IV-14.2.2. Le manque d’évaluation des interventions de niveau primaire : complexité avérée ou prétexte ?

Dans la littérature scientifique, les modèles du stress, par exemple, se concentrent surtout sur les facteurs de risque organisationnels et individuels qui influencent la nature des manifestations psychologiques reliées aux situations de travail (Vézina & al., 1992). Ensuite, ces facteurs sont associés à des conséquences négatives à la fois sur l’individu et sur l’organisation. Ces modèles ne vont guère plus loin dans la réflexion, alors que l’organisation mais aussi l’individu participent au processus de développement des problèmes de santé psychique (Brun & al., 2003).

De plus, nous avons pu constater qu’il existe une faiblesse des travaux réalisés sur l’évaluation des interventions. Nous pensons que ce qui fait qu’il y a peu d’évaluation des effets des interventions de niveau primaire est lié en partie au fait que les acteurs qui les mettent en place ne sont pas pleinement convaincus de l’efficacité qu’elles ont pu engendrer. On peut dire que certes ces effets sont difficilement mesurables, mais dans le même temps ces acteurs prétendent pouvoir mesurer des risques de nature psychosociale pour la santé au travail, sans doute tout aussi complexe. On voit dans la faiblesse des travaux réalisés sur l’impact des interventions de niveau primaire plus une fuite des experts en la matière qu’une complexité méthodologique difficilement surmontable ou attribuable à la problématique considérée ou à la négociation d’une convention (Parkes & Sparkes, 1998).

Pour finir, ce chapitre nous conduit à ouvrir d’autres pistes à interroger et à investiguer sur la problématique du recours et du non-recours à des ressources organisationnelles. Une des pistes porte sur la question de la prévention et du recours en lien avec la question du genre. En effet, le genre est central dans les processus de construction de la santé au travail. En revanche, il semble l’être mois dans la définition des enjeux de prévention. Enfin, il peut donner lieu à des logiques de recours différenciées.