Annexe 3.4.4. Quelques retranscriptions d’entretiens

Annexe 3.4.4.1. Hervé : un homme, responsable technique

Nous avons choisi de faire apparaître ce texte dans la mesure où cet entretien nous renseigne sur un vécu de souffrance au travail ainsi que sur les logiques de recours et de non recours.

La personne commence par s’interroger sur le fait d’avoir été choisie.

Je me demandais pourquoi j’avais été choisi. Je me disais est-ce que ça vient de la DRH, qu’a donné, voilà. Mais quand j’ai vu ouais je me suis dit je vais être convoqué, je sais pas pourquoi. Et puis ben ça a pas raté.

Et vous me dites que c’est à la fois pour voir, c’est-à-dire vous avez cette curiosité et vous vous dîtes qu’est-ce qui se passe dans cette action

Et oui et puis, et puis pour faire ressortir ce que j’ai et puis que ça essaie de faire bouger les choses quoi parce bon.

Parce que vous vivez quelque chose

Oui. Enfin depuis quelques mois. Ouais une année à peu près (…).

Ça fait combien de temps que vous travailler à (CSI) ?

Je suis arrivé en 91. En 90 en CDD et 91 en CDI. Technicien audiovisuel. Donc il a un peu évolué puisqu’au départ on était. Y avait qu’une seule personne. Enfin je suis responsable technique. Et qu’une seule personne avec, on avait une seule salle en fait. Et depuis.

Vous aviez une seule ?

Pardon ?

Vous m’avez dit que vous aviez une seule ?

Une seule personne sous ma responsabilité. Donc j’avais un sous-technicien, et puis moi plus un peu ma chef de département, enfin qui était chef de service à l’époque, et puis d’autres personnes, d’autres collègues. Et donc au début on était qu’une seule personne, donc ça allait. C’était pas, enfin c’était pas très stressant, c’était plutôt sympa. Et puis quand on a construit l’auditorium y a euh. On est en 2008. C’était en 2007 je crois ou 2000. Ou 2001. Non 2002 je crois d’ailleurs, 2002. Donc là effectivement on a eu beaucoup plus de monde. Donc y a eu cinq techniciens. Donc le service s’est vachement agrandi, on est devenu département. Donc y a eu beaucoup plus de boulot mais bon. C’était un peu. Et plus de salles. Parce qu’on avait deux salles à l’époque, au début. Après on a eu l’auditorium plus une autre salle. Quatre salles. Plus cinq techniciens et beaucoup de demandes internes, de conférences à organiser. Mettre en place les moyens techniques. Donc bon ça allait au début, y avait pas de problème. C’était pas. Puis là depuis, je dirais euh, quand j’ai eu mon accident de moto. Quand ma mère est décédée ça avait commencé un petit peu puis j’étais pas bien dans ma tête. Puis après bon ça a été. Après j’ai eu mon accident de moto, j’étais absent pendant trois mois. Et puis là j’ai vraiment ressenti, quand je suis revenu, ça m’a, ah ouais ça m’a. Je suis revenu j’ai failli repartir quoi.

Vous aviez trouvé que les choses avaient changé ?

Ouais je sais pas, c’était froid. Que tout le monde me regardait d’un air bizarre comme si j’étais coupable de quelque chose. Ma chef de département c’est à peine si elle m’a adressé la parole je veux dire. Et puis depuis c’est vrai que les relations sont vachement dégradées quoi.

C’était de l’incompréhension ou

Non je pense qui, non non je pense qu’ils devaient croire que j’étais absent, que je faisais semblant quoi. Ouais. Parce que j’ai eu un accident de l’épaule donc j’ai eu un problème au niveau de l’épaule et. Je sais pas. Ça m’a paru vraiment bizarre quoi.

Juste avant vous disiez également que

Oui ma mère est décédée avant. Donc c’est vrai que pendant un an j’étais pas super bien dans ma tête. Mais après c’est passé. Parce que malheureusement la vie continue, comme on dit. Mais bon ça allait à peu près. Bon, ils ont été sympathiques. C’est quand j’ai eu mon accident de moto quoi. C’est vrai qu’après j’ai eu pas mal de. Depuis le décès de ma mère. J’ai eu le décès de ma mère, j’ai eu l’accident de moto, je suis tombé dans les escaliers chez moi donc j’étais arrêté pendant quasiment deux mois aussi. Après j’ai eu un problème de dos, là j’ai un problème de dos au niveau de, d’un disque qui est en train de se casser donc j’étais arrêté aussi un petit moment et puis souvent j’ai des douleurs. Donc quand j’ai des douleurs ben y a un moment où le médecin il m’arrête. Enfin et puis ça. Dans le département ça fait bizarre. On a l’impression qu’ils, qu’il l’accepte pas quoi.

Et c’est une équipe avec qui vous avez toujours travaillé

Avec eux ouais j’ai travaillé ensemble ouais ouais.

Donc vous aviez ressenti du soutien après le décès de votre mère et quelque chose de complètement différent après

Après ouais. Après ouais. Comme un étranger. J’ai vraiment ressenti quoi. Je veux dire j’avais quasiment les larmes aux yeux, j’ai failli repartir. Enfin y a eu un moment j’ai failli claquer la porte, dire je m’en vais parce que. J’étais vraiment. Et puis depuis ça a pas arrêté de se dégradé je veux dire, ça a été. Et même actuellement je veux dire c’est pas euh. Des fois je suis au bureau et je me sens comme un étranger quoi, je veux dire c’est plus comme avant quoi.

Mais c’est vous qui êtes de côté ou c’est tout le monde qui est un peu près isolé ou dans son coin ?

Non c’est moi de côté, qui, non c’est moi qu’ils mettent de côté je pense. Enfin non c’est eux qui se parlent. Moi aussi ils me parlent au niveau boulot mais je sens que c’est plus pareil quoi. Ma chef de département on a plus les mêmes relations. Enfin dire à moi, elle est plus derrière moi, plus à me faire des trucs, plus à me demander des choses en urgence, y a urgence, faut le faire tout de suite nien nien nien nien nien nien. Par rapport à d’autres ou c’est moins. Enfin je le ressens. C’est pas pareil quoi ? Je sens qu’il y a vraiment une différence.

