2.2. L’artiste prend la place de l’enseignant (Projet Danse contemporaine et musique traditionnelles)

L’enseignant définit sa fonction en tant que coordonnateur de projet, « c’est moi qui vais avoir le suivi de semaine en semaine, donc je suis le coordinateur d’un projet, je suis celui qui en assure la continuité, je vais plutôt coordonner le projet et puis le faire vivre entre les moments » il se pose la question de la temporalisation du projet. L’artiste intervient ponctuellement lors de quelques séances alors que l’enseignant est présent tout le temps. L’enseignant est le garant de l’espace et du temps, caractéristique de la forme scolaire, et il insiste à nouveau sur le rôle de coordination.

Tout au long de l’entretien, l’enseignant définit ses fonctions de plusieurs façons.

Quand l’enseignant parle de la fonction de l’artiste « elle amène des compétences techniques, c’est une artiste donc elle a l’habitude de travailler dans les classes à PAC », il lui donne un statut qui n’est plus celui d’artiste mais celui d’une sorte de professionnelle des classes à PAC. Par exemple, c’est elle qui va élaborer une « consigne », une fiche de préparation d’une activité, et qui va soumettre son travail par mail à l’enseignant.

On note une situation triangulaire « échange entre elle, moi et les enfants, et on fait évoluer le projet … ».

La thématique de l’énergie est présente à plusieurs reprises, notamment à la question « qu’attendez-vous des élèves ? », l’enseignant en retire des choses positives : « la concentration, l’attention, l’énergie qu’ils ont », il fait part en quelque sorte de la gestion de la part de violence229 qu’il y a dans l’école, dans le sens où trop de remous nuisent au bon déroulement de la classe, et que la gestion, la canalisation de ces énergies par un moyen (ici la pratique artistique) soulagent et favorisent un climat de classe serein.

L’enseignant aborde la manière de mettre en œuvre le projet, et sa manière d’envisager la collaboration avec l’artiste, il dit : « elle arrive à proposer des consignes ». C’est une chose un peu étonnante, car un artiste n’est pas là pour poser des consignes. L’artiste s’est plié à la forme scolaire très clairement, on sait que tout artiste ne fonctionne pas par consigne, qui est propre au domaine scolaire. L’artiste fonctionne avec des contraintes matérielles, plastiques, spatiales par exemple, mais pas avec des consignes qui relèvent du langage (phrase d’appel, d’impulsion, question, affirmation, etc.) adressé à des élèves.

À la question « comment allez-vous vous y prendre ? » Il construit une sorte de scénario pédagogique : « poser les consignes, on va couper le groupe en deux, on sera présents tous les deux au niveau du groupe, …les spectateurs, les danseurs… ». Entre le scénario pédagogique projeté, et puis ce qui se passe vraiment et les rôles effectifs, voir même dans ce que l’enseignant dit après la séance, certains points ont changés : on passe de valeurs centrées sur la cité inspirée (créativité, développement…), à des valeurs scolaires de gestion humaine (concentration, attention), de production et d’efficacité (production écrite, répétitions, préparation de séance par l’artiste et non par l’enseignant…) .

Notes
229.

au sens de Jean-Loui Derouet.