Nous allons nous pencher sur les relations entre les différents mondes, en partant du monde inspiré, du monde domestique, et du monde civique (correspondant aux artistes et à l’éducation artistique). Le monde de l’opinion, le monde marchand, et le monde industriel sont un peu éloignés de la question de l’art à l’école même si certaines tensions ou oppositions qui en découlent trahissent une proximité implicite.
L’opposition mise en œuvre entre ces mondes va nous permettre de mieux comprendre la question de l’art à l’école et de mettre en évidence les principes concernés dans ces tensions, oppositions, proximités et compromis.
Ces trois derniers mondes sont donc traités dans leurs interactions avec les mondes inspirés, domestique et civique, et examinés à travers l’étude de situations critiques dans lesquelles les êtres relevant de plusieurs natures sont simultanément mis en valeur. Cette étude tente de montrer la pertinence de l’analyse des opérations de justifications qui sont au cœur des argumentations discursives des individus.
La démarche de Luc Boltanski et Laurent Thévenot consiste à considérer que les êtres humains, à la différence des objets, peuvent se réaliser dans différents mondes. Chaque personne devant affronter quotidiennement des situations relevant de mondes distincts et devant savoir les reconnaître et se montrer capable de s’y ajuster.
La construction d’un univers soumis à une contrainte de justification, c’est-à-dire de mise à l’épreuve par la critique, suppose le déploiement de différents mondes dont les objets accessibles à tous permettent la mise en valeur, et par-là, “la maîtrise pratique des justices fondées en principes 113 ”.
De la justification, Les économies de la grandeur, Ibid., p. 290.