III-10.1.2. L’examen des obstacles à la mise en place de l’intervention

Alors que rien n’avait encore été lancé, vers la fin du mois de mars 2007, nous rencontrions de nouveau le directeur de la structure et la directrice des ressources humaines afin de rediscuter du projet d’intervention et nous rencontrions également par la suite les écoutants afin de réaliser le bilan d’activité. En avril, nous transmettions une proposition méthodologique et financière. Puis, en mai, nous organisions une nouvelle rencontre avec les acteurs dans le but d’examiner les difficultés et obstacles à la réalisation de l’évaluation du dispositif. Par ailleurs, nous rappelons que la nécessité de cette intervention en vue du repositionnement du dispositif avait été confirmée depuis le mois de janvier. Différentes réunions et actions avaient permis de définir les principales raisons invoquées pour expliquer le faible fonctionnement du dispositif et nous retenions surtout celle de la peur des représailles en cas de sortie de l’anonymat, celle de l’impossibilité pour les écoutants d’apporter la confidentialité, donc la sécurité du cadre de l’entretien, mais également le contexte particulièrement chargé de la fin de l’année 2006 avec le passage à l’acte dramatique d’un agent et la mise en accusation des collègues de son service par sa compagne.

A l’occasion de cette réunion, la direction a fait part des raisons qui l’ont amenée à ne pas donner, à ce stade, une suite favorable au travail d’évaluation que nous avions déjà engagé. Ainsi, elle faisait état de son inquiétude face au signalement de deux situations préoccupantes qui restaient en suspens depuis le mois de janvier, du fait du refus des agents qu’il en soit référé au second niveau. Il s’interrogeait sur sa marge d’action et sur la manière de mettre en œuvre des dispositions qui permettent d’éviter l’aggravation des situations. La question a donc été posée de travailler la capacité du dispositif à traiter l’urgence de certaines situations. Il craignait par ailleurs que la démarche d’évaluation convenue préalablement ne soit de nature à raviver certaines tensions internes, se serait-ce que parce que l’organisation s’avérait dans ces deux cas impuissante à garantir la sécurité et la santé de ces agents.

De notre côté, conscients de la délicatesse de la situation, nous avons confirmé néanmoins que s’il y avait consensus sur la nécessité de revoir le fonctionnement du dispositif pour en développer l’efficacité, la définition des modalités et moyens correctifs les mieux adaptés ne pouvait que provenir d’une démarche collective d’évaluation et nous ne sentions pas l’organisation prête à franchir ce pas. La peur des représailles ne peut être atténuée qu’en mettant de la parole autour de ce dispositif et par la sortie du silence. Nous donnions encore quelques pistes pour permettre le « déblocage » de ces deux situations, nous soulignions l’effort que devait faire l’organisation en créant une occasion pour impliquer l’encadrement dans cette démarche et en permettant la sortie du silence sur de telles problématiques. D’autres perspectives ont été tracées à l’issue de la réunion mais celle-ci a marqué la fin de notre collaboration concernant le projet d’évaluation du dispositif.