Ils ont pas compris que vous puissiez partir aussi longtemps, peut-être qu’ils se sont dits on peut pas compter sur lui, enfin y a un sentiment comme ça qui

Ouais voilà je pense que c’est ça, voilà voilà, je pense que c’est ça. Et c’est que moi j’ai un poste mais parce que c’est eux qui savent pas non plus gérer leur truc. Je veux dire je pense que personne n’est indispensable dans un boulot. Donc. Et le fait que je sois pas là, y a eu un truc, y a eu un manque, y a eu quelque chose, ils ont tous perdu pied heu (…).Quand j’ai été arrêté en décembre pour le mal de dos, j’étais arrêté trois mois je crois ou deux mois et demi ou deux moi, enfin entre deux et trois mois. Ben quand je suis revenu heu, je veux dire ma chef de département, je sais pas ce qu’il s’est passé, je sais pas ce qu’elle a dit, ce qu’elle a raconté mais. Je veux dire à la limite j’arrive même plus à les gérer donc alors je veux dire ppp. Des fois je suis au courant de rien du tout. Ils font, pas ce qu’ils veulent mais je veux dire y a des trucs ça passe même pas par moi. A la limite je me demande ce que je fais là quoi. Je suis là mais je me demande (…).

Pourtant vous avez les compétences pour

Ah ça fait 18 ans que.

Vous êtes légitime pour être avoir cette place je veux dire

Ouais voilà. Si au bout de 18 ans on s’aperçoit que.

Et vous avez la possibilité de vous exprimer sur tout ça, avec votre responsable ?

Nan parce que ma chef de département épaule pas. Y a un moment j’ai eu un souci avec un technicien pour des congés. Je lui ai demandé de faire un mail. Elle a pas voulu faire le mail. Elle me dit non je suis pas au courant. Je lui dis attendez je vous le dis là maintenant, et pourtant vous êtes pas au courant. Puisque la feuille vous voulez pas la signer tant que je la signe pas. Donc je mets pas mes initiales comme quoi vous êtes ok par rapport au planning. Vous signez pas donc. Et elle a jamais voulu faire le mail quoi. Non elle m’a dit vous faîtes un mail vous.

Qui serait adressé à qui ?

Au technicien. Pour lui refuser ses vacances. Enfin après il s’est aperçu que c’était pas ses bonnes dates donc ça s’est réglé je veux dire mais. Mais là j’étais pas du tout épaulé. Ouais je suis pas épaulé, je suis pas.

Et elle c’est votre N+1 ? Il n’y a pas d’intermédiaire ?

Non. C’est elle, moi et puis après j’ai mon directeur. Non et on me considère comme un chef de service, comme un chef de, ouais de service alors que bon j’ai pas les rémunérations pour heu. Je veux dire j’ai pas les moyens de. Donc je veux dire on me met plein de trucs sur le dos. C’est moi qui doit gérer plein de trucs mais après y a personne derrière.

Et c’est une situation qui dire depuis à peu près un an ?

Ouais, une bonne année quoi.

Et vous avez tapé à quelles portes, à part celle de votre chef de service ?

Pas vraiment de porte. Puisqu’en plus j’ai été convoqué par la DRH, parce que. Par rapport justement au planning. Y a eu un problème sur les plannings. J’ai été convoqué par le DRH, par l’adjoint, parce qu’il y avait un problème sur un planning. C’est-à-dire que bon j’avais planifié des personnes pour une réunion DRH. La DRH les a mis en cours d’anglais, donc en formation, sans m’avertir. Ma chef de département était en congé. Non non en arrêt maladie. Et moi j’ai pas eu de mail. Donc moi ils ont ppp. Et le matin on m’appelle en me disant ouais y a la réunion DRH, y a personne ! Je lui dit ben écoute, je sais pas. Il me dit ouais ils sont en formation ! Je lui dit ben faut aller les chercher parce que moi je suis pas au courant, je veux dire. Ils m’ont convoqué, ils ont voulu me mettre un avertissement. Et puis bon je leur ai expliqué que c’était pas moi, que c’était eux qu’avaient merdé, que c’était pas moi. Donc sinon. Bon il était pas très content parce que, il me croyait pas , que c’était moi qu’avais tort. Et puis ils se sont aperçus que c’est eux qu’avaient fait la boulette. Donc ils m’ont quand même envoyé une lettre en disant que ils tenaient aucune sanction mais que je fasse attention dorénavant. Enfin ils ont essayé de. Là je suis reconvoqué à la DRH.

Quelqu’un frappe à la porte et la referme.

Donc du coup je sais pas pour quel motif. Enfin je suppose que le 13 quand je devais venir, je suis pas venu, donc j’amenais ma femme à l’hôpital donc j’avais prévenu ma chef de département. J’ai laissé un message mais c’était assez tôt donc y avait personne. J’ai appelé mon directeur donc j’ai eu l’assistante donc je lui ai laissé un message aussi en disant que ben je serai pas là, je suis obligé d’emmener ma femme en urgence à l’hôpital. Et puis voilà qu’ils m’enlèvent un jour de congé ou ce qu’ils veulent quoi je veux dire. Mais je crois qu’ici y deux mouvements. Parce que moi la dernière fois j’avais eu aussi un accid, enfin un problème de moto, je tombe en panne donc. J’ai pas pu arriver au boulot, le temps de dépanner, il était très tard donc j’ai prévenu que je prendrais un jour de congé. Et ma chef de département me l’a refusé. Alors que ça aurait été une autre personne, elle aurait accepté. Moi elle me l’a refusé. Elle m’a a fait une feuille de motif, d’absence non justifiée. Donc j’ai répondu carrément en disant que j’étais pas d’accord sur le mot non justifié. Que j’ai quand même prévenu. Que, qu’au moins dans ce cas là effectivement absence non rémunéré si ils veulent mais pas non justifiée parce que j’ai quand même prévenu. Je veux dire je suis pas venu sans rien dire quoi.

Vous aimiez votre travail avant ?

Au début oui maintenant non. Franchement je viens, je viens parce que je suis obligé de venir, franchement c’est. Ah non, le matin quand je me lève, je viens parce que je suis obligé de venir. Ma femme est au chômage donc, je suis obligé d’avoir, un foyer, telle rémunération. Je veux dire j’ai pas le choix quoi.

