IV-12.2.1. Discussion critique du dispositif

Notre approche des dispositifs s’est tout d’abord construite dans l’expérience d’intervenant que nous en avons eu au cours de notre recherche à VTE. C’est seulement dans un second temps que nous avons abordé les dispositifs en tant qu’objet d’étude. Notre première approche a pris place dans un processus d’apprentissage de l’intervention en organisation et d’appropriation d’une posture professionnelle guidée par VTE. Nous ne possédions pas encore la distance critique nécessaire pour produire des questionnements favorisant leur évaluation. Ce n’est qu’au cours d’un long parcours que nous sommes parvenue à réaliser ce « décollement » dans lequel nous mettait l’action, et à percevoir ses limites. Pourtant, autour de nous, au cours des présentations de nos travaux de recherche, le dispositif suscitait toujours de nombreuses interrogations et étonnements. L’internalisation de l’écoute, réalisée par des salariés volontaires donnaient lieu à des critiques et débats. Quant à nous, nous étions installée dans un positionnement qui visait à le défendre, notamment sa volonté d’internaliser les processus de prévention. Ce positionnement n’était pas favorable à celui que nécessite une recherche et nous a donc amené à nous interroger. Nous ne pouvions évaluer de manière objective et distanciée un objet que nous défendions. De plus, notre rattachement à VTE nous imposait de « vendre » ses atouts à des organisations. C’est en nous plongeant dans notre recherche que nous avons réussi à provoquer une distance critique entre le doctorant et le dispositif. Avant cela, nous considérions que si le dispositif ne fonctionnait pas efficacement, c’était que l’organisation dans laquelle il était implanté, ne le permettait pas ou ne s’en donnait pas véritablement les moyens. Tout avait été pensé pour qu’il fonctionne efficacement. L’ensemble des procédures devait permettre de résoudre les problèmes dans l’organisation. Nous ne concevions pas la réticence qu’il pouvait susciter chez les individus pour lesquels il pouvait constituer une réelle prise de risque. En opérant cette distanciation critique, nous avons abordé les problèmes qui traversent les organisations avec davantage d’hésitations. C’est véritablement la problématique du non-recours qui a permis cette distanciation.