Entretien 2 Projet “ Guignol sur la route de la soie ”

Entretien L. U, le mardi 24 avril 2007

Ecole primaire La S., D., classe de CM2, 24 élèves.

Patrimoine : Guignol sur la route de la Soie

Virginie RUPPIN : 1) Quels travaux les enfants ont-ils réalisés à l’heure actuelle dans ce projet ?

L. U. : Alors, bin tout ce qui est recherche déjà autour de Lyon, de son patrimoine de la culture Lyonnaise en règle générale, recherche en bibliothèque, recherche sur internet, donc ils sont en train de constituer des documentaires là-dessus. Ils ont écrit l’histoire de leur spectacle, inspirée de l’histoire des Canuts, et fabrication de marionnettes et décors pour leur spectacle de marionnettes.

V.R. : 2) Quelle place avez-vous pour l’instant dans ce projet ?

L.U. : Médiateur ! Non c’est vrai que pour l’instant je me sens vraiment médiateur entre les intervenantes, ma classe, entre l’ordinateur et l’élève, entre le livre et l’élève, voilà, je les aide à un petit peu à mettre en place les choses mais sans, sans faire à leur place, et sans… voilà.

V.R. : 3) Quelle place l’artiste occupe t’il à l’heure actuelle dans ce projet ?

L.U. : Euh, bin une place importante au niveau de tout ce qui est plastique, en fait, dans la fabrication des marionnettes et des décors ce qui va donner vraiment le corps au spectacle quoi. Donc ils les aident à fabriquer les marionnettes, fabriquer les décors et puis après manipuler.

V.R. : 4) Qu’avez-vous fait concrètement (en termes d’actions de l’enseignant) ?

L.U. : Bin en fait souvent quand, entre deux séances d’intervention des artistes, moi je retourne en salle d’arts plastiques avec eux et donc on refait, donc en fait je me calque un peu sur ce que les artistes ont fait pour à nouveau, enfin leur donner les conseils qu’il faut pour les costumes, pour coller, pour avancer en fait le travail entre deux séances quoi, donc ça je voilà, je me calque sur ce que j’observe en séance où les artistes sont là et je reproduis les séances pour que ça aille plus vite, et puis, voilà, au niveau de la classe, mon rôle est celui d’enseignante au niveau des recherches qu’ils font, de la formulation des phrases ou ce qu’ils vont mettre dans leurs documents, de la production d’écrits qu’ils ont faite, on a corrigé ensemble des choses, on a retravailler sur des dialogues, je les accompagne quoi en fait.

V.R. : 5) Comment vous vous y êtes pris ?

L.U. : Bin déjà on essaye d’associer différents cas : un enfant qui serait très à l’aise et un moins à l’aise, ou plus en difficulté, déjà moi j’essaye souvent de les associer pour que l’un attire l’autre vers le haut et que chacun essaye de trouver sa place, ou sinon bin j’essaye le plus possible de faire attention à ceux qui sont un peu euh, un peu derrière pour les solliciter un peu plus, que ce soit au niveau de l’écrit ou au niveau de leur présence en salle d’arts plastiques, mais en même temps je n’ai pas envie de les mettre dans des situations où ils seraient mal à l’aise quoi non plus, par exemple un enfant qui vient me voir en me disant qu’il ne souhaite pas manipuler ou qu’il ne souhaite pas parler pendant le spectacle, enfin jouer le rôle d’un personnage, je ne le forcerait pas à le faire quoi, il fera autre chose au niveau du spectacle, parce que je sais que ça peut être… Je ne vais pas les forcer à être dans des rôles qu’ils ne maîtrisent pas et pour lesquels ils ne seraient pas forcément à l’aise, puis pas contre, pour ceux qui sont un peu envahissants et très présents, moi j’essaye un peu de cadrer et de limiter leurs interventions, de leur faire comprendre qu’il faut laisser aussi la place à ceux qui ont plus de mal. C’est beaucoup d’observation des élèves, moi je les connais bien aussi maintenant donc, je connais leur tempérament, leur caractère, leur manière de réagir donc j’arrive un peu à anticiper leurs réactions en règle générale.