Est-ce que vous vivez encore des bons moments dans votre travail ?

Non. Là non. Là franchement non. Même à la limite je parle à plus personne quoi. Je parle juste boulot, basta. Par rapport à avant où je déconnais, où j’allais rigoler avec les gens. (…). Je pense que les gens ne me reconnaissent pas. Même ceux de mon service. Mais bon c’est eux qui ont créé ce truc là de toute manière au départ mais. En dehors du département, bon, je suis normal avec les autre je veux dire. Sur le contact ça va quoi. Mais dans le département non. Franchement.

Comment vous définiriez leurs comportements, dans votre service ?

Ben moi je pense que ça vient de toute manière d’une personne je veux dire. Parce que mes collègues qui, je vois pas pourquoi ils réagissent comme ça. Donc si ils réagissent comme ça c’est que quelqu’un a dû raconter des choses. Sinon on réagit pas comme ça je veux dire. Je vois pas pourquoi ils me jugeraient alors que eux quand ils sont en arrêt maladie moi je les juge pas quoi je veux dire. Je pense que ça vient de quelqu’un qui. Qui a construit un truc autour et. Ils ne m’attaquent pas verbalement. Mais je veux dire moi on m’a dit qu’ils me faisaient pas de cadeau quoi je veux dire. Je veux dire qu’y en a aucun qui me soutien quoi (…). Alors que bon quand y a quelque chose, y en a aucun qui va me défendre ou dire oui mais bon. Au contraire qui m’enfonce à la limite. Et.

Est-ce que vous avez une attente, comment vous voyez les choses ?

Ben c’est vrai que là je suis arrivé à un stade je pense que j’ai pas vraiment d’attente. Vu qu’à mon avis. Je sais que ma chef de département avait été aussi plus ou moins menacée par la DRH parce qu’à un moment ils ont voulu la changer de poste, un truc comme ça. Donc elle s’est battue. Elle était en dépression aussi. Donc je pense qu’à un moment y a une peur aussi de sa part. Donc du coup elle a tellement peur qu’elle prend aucune décision et puis euh. Voilà, c’est pas elle qui fera des trucs. Faut que ça vienne de quelqu’un comme ça si y a quelque chose elle dira bah oui c’est pas moi c’est lui qui m’a dit de. Moi ma chef de département je suis désolé, mais bon quand on est chef, on assume.

Vous voulez partir ?

Non pas spécialement. Ben l’avenir c’est vrai que là, franchement je, l’avenir je le vois. Je me dis si c’est pour rester encore 20 ans comme ça c’est pas la peine, je veux dire. Et démissionner non. Je vais démissionner, je veux dire je toucherais pas le chômage hein. Je vais rien toucher donc. Maintenant dans un autre poste. Si c’est pour me mettre quand ils mettent les gens dans les placards et rester à rien faire. Enfin ça s’est bien quand on a 55 ans, 58 ans, qu’il reste deux ans. On se dit bon, c’est bon mais là il me reste encore 30 ans à travailler, enfin 20 ans à travailler depuis 20 ans. Je me vois mal pendant 20 ans dans un placard quoi. (…).

Vous n’êtes pas allé voir votre DRH pour parler de votre situation ? C’est vraiment l’interlocuteur pour

Ouais mais je sais pas si la DRH de (l’EC) est vraiment ouverte à. Je sais pas. Enfin moi en haut c’est mon chef de département que j’aimerais aller voir. Parce que y a un souci. On peut en reparler avec d’autres personnes mais. Mais y a pas mal de trucs et puis bon.

Qu’est-ce que vous ressentez ?

Là ?

Là, dans votre travail

Je dirais pas un dégoût parce que c’est peut-être un peu fort mais une lassitude quoi franchement. Non franchement je. On me dirait tient on vous vire. A la limite je serais content.

Vous n’avez plus d’attachement comme ça à l’entreprise ?

Ouais. Alors qu’avant j’adorais (l’EC). Je trouvais ça super. Je me disais. Tous les gens se plaignaient sans arrêt de. Ouais on est mal payé, ouais ceci, ouais cela. Moi je trouvais ça. Je disais attendez, allez voir à l’extérieur vous verrez. Je veux dire c’est quand même. Mais maintenant ouais à la limite. Bon je dirais pas qu’on est mal payé parce que je pense qu’on est quand même assez bien payé, par rapport à du privé. Mais franchement non. Partir ça me dérangerais plus. Autant avant, ça m’aurait, j’aurais regretté un peu. Maintenant non.

Comment cette situation pourrait se résoudre ?

La situation ? Je pense qu’il faudrait revoir le département, changer des têtes, remettre en place des trucs et puis un autre mode de fonctionnement quoi. Je veux dire là par exemple moi je suis à temps partiel parce que je voulais faire un truc. Bon je vais reprendre à plein temps à la fin du mois. Je veux dire, je suis à temps partiel donc je devrais avoir moins de travail. Et j’ai toujours autant de travail je veux dire. J’ai signalé à ma chef mais. Ça fait un an que ça dure quoi. Donc j’ai toujours des pressions, j’ai toujours des trucs, en urgence. Là quand je suis revenu en décembre d’arrêt maladie, y avait le planning à faire. Madame devait les faire elle les a pas faire c’est moi qu’étais obligé de les faire. Eu urgence. Donc du coup j’ai raté. C’est pour ça aussi que euh. Ma chef à un moment on était un peu en bizbiz parce que j’ai raté, enfin avec les techniciens surtout j’ai raté 15 jours de bonification, je l’avais mis sur un autre planning mais pas sur le planning horaire. Donc je fais les deux plannings alors que bon. C’est moi qui est mis en place. Ça aurait pu être la DRH qui aurait dû me donner les outils ou (l’EC), enfin quelqu’un. Et non, et puis c’est vrai j’ai plus envie de faire quoi, ça me. Non je vois pas comment ça peut être résolu quoi. Ouais sauf que le département parte dans une autre direction, qu’il soit re. Mais moi je pense pas que c’est moi. Je dis pas que je suis blanc hein. Je pense que tout le monde fait des erreurs. On est là pour. Dans la vie enfin on fait toujours des erreurs je vais dire. Y a de trucs qui peuvent être réglés plus facilement, y a pas besoin de truc. Comme là si je suis convoqué pour le mardi 13. Je veux dire j’ai reçu une lettre d’entretien préalable, enfin entretien j’sais plus trop quoi c’était marqué. Une autre lettre comme quoi le 13 j’étais absent et j’ai pas justifié. Si on m’avait envoyé la première lettre en me disant merci de justifier. Je veux dire j’allais aux urgences, je demandais un certificat, je leur envoyais et puis basta, je veux dire c’était réglé. Après ils m’enlèvent une journée non payée, c’est tout à fait normal je suis pas allé travaillé. Donc soit une journée de congé soit une non payée. Enfin je veux dire je vais pas revenir dessus. La dernière fois ils me l’ont enlevé parce que quand j’étais en panne de moto ils me l’ont enlevé, j’ai rien. J’ai trouvé ça dégueulasse qu’ils m’enlèvent pas le congé alors que d’autres personnes préviennent le matin et on leur accorde le congé tout de suite. Donc moi je suis quelqu’un d’assez juste, c’est pour tout le monde pareil ou pour personne, y a pas de raison qu’y en a qui soient. Alors que ma chef y a quelque temps elle aurait fait comme ça, elle aurait mis une journée de congé. Elle aurait pas fait ça. Donc on voit bien qu’y a un truc, qu’elle a quelque chose contre moi. Sinon elle m’aurait jamais fait ça. Avant jamais elle l’aurait fait.

