III-10.3.5. Analyse du cas

III-10.3.5.1. Retour sur la grille d’analyse

Ce dernier cas d’intervention centrée sur l’évaluation d’un dispositif met en relief un processus progressif dans lequel, nous le pensons, le dispositif et l’organisation trouveront une évolution positive. Ce processus d’intervention a respecté les différents temps proposés par le modèle et exposés dans la grille d’analyse. Reste à l’organisation de procéder au changement et à VTE de poursuivre sa collaboration dans la mise en œuvre du changement et à assurer une veille auprès des acteurs institutionnels dans le suivi.

Tout d’abord, nous pouvons dire que le temps de la définition de l’intervention a été favorable à la construction d’une démarche respectant les conditions d’une approche collective et participative. Nous avons pu nous appuyer sur le collectif pour élaborer des objectifs partagés. Ensuite, nous avons pu compter sur le soutien de la direction et l’adhésion relative des acteurs. Nous précisons « relative » car l’adhésion des organisations syndicales s’est construite progressivement au cours de l’intervention, en les associant fortement au processus. Toutefois, cette adhésion n’a pas été totale puisqu’une l’une d’elles ne s’y est pas engagée dans son intégralité. Enfin, l’implantation de la démarche a favorisé l’implication du collectif et la mise en place de l’intervention.

Ensuite, l’évaluation a permis d’obtenir des données tout à fait pertinentes pour satisfaire les objectifs de l’intervention. Ces données ont mis en relief les limites du dispositif et les zones qu’il était nécessaire d’investir pour produire des actions efficaces. On apprenait par conséquent que le dispositif s’avérait être davantage un outil de prise en charge qu’un véritable outil de prévention censé renseigner sur l’organisation. L’évaluation a permis ainsi de mettre en lumière les causes de son manque de crédibilité (notamment l’inéquité perçue du traitement). Néanmoins, l’évaluation avait permis de faire progresser l’adhésion des acteurs, notamment des organisations syndicales. Ainsi, les résultats, au-delà du dispositif, questionnaient les liens de coopération entre acteurs et leur impact sur la qualité de la prévention et de la prise en charge des situations. Les entretiens menés auprès des acteurs, membres du dispositif, agents concernés et acteurs organisationnels et institutionnels, ont permis de les mobiliser autour de la question du dispositif, qui commençait à s’essouffler. L’évaluation a donné un second souffle au dispositif et a permis de le faire exister dans l’organisation. De plus, les étapes de restitution ont véritablement permis de mettre en débat les résultats et de créer des échanges autour des positions et limites d’action de chacun.

Le temps des préconisations a pris soin de respecter les conditions favorables à la construction d’un plan d’action pertinent et crédible, en identifiant les ressources disponibles mises en relief par le recensement des outils disponibles et l’identification des limitations. Et nous avons pu poser un cadre permettant l’élaboration progressive de préconisations. La restitution du plan d’action a réuni à la fois le groupe de travail et le comité de pilotage. Nous jouions sur notre double rôle, membre et animatrice du groupe de travail et intervenante pour VTE. Nous commencions à parvenir à préserver la contribution du collectif et à injecter de l’expertise. Mais nous nous questionnions toujours sur cet équilibre.

Enfin, le temps de la décision, favorable à la rencontre du changement, n’a pas pu être observé dans le cadre de l’intervention. Nous avons, par ailleurs, proposé des clefs permettant d’atteindre ces objectifs. L’intervention a renforcé la collaboration entre la Mairie et VTE et notre recherche nous a conduite à rencontrer la directrice des ressources humaines pour comprendre les effets qu’avait eu, de son point de vue, l’intervention et les changements entrepris, dans le dispositif et l’organisation.

Nous sommes donc moins critiques sur ce processus d’intervention, qui s’est efforcé de garantir le développement d’un processus. Il est vrai qu’au départ les liens entre la DRH et les syndicats étaient dégradés, mais dans la mesure où le conflit était clairement exposé, nous avons pu mieux entrevoir les risques d’instrumentaliser et les maîtriser au mieux. Toutefois, il semble que ce type d’évaluation contienne encore une limite puisque centré sur les perceptions et non sur les résultats. Son avantage est qu’il a toutefois le mérite d’engager l’implication des acteurs.

Le schéma que nous reprenons ci-dessous illustre le processus d’intervention qui s’est développé dans cette organisation et identifie les éléments qui n’ont pas été suffisamment respectés et que nous avons repris dans notre analyse afin d’interroger leurs effets sur le processus d’intervention. Les encadrés qui apparaissent en pointillés sont principalement des orientations en cours de validation.

Figure 11 : Le processus d’intervention dans la Mairie
Figure 11 : Le processus d’intervention dans la Mairie