III-9.3.1. Définition de l’intervention : objectifs et conditions

III-9.3.1.1. La situation problème et la demande d’intervention

Cette étude a été menée entre les mois de mars et juillet 2009. Les premières discussions avec les acteurs de la direction, médecin du travail et secrétaire du CHSCT avaient débuté bien avant. Selon ces acteurs, la structure connaissait une crise qui nécessitait une intervention spécifique. La demande et la description du contexte restaient néanmoins très vagues, la direction régionale tenant pour responsable de la situation les problèmes individuels et les difficultés liées à l’adaptation des personnes aux changements. Les acteurs évoquaient, qu’à l’image des évolutions qui traversaient le secteur professionnel, le journal connaissait d'importantes transformations depuis quelques années. L'entreprise avait vu ainsi son organisation se modifier considérablement, dans le cadre du regroupement de certaines compétences. Si l'entité concernée par l’étude avait été maintenue, son organisation avait été transformée en profondeur. Le changement concernant l'impression du quotidien, qui relevait désormais d’une autre entité proche, illustrait cette évolution, s'accompagnait pour certains d'un sentiment de perte d'autonomie. D'autres évolutions emblématiques concernaient l'entreprise, comme le changement d'actionnaires, qui avait conduit le journal à dépendre désormais d'un grand groupe bancaire. Ce rattachement à une entité financière ne laissait pas les professionnels indifférents. Depuis quelque temps, des craintes se faisaient jour sur les difficultés vécues par certains salariés. Le CHSCT s'était inquiété de difficultés nouvelles et de « tensions » assez vives exprimées. Le médecin du travail rencontrait également des personnes en souffrance. Enfin, sans qu'il ne semblait y avoir encore d'événement très déterminant, selon la direction, qui pouvait évoquer un état de crise dans l’organisation, ce nouveau climat préoccupait les acteurs institutionnels.

VTE a été sollicitée pour faire une proposition d'intervention adaptée à la situation. C'est ainsi que deux rencontres ont été organisées. Une première durant le mois de novembre 2008 en présence de la direction. Une seconde au mois de janvier 2009 en présence de la direction, du secrétaire du CHSCT et du médecin du travail. Lors de la première réunion, la direction souhaitait que la proposition d’intervention soit axée uniquement sur des modalités de formation des managers et de soutien psychologique pour quelques personnes. Après échange avec le médecin et le secrétaire du CHSCT, ces derniers considérant que ces modalités ne correspondaient pas à la réalité des problèmes rencontrés par le personnel, se sont affirmés pour réclamer la réalisation d’un diagnostic sur les situations de souffrance au travail vécues par les salariés. Nous avons donc rédigé une proposition de diagnostic partagé, permettant à terme de déterminer un plan d'action. Cette proposition a été acceptée. Nous pouvions débuter la construction de l’intervention.