Et comment vous faîtes malgré tout ?

Ben comment je fais ? Je fais mon travail, et puis voilà quoi. Je fais ce qu’on me demande et. Mais bon, pas forcément très motivé. J’attends 18 heures avec impatience, le vendredi avec impatience et puis voilà quoi. Et une fois que je sors d’ici après j’essais d’oublier tout quoi. Même si effectivement ça reste quand même. Parce que par exemple lundi je suis convoqué, ça me travaille quand même. Parce que je sais pas pourquoi, je sais pas ce que c’est.

J’imagine. Vous ne connaissez pas le motif.

C’est vrai qu’y a pas beaucoup de solutions quoi je. Enfin moi je vois pas comment on peut (…).

Y a un moment où peut-être il faut que quelque fois les personnes acceptent de poser sur la table une situation. Voilà là on a un salarié qui dit, qui exprime que ça va pas. Faut l’entendre ?

Oui. Mais je suis pas sûr qu’ils l’entendront. Enfin moi ma chef elle va pas l’entendre quoi. (…).

Il ne faut peut-être pas que ça concerne que votre chef

Oui. A un moment j’ai failli, enfin je voulais prendre rendez-vous avec mon directeur. Mais une fois j’ai eu un rendez-vous y a. Je crois que c’était avant mon accident, ou après mon accident, je sais plus. Je lui ai dit clairement. Je lui ai dit j’en ai marre de ma chef de département. Je pense à changer. Soit d’équipe technique parce qu’elle arrêtait pas avec l’équipe technique. De toute manière l’équipe technique, c’est toujours nous qui foutons la merde, c’est toujours de notre faute si ça marche pas, c’est toujours nous. Et bon moi j’ai toujours défendu ce truc là parce que l’équipe technique, bon ils font ce qu’ils peuvent. Et puis effectivement c’est des problèmes mais on peut pas non plus. Je veux dire on est pas des surhumains donc après c’est aux gens, enfin aux responsables de régler. Et j’ai demandé de changer de truc quoi, d’aller autre part. Lui il a bien compris. De tout manière il m’a dit ouais je vois bien mais, mais on peut pas comme ça changer. Et comme à l’époque y a avait une discussion que normalement tout ce qui était technique ça partait dans une autre direction. Donc bon je pense que mon directeur il voulait pas non plus lâcher la partie technique parce que voulait dire qu’il perdrait des postes et puis. Et puis comme il organise beaucoup de conférences, l’avoir sous la main c’est beaucoup plus simple pour lui. Ma chef elle avait dit. Elle avait dit de toute manière moi j’attends que ça. Je me battrais pas pour vous garder tous. Elle l’avait dit. De tout manière, si jamais ça se fait, au contraire, je serais bien contente.

C’est dur

Non mais je pense qu’elle est pas. Elle est pas managée, ça c’est clair. Je veux dire. Tant qu’on était petit comme au début parce qu’on était. Donc y avait un technicien, moi en tant que responsable et y avait une personne qui s’occupait de la programmation, une secrétaire. Y a avait pas de souci. En plus on avait pas beaucoup de salles. On avait qu’une salle. Donc on faisait des films en relief, on organisait soit des réunions, des trucs bon c’était, pas grand-chose quoi je veux dire, c’était pas. Là ça allait mais dès qu’on a eu l’auditorium et le technicien, là ça a été, là elle savait pas quoi. Elle était perdue. Elle a voulu le prendre parce que du coup elle passait chef de département et qu’elle avait plus de monde sous sa responsabilité mais je pense qu’elle était pas. Et puis comme les techniciens ils ont un caractère un peu fort et. Y en, y a des grandes gueules dans l’équipe qui veulent pas se laisser faire et ça. Elle déconne quoi.

Est-ce que vous pensez qu’il y a d’autres personne dans (l’EC) qui ont à peu près dans la même situation que vous ?

Je sais pas. Un ras le bol oui, ça y en a plein. Je pense à tous les gens avec qui je discute. Ils disent qu’ils en ont vraiment marre, que ça a vraiment changé, que c’est plus du tout comme avant, que c’est. Un ras le bol ouais, maintenant dans mon, je sais pas du tout, non. C’est les gens qui me racontent pas, mais moi je ne raconte pas non plus partout. Je dis que j’en ai marre, ça c’est clair que j’en peux plus j’en ai marre mais. Alors maintenant plus qu’avant. Au début non je disais jamais rien, je gardais ça pour moi.

Vous vous posez la question tous les matins est-ce que j’y vais ?

