Il a donc été décidé, qu’en cas de désaccord, le vote allait permettre de trancher. Ainsi, le sens de la validation n’était pas respecté. Nous ne pouvions disposer du temps nécessaire pour produire un plan d’action partagé, solide et crédible. Certains manifestaient leur perplexité à l’égard de préconisations insensées et irréalisables. Mais le vote avait parlé. En fin de séance, nous avions encouragé le groupe à désigner un représentant pour présenter, avec l’appui de VTE, le plan d’action lors de la restitution globale au comité de pilotage. Nous avions convenu que nous apporterions les modifications nécessaires au diaporama que nous transmettrions ensuite à l’ensemble des participants.

Nous avons également rencontré, préalablement à la présentation, le représentant du groupe afin d’organiser la présentation officielle. Il était inquiet de devoir présenter un plan d’action qu’il n’approuvait pas dans sa totalité.