III-10.3.1.3. L’implantation de la démarche

Dans un premier temps, l’implantation de la démarche s’est faite en direction des membres du dispositif et des organisations syndicales que nous souhaitions impliquer dans le processus. Une information leur donc a été transmise qui mentionnait les objectifs de ce projet d’évaluation et soulignait la volonté de la DRH d’y voir participer les organisations syndicales. Seule leur contribution pouvait permettre d’engager une démarche collective. Cette information indiquait qu’elles étaient donc invitées à participer à la première séance du groupe de travail qui devait se tenir en décembre 2008 et par la suite, aux autres temps de travail. Une autre information a été diffusée aux différents membres du dispositif afin qu’ils connaissent la nature de l’évaluation à venir et la manière dont ils pouvaient y contribuer. Néanmoins, la DRH n’a pas diffusé une information à l’ensemble du personnel ni aux encadrants qui pouvaient être amenés à participer à l’évaluation.

Dans un deuxième temps, nous avons réuni le groupe de travail afin de présenter le contexte de la démarche d’évaluation du dispositif ainsi que les objectifs et la méthodologie que nous envisagions. Nous pensions qu’il était risqué mais utile que la DRH présente ce contexte, en lien avec l’intervenant. La qualité des relations entre la DRH et les syndicats était assez dégradée. D’ailleurs, dès l’origine du dispositif, les syndicats avaient été fortement critiques et n’avaient pas voulu par la suite y participer. A notre surprise, et malgré le fait que nous avions indiqué dans l’information transmise aux organisations syndicales, que chacune d’entre elles devait choisir une personne pour la représenter, nous étions face à un groupe très dense. Certaines fédérations avaient envoyé trois représentants. Ce surinvestissement ne marquait pas leur volonté de s’engager mais bien leur opposition. Malgré tout, le contexte a été présenté et les participants ont pu entendre les raisons pour lesquelles l’organisation souhaitait que VTE évalue le dispositif trois ans après sa mise en place. Nous avons ensuite renseigné les participants sur l’intérêt de constituer un groupe de travail diversifié et paritaire. Un temps avait été laissé aux participants pour s’exprimer sur ce contexte. A partir de là, il a été très difficile pour nous de maintenir le cadre de cette réunion. Les représentants syndicaux ont pris la parole, les uns après les autres, pour exprimer leurs critiques à l’égard de la posture de la DRH et de leur exclusion du dispositif, qu’eux-mêmes n’avaient pas souhaité investir, et de la démarche à venir. Ce temps d’échanges a permis de révéler les tensions qui existaient entre ces acteurs institutionnels, de comprendre qu’il n’allait pas être simple de réunir les conditions de l’implication du collectif. Mais ce temps a également permis de commenter les attitudes des uns et des autres, d’exprimer des reproches et des soupçons. En dépit de ce déchaînement, nous avons poursuivi nos objectifs visés pour cette séance. Nous avons présenté les différents bilans réalisés annuellement sur l’activité du dispositif puis les objectifs et modalités de la démarche. Parfois, nous étions interrompue. Les acteurs syndicaux faisaient part de leur étonnement vis-à-vis des résultats de ces bilans et l’expliquaient par l’écart entre le nombre de situations rencontrées par le dispositif et le nombre de situations qu’ils rencontraient eux dans leurs bureaux. Selon eux, pour saisir l’étendue et la gravité des situations de souffrance au travail dans la collectivité, il ne fallait pas se fier à ces bilans. D’une certaine manière, ils exprimaient qu’ils travaillaient davantage que la DRH à aider les agents et que ces derniers leur portaient une plus grande confiance qu’à l’instance la plus légitime pour cela. Mais finalement, chacun a pris note sur son calepin, d’un air perplexe, de la date de la prochaine séance de travail. A ce moment-là, les acteurs syndicaux ne se situaient pas dans un rôle de membre du groupe de travail mais bien dans le rôle institutionnel qu’ils devaient porter, et contre la direction, ou seuls avec les agents.

Afin d’implanter notre démarche auprès du collectif avec lequel nous devions coopérer tout au long de l’intervention, nous avons précisé les objectifs des différentes séances de travail à venir afin de les inscrire dans une logique progressive. La première séance avait été dédiée à la présentation de la démarche et du contexte ; la seconde aurait pour objectif de discuter de la méthodologie d’évaluation, des outils retenus et des modalités de réalisation de l’évaluation ; la troisième séance serait organisée autour de la présentation des premiers résultats de l’évaluation qui seraient mis en débat au sein du groupe ; et enfin, nous consacrerions les deux dernières séances à la détermination de préconisations en vue de constituer un plan d’action. Entre chacune des réunions, les participants seraient destinataires d’un compte-rendu de la séance réalisée précédemment, lequel pouvait donner lieu ensuite à des discussions. A partir de ce moment, nous pouvions entrer dans le temps de l’évaluation.