Ouais. Le matin quand le réveil il sonne, j’ai pas envie d’y aller quoi. Je me dis non je vais rester à la maison. A la limite j’ai ma fille qu’a six ans donc j’ai droit à l’enfant malade. Je me dis, j’aimerais bien qu’elle soit malade (…). Pas une maladie grave, mais un rhume ou un truc comme ça. Comme ça je vais chez le médecin, hop enfant malade et puis voilà. Ah non je suis arrivé à un stade franchement je. Pourtant c’est rare hein. J’ai pas un caractère comme ça. Je suis plutôt un caractère sociable, je suis pas. Mais là vraiment je suis arrivé à un stade (…).

Vous-même vous ne vous reconnaissez pas du tout ?

Ah oui oui oui, parce que c’est pas du tout mon caractère. Je veux dire que je suis quelqu’un de patient qui. Je veux dire pour vraiment, pour vraiment que j’en ai vraiment marre ou que. Faut vraiment qu’on me mette la pression quoi. Et là je pense qu’ils ont réussi. Et puis le fait d’être convoqué deux fois bon.

Ça vous déstabilise

Ça déstabilise ouais. En plus du coup je sais pas pourquoi c’est. Je sais pas si c’est ma chef qu’a dit des trucs. Je sais pas si c’est ça.

Ça vous fait peur ?

Enfin peur je pense pas si c’est le mot peur. Parce que j’en ai tellement marre, je crois que la peur est passée au dessus maintenant. Et (…). Non je sais pas si c’est la peur non.

Est-ce que vous en avez parlé au médecin du travail ?

On m’a dit ouais, on m’a dit d’aller voir le médecin du travail.

Vous la connaissez ?

Ouais ouais je la connais, enfin je la connais pour la visite médicale. Mais non j’ai pas encore osé faire le pas. On m’a dit d’aller la voir aussi. Mais c’est pas mon style moi toute manière, d’aller voir des trucs et d’aller raconter des choses, bon.

C’est vrai que je vous sens assez fragilisé et ça pourrait vous aider, au médecin ou à quelqu’un de la DRH

Avec la DRH ouais parce que comme je suis en guerre (…). Le médecin, j’y ai pensé, en plus il m’a déjà dit d’aller le voir. Mais je sais pas c’est pas mon style.

Peut-être que c’est encore un peu flou pour vous, pas très clair ?

Oui oui c’est ça aussi oui. Déjà je me dit est-ce que c’est moi qui merde où. Ouais. Mais est-ce que ça changerait quelque chose ? On est une maison, je vois bien tous les trucs ça, y a des tas de trucs qui font et ça change rien quoi je veux dire.

Peut-être. Ce serait quelqu’un qui sera dans l’écoute. Et qui prendra au sérieux. C’est important aussi d’avoir cette écoute. Vous pensez que si vous allez voir la DRH ce sera pas la même relation

Ah oui ben la DRH C’est sûr ça c’est clair. Non c’est sûr que la DRH même pas la peine.

Si vous êtes dans ce flou, en parler avec cette personne, qui est en interne, qui a une vision globale de la maison, ça pourrait vous aider à y voir un peu plus clair

Ouais peut-être que voilà j’y verrai plus clair mais je suis pas sûr que ça va changer grand-chose je veux dire (…). Non y a plusieurs solutions. Soit effectivement je démissionne soit, je continue comme ça et puis. Je me vois pas 20 ans faire ça. Pendant 20 ans ça c’est clair. Ou soit effectivement que lundi, que ce soit une grosse, une grosse merde qu’ils veulent me faire truc et qu’ils me licencient. Et puis voilà.

Vous pensez que lundi ça peut être ça ?

Je sais pas ce que c’est. Non je je. Non je vois pas trop. Enfin moi je pensais au mot mais ce qu’était bizarre c’est que j’ai reçu ma lettre de convocation. Donc le samedi. Et le mardi j’ai reçu j’ai reçu ma lettre qui me disait que j’étais absent le treize nin nin, merci de justifier. Non je saurai pas. Voilà, c’est plutôt l’inverse. La lettre pour justifier la journée et après effectivement je justifie pas, je suis convoqué. A mon avis ça va être deux choses différentes en fait. Là je pense qu’ils sont vraiment en train de chercher la petite bête. Enfin le moindre ils.

Et si c’était le licenciement, vous le prendriez comment ?

Ben je sais pas ça fait toujours mal de toute manière, même si on a envie. Même si on a envie parce qu’on est licencié, c’est une faute, c’est nous. Mais ça dépend comment on part quoi. Si on part bien et que effectivement ils payent tout ce qu’ils ont à payer et que, même à la limite j’ai un surplus bon. Moi je pense que là franchement ça me, ouais.

Ce serait un soulagement même si bien sûr ?

Ouais. Bon après c’est à moi de trouver autre chose, de faire autre chose, ça c’est clair. Mais là à la limite ça serait un soulagement ouais je pense parce que là je. Enfin je veux dire je viens parce qu’il faut venir, c’est vraiment. A la limite je peux mettre être capable de faire des fautes exprès pour qui. Mais involontairement quoi. Faire une faute comme par exemple arriver en retard, ou envoyer chier quelqu’un, mais involontairement. Parce que c’est mon subconscient qui euh. Qui. Il cherche une faute exprès pour provoquer un licenciement à la limite. Involontairement parce que moi je suis pas le style non plus à faire de faux trucs. Je suis quelqu’un d’honnête j’aime pas la. Enfin je suis pas faut donc.

Oui. Vous faîtes pas semblant

Voilà. Non. Je vais dire, si j’ai pas envie de le faire parce que voilà. Je veux dire si on me demande un truc et puis que j’ai pas envie je le fais pas parce que je suis pas motivé et que c’est pas à moi de le faire, avant je l’aurais fait maintenant je le ferais plus. Je dirais non c’est pas à moi.

Je vais vous poser une question plus privée. Vous répondez si vous le voulez, c’est votre vie privée. Vous êtes comment ?

Ben y a des moments. Y a des pics de tensions. Parce que j’ai ma fille qui va faire un truc et. Et comme ça je vais penser à un truc et puis, ça, je vais m’énerver alors que je.

Moins patient ?

Ben ouais moins patient. Et le soir vraiment, non je dors très mal la nuit depuis. Depuis un bon bout de temps. Alors ça va des fois je pense à des trucs, je pense à ça et puis des fois je pense à rien mais je suis réveillé. C’est vrai que je dors très très mal depuis. Depuis déjà un bon petit moment quand même. Alors au début je pensais que c’était autre chose. Et puis en fin de compte en analysant la chose.

