1.2. Le projet patrimoine création, les marionnettes : Guignol sur la route de la Soie
Logique d’efficacité et de productivité, tâches exécutives

1.2.1. Présentation du projet

Ce projet s’inscrit dans trois domaines artistiques et culturels, que sont le théâtre, le patrimoine et les arts plastiques. Il s’intitule précisément « Patrimoine et création : Guignol sur la route de la Soie ». L’école est située dans la banlieue lyonnaise, l’école est classée REP (réseau d’éducation prioritaire). Elle comporte dix classes dont une CLIS. La classe concerne trente élèves de CM2. Cette classe est la seule de l’école présentant un projet artistique et culturel. L’enseignant a pris contact et est en partenariat avec une compagnie de théâtre de marionnettes utilisant la mascotte de Lyon : Guignol. Le budget prévu pour ce projet est de 1424 euros. Les dépenses prévues concernent les achats et fournitures (matériaux pour fabriquer les marionnettes et les décors : 200 euros, les prestations : 3h de visite de l’atelier : 93 euros, les vacations horaires des artistes en intervention à l’école s’élevant à 651 euros pour 21 heures, le défraiement et la conception 150 euros, les places de spectacle pour la représentation de Guignol (150 euros) et deux déplacements en car : 180euros). Pour financer cela, l’enseignant met 200 euros de son budget classe, compte sur la coopérative de la classe (300 euros), la participation venant d’un autre projet : le projet Europe (Coménius) sur l’école pour trois ans (150 euros), une subvention demandée à la commune (180 euros), une subvention demandée à l’Education Nationale d’un montant de 594 euros. L’inspection académique a approuvé le projet et a alloué un budget d’un montant de 400 euros.

Il existe au sein de l’école un projet Europe depuis un an, et ce pour les deux prochaines années. Ce projet d’échange culturel entre plusieurs pays européens est basé sur l’échange du patrimoine artistique (danses traditionnelles, costumes traditionnels, fêtes nationales…). Si l’année précédente l’échange s’est articulé autour de la danse, l’enseignante trouve intéressant de proposer une nouvelle entrée pour cette nouvelle année scolaire. Elle souhaite travailler autour du personnage de Guignol pour découvrir et transmettre l’une des traditions lyonnaises référentes du patrimoine culturel lyonnais aux petits correspondants européens. Les objectifs prioritaires s’articulent autour du « dire, lire, écrire » des domaines de la maîtrise de la langue (littérature, production d’écrits…) et des arts visuels. Les indicateurs d’évaluation sont :

« raconter l’histoire de sa ville à travers l’une de ses traditions, réaliser et manipuler des décors et des marionnettes, créer et écrire un texte de fiction de manière collective ».

Le projet s’est construit autour de l’ « attachement personnel et particulier à ce personnage de Guignol 201  » d’après l’entretien de contact avec l’enseignante réalisé en novembre. Il s’avèrera par la suite que la sœur de l’enseignante est intermittente du spectacle et est artiste dans cette compagnie de théâtre de marionnette. L’enseignante connaît bien cette compagnie de théâtre. Les attentes de l’enseignante concernant le projet tournent autour de l’esthétique du projet (« créé de belles choses »), du plaisir, de l’opinion (« un truc grandiose »), et de la préoccupation pédagogique purement scolaire (fonctionnement de récit, recherches sur internet, exposé sur la ville…). Elle attend des élèves qu’ils soient sages, disciplinés et qu’ils s’investissent dans le projet. L’objectif principal comportemental est qu’ils arrivent à travailler ensemble (« qu’ils acceptent et les bêtises de l’un et les idées géniales de l’autre, qu’ils apprennent à débattre, qu’ils s’écoutent 202 … »).

Suite à cet entretien de contact réalisé en novembre en début de projet, l’entretien de suivi du projet précédent la séance observée s’est déroulé fin avril. Dans ce second entretien, l’enseignante remarque quelques effets tels que les élèves arrivant à travailler « un peu plus » ensemble, ils ont appris à se respecter. Au niveau disciplinaire : « ils comprennent maintenant le terme de patrimoine, ils ont emmagasiné du vocabulaire très spécifique ».

L’enseignante ne semble pas sentir de modifications par rapport au projet écrit validé, et se déclare « satisfaite ».

L’observation de séance est très riche en remarques et en comportements de la part de tous les acteurs (élèves, enseignante, artistes). Les ordres adressés aux élèves fusent dès le début de la séance, par l’enseignante et par les artistes. Les élèves sont répartis dans deux préfabriqués juxtaposés servant d’ateliers. L’enseignante se déplace beaucoup entre les deux salles pour surveiller, faire des remarques auprès des enfants, et donner des ordres ; ainsi qu’en dehors des préfabriqués pour rejoindre le bâtiment principal, aller chercher du matériel que l’artiste a demandé en cours de séance, accompagner des élèves aux toilettes, etc.

La première salle est consacrée à la fabrication des marionnettes, beaucoup de tissus et de matériaux jonchent le sol et sont éparpillés sur les tables en bois. Une artiste s’occupe des élèves en pleine fabrication de leur marionnette, les aide avec le pistolet à colle chaude, etc.

Les décors sont réalisés et peints dans la seconde salle, de grands panneaux de cartons sont prêts à être peints ou sont en train de sécher. Les élèves font ce qu’ils peuvent, selon leur adresse dans leur manière de peindre, ce qui déplaît à l’artiste et ne se gêne pas de leur faire remarquer.

En fin de séance, un groupe d’élèves accompagné du directeur fait irruption dans les préfabriqués, filment les élèves en train de terminer leur activité (assemblage, collage, peinture). L’enseignante range petit à petit les tables et termine par passer le balai (il y a beaucoup de chutes de tissus et de laine servant aux cheveux des marionnettes qui jonchent le sol…) dans le va-et-vient des enfants non occupés.

Notes
201.

Entretien 1 de contact, p.1.

202.

Entretien 1 de contact, p.6.