III-10.2.4.2. La décision de changement

Suite à l’intervention, différentes décisions ont été prises et la première fut certainement celle de recruter un psychologue du travail, malgré le souhait qui avait été exprimé d’attendre de réunir les conditions du collectif. Il nous a été indiqué par la suite que le choix du recrutement ainsi que la définition de la fiche de poste de ce professionnel avaient été en partie orientées par nos préconisations. Ce professionnel avait entre autre pour rôle de reprendre les conclusions de l’étude et de réfléchir à des changements opportuns pour la démarche. Nous l’avons ensuite rencontré dans le cadre d’un entretien un an et demi après la fin de notre intervention, afin qu’il nous fasse part des changements entrepris en particulier en ce qui concernait le dispositif de prévention des violences internes. Il nous apprenait, par conséquent, que le troisième niveau du dispositif avait été supprimé dans la mesure où les acteurs considéraient toujours que son action était liée à la DRH et qu’il s’apparentait en réalité au second niveau. D’après lui, la DRH devait continuer d’être l’acteur unique de la mise en œuvre de l’action. Concernant le premier niveau, que les acteurs désireraient voir modifié, il avait été décidé que les fondements restent les mêmes mais que les professionnels médico-sociaux en soit extraits pour éviter un souci de confusion. Néanmoins, et paradoxalement, les représentants du personnel, les professionnels identifiés médico-sociaux et les services RH faisaient désormais partie de ce premier niveau mais non en tant que membres du groupe de confiance. Ce professionnel considérait qu’il n’était pas souhaitable de travailler sans les représentants du personnel mais qu’il fallait en revanche éviter de les associer au traitement de la situation de l’agent, les logiques étant différentes, la ressource syndicale étant plus fortement dans une logique de « défense » de l’agent alors que la DRH agirait selon une logique de « l’accompagnement ». Le groupe de confiance a ainsi été réduit. Une réunion a permis de les réunir. Le professionnel nouvellement recruté leur avait indiqué qu’il souhaitait à l’avenir pouvoir échanger avec eux dans le cas où ils étaient amenés à écouter un agent. De plus, des indicateurs avaient été mis en place pour partager des informations et soutenir une vigilance111. Notre interlocuteur commentera d’ailleurs : « Aujourd’hui ça se fait dans le collectif ». Enfin, nous avons pu savoir que la direction avait souhaité élargir la démarche « santé au travail », dont les violences internes est un des objets. Ainsi, à partir de cet échange, nous avons pu considérer que la direction avait pris des décisions de changement (ces changements ne remettaient pas en question l’organisation du travail, d’où une plus grande facilité dans la prise de décision) et l’organisation avait probablement progressé vers une meilleure coopération. Nous pensions que l’intervention y avait contribué.

Notes
111.

Il s’agissait notamment du nombre d’entretiens réalisés, le nombre de visite chez le médecin du travail faite à la demande de l’agent, les indicateurs de stress (remplis par le médecin du travail) etc.