Vous prenez un traitement pour mieux dormir ?

Ah non je prends pas de traitement. J’ai pas envie de prendre des somnifères, des trucs comme ça. Non je pourrais prendre des calmants, style euphytose qui sont à base de plantes, des trucs comme ça. Mais je suis pas le style. Après. Après j’ai pas envie de dépendre de médicaments de trucs. Parce que je trouve que si on se fout la vie en l’air à cause d’un boulot, d’un travail. Je suis trouve ça dingue. Comme le pauvre Hervé qui s’est suicidé à cause de ça heu. Et c’est vrai que moi par exemple, là j’aurais été convoqué y a, quand ma mère est décédée. Alors je sais pas si j’aurais été aussi loin que lui mais. Je veux dire ils m’auraient convoqué quand ma mère était décédée, où j’étais mal, peut-être que effectivement j’aurais peut-être fait un acte comme lui, ça m’aurait pas. Parce que même là quand j’étais convoqué, je veux dire c’était moi qui était coupable quoi. Même quand ils ont fait la lettre, ils ont pas reconnu que c’était eux qu’avaient fait la faute. A la limite c’était à moi de faire gaffe quand même, de. J’aurais eu cette lettre là au moment où ma mère est décédée oui, je pense que ça aurait pu. Je sais pas si je l’aurais fait hein. Parce que. Pour en arriver jusque là c’est quand même pas évident. Faut vraiment être très très mal. C’est vrai qu’à l’époque j’étais très très mal et puis. Bon j’avais mes enfants, ça m’aurait sauvé je pense que j’aurais réfléchi avant. Mais c’est vrai que j’aurais pu. Enfin ça m’étonne pas qu’il l’ai fait. Si il était mal, enfin je sais pas comment il était dans sa peau lui à l’époque mais. Pourtant c’était qui était très calme aussi. Qui était enfin très ouvert. Il adorait (l’EC), lui aussi.

Vous pensez que les gens qui sont dans une telle situation de souffrance dans le travail, c’est des personnes, on ignore qu’ils vont mal ou pas ?

Ah oui je pense que par exemple mon directeur, il a dû, il a dû le voir, de toute manière puis que bon. Ben oui, ils diront ça oui, on savait pas, oui, enfin. Non faut regarder les gens comment ils sont au démarrage et après quoi. Je veux dire, on voit bien comment ils sont.

Ça demande aussi un effort de la personne pour

Bien sûr

Sortir de la situation. Et lui tendre la main. En reconnaissant déjà qu’il y a quelque chose qui va pas et pas en la rendant responsable

Oui faut discuter avec les gens. Je pense que la communication c’est quelque chose d’important.

A la fin de l’entretien, je l’oriente, compte tenu de son récit, vers le soutien psychologique effectué en interne par une professionnelle, provisoirement, le temps de l’étude

Ouais peut-être ouais. Oui mais bon si ça bouge pas de toute manière dans la direction, dans le département, ça sert pas à grand-chose quoi, enfin. Effectivement que quand je vais être en face d’elle, ça va aller, elle va peut-être me réconforter. Et après si je retourne dans le département et ça fait pareil, je veux dire ça dire ça va retomber aussitôt quoi je veux dire, c’est. Ça fera pas changer. Mais pourquoi pas, pourquoi pas. Moi je suis ouvert à tout. Je veux dire je suis pas.

Vous avez essayé un certains nombre de choses

J’allais voir ma chef de département qui me disait à chaque fois, depuis quelque temps, ben Hervé vous voulez pas aller autre part, y a pas. J’dis pourquoi, vous voulez plus de moi ou quoi ? Elle me dit si si mais y a plein de postes, je vois plein de postes pour vous. Ça voulait dire carrément heu. Voilà. Je dis non non moi ça ça me plaît pas, y a rien qui me.

Et y a réellement y a rien qui vous ?

Non y a le centre des Congrès mais, au centre des Congrès y a une très mauvaise ambiance. Tout le monde se tire dans les pattes. Et moi j’aime pas ? Je veux dire si c’est pour travailler et se tirer dans les pattes et. Y a plein de tensions, y a tout le monde qui te regarde en disant, le moindre truc que tu vas faire je vais t’enfoncer. Ça me plaît moi je veux dire. On vient travailler déjà bon, pour faire vivre une société. On est là pour gagner de l’argent, alors si on est là pour. On est là quand même huit heures par jour. Je veux dire si c’est pour, s’emmerder. Sinon non dans (l’EC) y en a pas beaucoup dans ce qu’on fait nous donc. Ou alors faudrait que je fasse carrément entre chose quoi. Après pourquoi pas, faut que ça me plaise quoi.

Oui. Je sais qu’à la DRH ils font des sortes de bilan de compétences. Après je sais pas à qui. Y a des outils comme ça qui permettent de faire évoluer, bifurquer les gens

Je sais que ma chef elle avait fait un bilan de compétences.

Et vous vous sentez pas de taper à leur porte ?

Ouais mais bon quand on a été convoqué là une fois et là une deuxième fois bon je pense que la DRH, enfin moi aller à la DRH, je sais pas si je suis grillé mais moi elle est grillé pour moi quoi, je veux dire. Au jour d’aujourd’hui. Maintenant si elle change complètement peut-être que. Comme (l’adjoint) il s’en va. Après il reste le DRH. Maintenant je sais pas qui, qui va rester ou pas. J’en sais rien comme tout le monde part en ce moment. (…). Je veux dire même par rapport aux techniciens je veux dire je suis leur responsable et, je ressens plus rien quoi. Je veux dire c’est. Enfin je sais pas y a, y a une cassure. Je ne me sens plus comme leur responsable. Parce que je sais pas ce qui s’est passé.

Et vous ressentez quoi ?

