III-10.3.2.2. La restitution

La restitution s’est, dans un premier temps, effectuée auprès des membres du groupe de travail, durant le mois de mars. Le matériau que nous avions recueilli était très riche et très dense. Nous avions dû, au préalable, prendre une décision quant aux modalités de restitution des entretiens collectifs réalisés auprès des organisations syndicales. Cette décision n’était pas sans risque dans la mesure où nous préférions restituer les résultats pour chacune des organisations et non de manière globale. Nous avons fait ce choix car nous nous trouvions face à une forte disparité dans les perceptions et les degrés d’adhésion au dispositif. Plus précisément, une des organisations avaient été plus que critiques envers le dispositif et la DRH dans son ensemble. Bien sûr, notre restitution devait uniquement se centrer sur le sujet relatif au dispositif. Nous pensions également que dans le cadre d’un groupe de travail, dans lequel les acteurs sont censés faire avancer la question, il était important de mettre à plat les positions de chacun. Restait ensuite aux acteurs de les assumer.

Les résultats que nous avons restitués faisaient référence à l’utilité et l’efficacité perçues du dispositif, aux limites de son action, et à divers problèmes soulevés par les acteurs interrogés. Les résultats ont montré que le dispositif n’était pas suffisamment en capacité de traiter avec efficacité les situations ; qu’il restait pertinent par rapport aux situations qui étaient vécues par les agents bien que les problématiques semblaient plus larges et s’étendaient à celle de la souffrance au travail ; il semblait également ne pas être véritablement exhaustif dans la mesure où l’ensemble des acteurs déclarait qu’il ne parvenait pas à traiter avec équité les situations de conflit qui concernaient des agents de catégories différentes et qu’il ne savait pas intervenir sur les situations collectives, qu’il n’était par ailleurs pas censé traiter dans le cadre du dispositif puisque les procédures n’avaient pas été définies pour cela ; enfin, l’adhésion des acteurs était mitigée et les agents interrogés étaient dubitatifs dans la mesure où ils percevaient l’inéquité du traitement si la situation concernait un agent et un encadrant. Ils expliquaient également que le recours au dispositif pouvait constituer une prise de risque pour les agents non titulaires qui ne pouvaient pas véritablement se permettre de se plaindre et « d’accuser » un de leur collègue d’être violent avec eux.

Finalement, la restitution s’est réalisée dans de bonnes conditions et a été suivie de débats sur les questions de fond et chacun des acteurs pouvait progressivement parvenir à envisager la réalité du positionnement de l’autre. Et cela a été possible dans la mesure où ils étaient réunis pour discuter d’un objet qui n’était pas leur relation ou leur conflit. Puis, à la fin de la séance, nous avons invité les personnes à prendre date de la prochaine séance de travail qui devait porter sur la constitution du plan d’action. Une autre étape s’ouvrait. Les représentants des organisations syndicales devaient se prononcer pour poursuivre leur contribution ou l’interrompre. Sur les quatre organisations, trois ont indiqué qu’elles envisageaient de poursuivre, sous réserve d’une mise en débat avec leurs collègues. Quant à la dernière, celle qui nous apparaissait, par ailleurs, la plus critique à l’égard du dispositif, et de la DRH particulièrement, elle émettait beaucoup de doute quant à la poursuite. Des échanges avaient eu lieu dernièrement entre les représentants de cette organisation sur l’attitude de la DRH encore trop éloignée de la réalité des situations vécues par les agents. Ces échanges remettaient donc en cause leur désir de se maintenir acteur dans le groupe de travail. Ce syndicat ne parvenait pas à se positionner pour le moment. Nous avons donc précisé aux différents représentants syndicaux que leur contribution était essentielle et qu’elle était une forme de réponse constructive pour faire évoluer plus collectivement ces problématiques. Nous les interpellions en tant que membres d’un groupe de travail volontaires pour réfléchir à des pistes d’amélioration, ce qui par ailleurs ne les engageait pas au-delà. De plus, lors de la première étape de l’évaluation, ils avaient manifestement formulé de nombreuses remarques et critiques qu’il fallait à présent investir dans une dynamique d’action. Encore une fois, les différentes personnes ont pris note de la date de la prochaine séance de travail. Nous verrions si toutes allaient être présentes.

Puis, les résultats ont été présentés aux membres du comité de pilotage en avril 2009. Ces derniers reconnaissaient la qualité du travail du groupe, l’exhaustivité de l’évaluation et les points pertinents qu’elle soulevait. Enfin, ils avaient formulé quelques suggestions que nous avons ensuite transmises aux membres du groupe de travail afin de les discuter dans l’étape que nous allions à présent entreprendre, celle de la détermination de préconisations.