III-10.1.1. Définition du contexte

En 1999, cette caisse d’allocations familiales (CAF) avait rencontré des problèmes qualifiés de « harcèlement sexuel ». Cette situation, qui avait généré des clivages importants au sein de l’organisation, avait amené les acteurs institutionnels à mettre en place en 2000 un dispositif de « prévention contre le harcèlement moral et sexuel ». Pour autant, ce protocole, qui n’avait par ailleurs pas été accompagné par VTE, n’avait finalement pas permis un traitement préventif des situations et le climat social continuait d’être pesant. Ainsi, en 2004, la structure avait sollicité VTE afin de mettre en place une « formation/action » auprès d’un ensemble de 45 salariés. Cette démarche avait permis de travailler sur les représentations des acteurs, de proposer des définitions et de construire une compréhension des contextes de violences internes. Cette première intervention, que nous n’avions pas personnellement menée, s’est déroulée durant le quatrième trimestre 2004. Au-delà de cette action, la direction s’était engagée à actualiser le dispositif en lui permettant de jouer un « rôle préventif actif, d’être connu et compris par l’ensemble des acteurs de l’organisation, de faciliter l’accompagnement des personnes en souffrance et de favoriser le traitement des situations »100. Une convention d’intervention avait été établie pour cela. Elle portait sur l’assistance technique d’actualisation du dispositif de prévention des violences internes. Il s’agissait donc de déterminer avec un groupe d’acteurs le nouveau protocole d’intervention et de soutien auprès des agents qui se sentaient victimes de violences au travail. Une présentation avait été réalisée en CHSCT au terme de l’intervention.

Par la suite, et après validation du dispositif par le CHSCT, complété d’une « charte de la dignité au travail », VTE avait proposé l’implication d’un intervenant externe permettant de compléter le dispositif. Celui-ci avait pour rôle de participer au second niveau du dispositif dans l’analyse des situations et les propositions de solutions. Dans ce cadre, une réunion trimestrielle était prévue. Le dispositif avait finalement été mis en place en décembre 2005. A partir de là, les acteurs devaient assurer son suivi. Celui-ci mettait en évidence que très peu d’agents avaient sollicité le dispositif, et seulement au premier niveau, bien que les acteurs reconnaissaient que le dispositif avait permis de « dédramatiser » la situation et que, depuis, la politique de la direction avait instauré « un climat plus sain ». Malgré l’organisation de ces temps de travail et la collaboration avec VTE autour de la redéfinition du dispositif, celui-ci se heurtait régulièrement à des difficultés apparemment insolubles, notamment au niveau du traitement.

En décembre 2006, VTE contactait la direction dans le but de lui faire part de l’intérêt de procéder à l’évaluation du dispositif de prévention et proposait pour cela de se réunir au début de l’année 2007. Ce temps de réunion pouvait permettre de réfléchir sur le cahier des charges de cette phase d’évaluation. Elle contactait également la direction, dans le même temps, pour lui faire part de quelques observations concernant un événement qui était survenu dans la structure et qui pouvait conduire à de graves conséquences. Cet événement concernait le décès d’un collaborateur. VTE encourageait la direction à provoquer un échange collectif avec le service concerné par la démarche de la compagne de ce collaborateur décédé. Elle était venue, au sein de l’entreprise, porter des accusations vers certaines personnes du service, apportant avec elle des photographies de leurs enfants. L’équipe de travail s’en était trouvée profondément déstabilisée. La direction, quant à elle, craignait d’évoquer avec les agents cette situation, voulant éviter « de mettre de l’huile sur le feu ».

Une réunion a donc eu lieu en janvier 2007 entre la direction et VTE, à laquelle nous participions. Cette réunion a permis aux acteurs d’exprimer quelques observations concernant le fonctionnement du dispositif et de définir leurs attentes vis-à-vis du projet d’intervention.

Notes
100.

Il s’agit d’une note reprise dans la première convention d’intervention.