Ben rien. Je suis là, je fais les plannings, je fais des trucs. Bon des fois je leur demande des trucs donc, ils font. Mais je veux dire j’sais pas je ressens plus. (…) Enfin je sais pas. Ça me fait bizarre. Je ressens plus par rapport à avant quoi. Alors je sais pas si la responsable a raconté des trucs ou si elle a dit des trucs ou. Avant on était quand même beaucoup plus. Je veux dire on discutait beaucoup plus. Enfin mi je les ai toujours défendu Je veux dire, je me suis engueulé avec ma chef de département pour eux et là ça me. A mon avis y a un truc qui s’est joué quand j’étais absent quoi. Quand j’étais absent pour mon accident de moto. Enfin moi je ressens comme ça. Alors je sais pas si c’est ça. Je sais pas si c’est ça ou pas ça. Peut-être que c’est pas ça du tout, peut-être. Mais c’est vrai que je. Alors du coup ben je fais mon boulot et puis voilà. (…).

Je lui rappelle le médecin du travail et le soutien psychologique et lui indique que je suis disponible le mercredi à VTE.

Ils me posent des questions sur les suites de l’étude.

Nous allons rendre des résultats globaux. Mais j’espère que ce sera entendu.

C’est ça voilà. Est-ce que ça va vraiment s’entendre ? Parce que le problème dans (l’EC) c’est ça. Y a eu des trucs de faits et ça aboutit à rien quoi je veux dire. C’est ça qu’est fatiguant aussi. C’est vrai que. Alors qu’avant c’était pas comme, (l’EC) quand même c’était beaucoup plus familial, c’était. Enfin je sais pas, j’ai jamais entendu les gens dire à ce point-là qu’ils en avaient marre quoi. Bon ils sont toujours en train de se plaindre qu’ils gagnent pas beaucoup, des trucs comme ça. Bon ça, ça a toujours été plus ou moins. Mais à ce point là, un mal-être, enfin les gens ils en ont marre. Ouais c’est vrai qu’il y en a plein, de plus en plus. Le peu de gens avec qui je parle maintenant. En dehors de ceux du département.

Notre entretien va se terminer. Est-ce que vous voulez ajouter quelque chose d’important pour vous ?

Non je pense que j’ai exprimé vraiment, enfin exprimé, notamment un ras le bol quoi ? Je suis arrivé à un stade. Peut-être que ça fait longtemps que je suis là aussi. Peut-être que c’est ça aussi que. Mais je pense pas parce que si les gens changent pas, si, des trucs comme ça, je vois pas pourquoi. Surtout au boulot. Au bout d’un moment c’est la routine.

Oui à un moment ça peut se détériorer mais c’est pas le travail qu’a changé

Non enfin moi j’ai vraiment senti quand j’ai eu mon accident de moto en décembre. En décembre c’était ? ou en, en novembre je crois. En septembre y a eu un truc. Non en octobre peut-être. Octobre ou novembre. On est en 2008. En 2006 ça devait être. Ouais 2006 ou 2005 je sais plus. Non 2006 je crois. Là vraiment ça m’a. Vraiment ça a vraiment démarré de là. J’ai senti (…). Personne n’a appelé. Moi j’ai personne qui m’a appelé. Je trouvais ça bizarre. Je me disais tiens c’est bizarre personne prend des nouvelles c’est quand même. Alors qu’avant c’était pas du tout comme ça. J’ai eu un technicien qui m’a appelé pour voir quand même si ça allait, des trucs comme ça. Et qui m’a dit écoute, viens avec ton plâtre, un truc comme ça parce que, les gens y croient pas. Alors c’est là je me suis dit merdre, ils se foutent de ma gueule ou quoi. Alors effectivement le médecin il m’a arrêté, ben il m’a arrêté, il m’arrêté hein. Je veux dire, j’pouvais pas conduire de voiture de toute manière, je pouvais pas conduire de moto, j’y arrivais plus. Et puis voilà. C’est vrai que j’avais mal. Quand je faisais des mouvements j’avais mal. Donc lui le médecin, il a jugé de m’arrêter. Bon ben, il est médecin, je suis pas médecin moi hein. Je veux dire, moi s’il me dit de m’arrêter je vois pas pourquoi j’irais contre. C’est un pas une fois que j’serais enterré que, (l’EC) elle va me dire ah ben nous on regrette, si on avait su. Donc. Et c’est vrai c’est à ce moment-là ça m’a. Depuis ce moment-là c’est vraiment. Ça m’a vachement. Mais j’ai dit à ma femme, j’ai dit. J’étais bizarre, j’ai failli repartir ça m’a. Même à une collègue je l’ai dit. Qui est assistante de directeur, enfin la secrétaire. Je lui ai dit, on en a parlé. Je parle beaucoup avec elle.

C’est bien

Et elle m’a dit, et ben dis donc. Ah ouais j’ai failli repartir, enfin franchement, je me demandais ce que je faisais là quoi. (…). Alors bon je me suis dit, bon c’est provisoire, c’est passé. C’est passé plus ou moins. Puis après quand j’ai eu mon problème de dos alors là, ça y est rebelote. (…). Et puis moi quand les gens ils s’arrêtent, ils s’arrêtent hein. J’ai aucun jugement sur eux. Si ils sont arrêtés c’est qu’il y a une raison. Mais eux oui, il faut que. Eux si ils s’arrêtent c’est pas grave. Ma chef elle a été arrêtée parce qu’elle est tombée dans les escaliers, enfin à la (nom d’un lieu de l’établissement). Elle s’est fait mal à l’épaule, elle s’est cassée le truc, moi j’étais pas cassé, j’ai eu un écartement des deux os, je sais pas comment ils appellent ça. Donc à la limite moi c’était plus long qu’elle parce qu’elle elle mettait un plâtre et bon une fois qu’elle bouge plus ça va se reconsolider tandis que moi c’était beaucoup plus long, j’avais rien, j’avais pas de plâtre, on pouvait rien mettre.

Vous n’aviez pas la preuve alors

Non j’avais même pas la preuve. Au moins j’aurais eu le plâtre, j’aurais pu venir avec le plâtre. Donc j’avais une atèle, qu’il fallait que je mettre de temps en temps, qu’il fallait que j’enlève aussi parce que je pouvais pas rester trop avec l’atèle. Et elle, à la limite, c’était pas grave, c’était normal elle, c’était pas du chiqué. Alors du coup j’ai pas pris de nouvelles non plus. Enfin. C’est pas mon style non plus. Donc je demandais à mes collègues, voir comment ça allait mais pas tout le temps quoi. Par contre je l’ai pas appelée. Et elle, elle m’a dit ah j’ai essayé de vous joindre, mais vos numéros marchent pas ! J’ai dit ah bon ben pourtant, mon numéro fixe c’est toujours le même. Ppp. C’est une excuse. Mais bon c’est pas grave hein. Mais c’est vrai que ça m’a. Depuis cet accident de moto ça m’a vraiment fait. C’est ce qui a tout déclenché en fait j’crois. Si y avait pas eu mon accident de moto peut-être qu’on en serait peut-être pas là.

