III-10.1.3.2. Des premières pistes de réflexion pour le recours aux dispositifs et leur efficacité

Cette expérience écourtée d’intervention nous a cependant permis d’élaborer des pistes de réflexion sur l’efficacité des dispositifs et sur le recours et le non-recours. Le recours à un dispositif est nécessairement impliquant pour les individus. Ils évaluent les risques que constitue une telle sollicitation. De plus, lorsqu’ils perçoivent, dans l’organisation, des failles dans les liens de confiance, cela peut les en dissuader définitivement. Il était bien naturel qu’ils aient des craintes quant aux conséquences de ce recours. Les garanties introduites dans les procédures, notamment celles de la confidentialité et de l’anonymat, ne sont pas valables pour traiter des situations de violences internes. Si cela est possible, c’est alors que l’organisation ne traite pas des dysfonctionnements relationnels ou organisationnels mais bien des problèmes individuels. Sans le percevoir, VTE, en introduisant la règle de la confidentialité dans le traitement des violences dans le collectif de travail, alimentait sans doute les processus d’individualisation des difficultés vécues au travail. Lorsque les acteurs se donnaient pour règle d’éthique d’agir en respectant cette procédure, ils éprouvaient leur incapacité à résoudre les problèmes. Le risque étant de développer un sentiment d’incompétence chez les acteurs en charge de la prévention et du traitement des violences internes. Et, plus largement, le désinvestissement du dispositif par les acteurs. Le prescrit du dispositif n’était pas compatible avec le réel du traitement. D’une certaine manière, on peut imaginer que ce qui avait été conçu comme une ressource pour prévenir les violences internes était en fait perçu comme un dispositif qui allait stigmatiser davantage les difficultés vécues par les agents. Ce risque de stigmatisation freinait l’adhésion au dispositif et nourrissait la peur.

Enfin, concernant ces pistes de réflexion sur l’efficacité des dispositifs, nous commencions à considérer que le recours au dispositif pouvait être favorisé par l’adhésion des agents et par le sentiment de sécurité. Ce sentiment de sécurité, au-delà du formalisme des procédures parfois inapplicables, était possible en donnant une place d’acteur à l’agent dans le traitement. Par ailleurs, l’efficacité pouvait résulter de différentes conditions que devaient assurer les acteurs en charge de l’élaboration et du suivi du dispositif. Il fallait veiller à ce que le dispositif soit pertinent, exhaustif et efficace dans le traitement. L’évaluation est un moyen de mesurer ces conditions pour les stabilisées durablement dans un processus évolutif.