Annexe 3.4.3. Résultats du diagnostic

Annexe 3.4.3.1. Les causes identifiées

Nous évoquerons uniquement les causes qui n’ont pas figuré dans le texte de la thèse. Elles font référence au problème de la reconnaissance et de la communication.

Le problème de la reconnaissance était central dans le discours des salariés que nous avions interrogés. Nous percevions qu’il s’agissait d’un manque de reconnaissance globale. La plupart des personnes estimaient que la première cause de souffrance était le problème de la reconnaissance. Il s’agissait de reconnaissance à la fois statutaire, monétaire et symbolique (de la part de la hiérarchie et des pairs). Les salariés attendaient que l’organisation « redonne de la reconnaissance aux gens qui le [méritaient] », « en crédibilisant les méthodes d’avancement », « en luttant contre les méthodes implicites de copinage, contre les stratégies qui [consistaient] à accorder du pouvoir à ceux qui [criaient] le plus fort », ou à « ceux qui [pouvaient] faire exploser des bombes ». Les salariés reprochaient le manque d’espace donné « pour déployer ses compétences et ses talents ». Certains exprimaient leur regret quant à la difficulté qu’éprouvait l’organisation à être à l’écoute des personnes et de leurs demandes : pouvoir utiliser leurs capacités dans un espace de travail qui le permettait, aidé par une hiérarchie qui reconnaissait ce potentiel ; que ses idées soient entendues et utilisées par l’organisation quand elles s’avéraient pertinentes. Cela demandait un effort pour sortir du cadre strict du fonctionnement actuel et de travailler dans la confiance. De plus, de nombreuses personnes reconnaissaient la faiblesse du système de progression interne. Il fallait, selon elles, que l’organisation travaille à construire un « vrai plan de carrière » pour les personnes, « qu’elle se batte sur la mobilité » et qu’elle bâtisse une « vraie stratégie ressource humaine ». Enfin, quelques personnes ont souligné le refus de l’expertise par l’organisation et de la difficulté qu’elle avait de donner une visibilité à des salariés à l’extérieur. Ce problème renvoyait directement à la reconnaissance personnelle du travail réalisé par le professionnel et à la visibilité que l’organisation donnait à ce travail à l’extérieur. Ce problème de la reconnaissance nous semblait étroitement lié au rapport à l’institution.

Enfin, le problème de la communication, c’est-à-dire du lien entre l’organisation, le collectif de travail et le salarié a souvent été souligné comme une des causes qui rendaient la vie au travail « insupportable ». Les personnes ont fortement exprimé le manque d’un discours symbolique et donc le besoin qu’elles avaient que la structure produise un discours sur des valeurs partagées, sur une identité et sur un projet global. Ce besoin rejoint le problème de reconnaissance dans l’institution. Cette problématique de la communication posait à la fois le problème de la relation entre les salariés et la hiérarchie et la question du lien des salariés et du collectif de travail à l’organisation. Les salariés constataient régulièrement les dysfonctionnements inhérents à la communication verticale. Certains reconnaissaient ne pas avoir suffisamment de visibilité sur le fonctionnement de leur service, sur les règles de mise en cohérence du travail collectif. Ce manque de clarté était à l’origine de l’inquiétude et du rapport dégradé à l’institution et pesait sur la qualité du travail, en plaçant la personne dans l’effort quotidien de trouver les informations justes.