Je lui répète qu’il est important qu’il en parle, qu’il sollicite des personnes. L’entretien revient sur la question du lundi, jour de sa convocation.

Il répond

Lundi je verrais. J’espère que ça va bien se passer quoi mais bon. Le problème c’est que moi je me connais et quand j’arrive à un stadecomme ça, si ils me font trop chier, je vais les envoyer balader quoi. Et c’est justement j’ai pas envie de claquer la porte.

C’est-à-dire ?

Si c’est moi qui ai claqué la porte et là j’aurais fait une faute. Et là ils vont s’en servir donc. C’est ça le problème. Parce que moi je me connais. Au bout d’un moment quand j’explose. Je suis quelqu’un de très patient, je peux encaisser beaucoup de choses mais quand ça arrive à la limite, dès que j’explose, c’est fini quoi. Et moi je suis capable de claquer la porte et rentrer chez moi. Là c’est une faute grave. Après c’est licenciement, sans chômage, sans rien. Mais c’est ce qu’ils font aussi. Ils me poussent à bout comme ça.

D’après vous, ils savent où ils veulent aller ?

Je pense qu’ils aimeraient bien que je parte. Ils ont besoin de récupérer de la masse salariale de toute manière. Et puis mon collègues qui m’a remplacé les deux jours, lui il a envie de monter au bureau donc bon. Du coup je pars, ça laisse la place. Maintenant je sais pas si. Et puis c’est bizarre qu’ils me convoquent comme ça je veux dire. Y a eu deux personnes qu’ont été absentes, ils ont appelé le matin, y a pas eu de souci, j’veux dire. Là ils me convoquent pour un truc. Bon c’était la DRH. Ça aurait été une autre direction, y aurait pas eu de convocation. Je veux dire, je vois bien qu’ils. Alors que moi je pose la question, j’ai jamais rien demandé, j’ai jamais été réclamé une augmentation, j’ai jamais, j’ai jamais fait des histoires. J’ai fait une seule fois grève, là dernièrement. Parce que c’est vrai j’en avais tellement marre aussi. Je me suis dit après tout. Et là ma chef elle a été étonnée parce que j’ai jamais fait grève et puis, j’étais contre la grève parce bon, je trouve que ça sert à rien et que c’est pas comme ça qu’on va arriver à obtenir des choses. Ou alors faut vraiment que tout le monde fasse grève, mais si c’est que dix personne, ça sert à rien. Moi j’ai fait grève pendant deux jours je crois, u deux demi-journées, je sais plus ce qu’il y a avait eu à (l’EC). Parce que j’avais un ras le bol. Je voulais montrer que j’avais un ras le bol.

Vous étiez le seul dans le service ?

Non, on était plusieurs. Mais moi j’avais jamais fait grève. Je veux dire ma chef elle m’avait demandé, elle m’a dit ah bon ? Je lui ai dit ben oui, je fais grève. Et là j’ai vu qu’elle faisait la gueule. Comme les entretiens individuels. Les entretiens individuels, qui se passent chaque année. Et je crois que c’était l’année dernière je crois. Enfin nous on l’a pas fait parce que c’était en arrêt maladie, du coup y en a pas eu. Je sais pas si les autres ils les ont eu dans le département mais moi j’en ai pas eu.

Et l’année dernière

L’année dernière j’ai pas voulu le faire. J’ai refusé de le faire. Ma chef elle me dit faîtes un mail comme quoi vous refusez. J’ai dit non je fais pas de mail. C’est pas une obligation. J’ai pas envie de le faire. Donc là elle était emmerdée. Et du coup mon directeur m’a convoqué. Il m’a demandé pourquoi. Et c’est là que je lui ai dit, comme ça n’allait pas. Il m’a dit écoutez je vous demande de le faire quand même. Et je lui dis si je le fais pas ça fait quoi ? Ime dit ben, ça veut dire que vous êtes contre l’autorité, que vous refusez l’autorité de votre chef. Ben je dis ouais mais c’est un peu ça en fait. Et il m’a dit ouais mais je vous demande de le faire, pour pas que ça pose de problème dans sa direction. J’ai dit OK pour vous je le ferais alors. J’l’ai fait quoi mais. Nan mais ça prouve bien que j’ai tirer une sonnette d’alarme quoi, déjà avant. Mais ça n’a rien fait quoi, j’veux dire ça a pas changé. Et cette année si on devait le faire, je voulais pas le faire. Là je l’aurais pas fait. Même si il me l’aurait demandé. Mais bon y en a pas eu. Alors je sais pas si les autres ils l’ont eu. Peut-être que dans le département ils l’ont eu. Mais moi je l’ai pas passé du coup. Ppp. Parce qu’elle était absente. Et puis. Je pensais que ça allait se faire après. C’est pas fait. Donc je sais pas si y eu ou pas.

Posez la question ?

Ouais, faudrait que je pose la question pour voir.

Bien, nous allons nous arrêter là.

Je lui conseille de se mettre en contact avec le médecin du travail

Le médecin m’a dit d’y aller hein, mais bon c’est moi qu’ai pas envie d’y aller. Mais peut-être que j’irai. Parce qu’effectivement, si jamais ça doit aller plus loin pour x raison, qu’ils veulent me virer ou un truc comme ça, au moins j’aurais, j’aurais au moins des traces quoi. (…). Moi je la vois pour la visite médicale. Et je l’ai vu aussi par rapport à mon boulot, aux accidents du travail.

Je lui indique que je reste également disponible.

Il parle ensuite de l’enregistrement

Ok. Donc, ça a bien marché votre truc là. Parce que je répète pas tout ce que j’ai dit hein, je m’en souviens plus hein.