Généralement, ils comprennent bien ce qu’ils font avec les artistes, donc ils savent. Il y a des séances où l’on essaye de réitérer pour que tout le monde puisse avoir fini son travail pour ne pas prendre du retard. Etant donné que l’on est limité en heures d’intervention, je ne peux pas me permettre de doubler pour le même travail…

V.R. : 6) Quels effets comportementaux avez-vous remarqués ?

L.U. : Alors c’est vrai que ce sont des activités assez excitantes pour eux, ce qui est normal hein. Je pense que dans n’importe quel milieu, fabriquer des marionnettes, toucher à la peinture, tracer, couper etc. c’est toujours très excitant pour eux, donc c’est vrai que je remarque quand même qu’ils sont assez agités, mais quand même depuis le début ils sont à l’écoute de ce que les intervenants leurs disent de faire, y’a beaucoup d’intérêt, donc ils sont capables quand même de se canaliser à un certain moment, il y a de l’excitation mais par moment ils savent que c’est dans leur intérêt d’écouter ce que les comédiens leurs disent, au niveau de la fabrication, de la manipulation tout ça, ils ont un grand intérêt en fait. C’est vrai que moi au départ, je m’étais dit : bon les marionnettes au CM2 : je ne savais pas trop ce que ça allait donner, je me demandais si ça n’allait pas être un peu décalé, mais en fait pas du tout quoi. Le fait de tout faire de A jusqu’à Z, pour eux c’est, ça les passionnent vraiment, ils sont tous rentrés dans le projet. Là faut cadrer un peu quoi, au niveau de la discipline, il faut cadrer un peu.

V.R. : Des remarques comportementales au niveau de l’entraide ?

L.U. : Ça, ça a été quelque chose d’un peu difficile à… alors pas au niveau de l’entraide parce que c’est un groupe quand même assez solidaire, ils se connaissent depuis très longtemps et puis il y a un assez bon esprit de groupe quoi, donc ça je n’ai pas eu trop de soucis de ce côté là, par contre c’est au niveau du partage des tâches, c’est-à-dire, qu’ils ont mis du temps à comprendre que les marionnettes c’était un travail collectif, c’est pas parce qu’on a commencé sur une marionnette que l’on va finir sur cette marionnette et que c’est « nôtre » marionnette, vraiment leur faire comprendre que c’est que du travail collectif. C’est pas parce qu’on a fait une séance sur les décors que la séance suivante on ne va pas faire de marionnettes, et que voilà. Donc vraiment aller sortir du travail individuel quoi, de dire moi je fais ça pour moi et puis c’est moi qui ai fait… ah bin non, moi j’avais commencé comme ça pourquoi tu as fini comme ça, c’est pas beau, non, donc vraiment leur expliquer que la totalité du travail de la création du texte jusqu’à la représentation c’est quelque chose de collectif. Qu’ils commencent à le comprendre, c’est vrai qu’au début certains se mettaient en colère parce que ils avaient imaginé une marionnette de telle manière et ceux qui ont pris la relève la séance suivante l’on fait différemment, mais là ça commence à passer quoi. Ça commence à passer.

V.R. : 7) Quels effets pédagogiques avez-vous remarqués ?

L.U. : Ils arrivent un peu plus à travailler ensemble je trouve quand même, parce qu’entre les groupes de recherche en classe, où ils travaillent par deux ou trois sur de la recherche documentaire etc. des groupes de travail en ateliers où ils sont toujours au moins deux sur une marionnette, où sur un décors, ils étaient, quand on a fait les deux décors de fond ils étaient six et six sur une toile donc ils ont quand même appris à se respecter les uns les autres, à essayer de ne pas se pousser quand on se gêne, enfin voilà tout ça, ça a quand même un, au niveau de la tolérance, entre eux, même si c’était déjà un groupe qui existait, je pense qu’ils ont appris quand même à travailler différemment ensemble quoi. Après, au niveau disciplinaire, il y a tout le travail sur l’histoire de Lyon, je pense qu’ils comprennent maintenant le terme de patrimoine, ils ont emmagasiné du vocabulaire très spécifique au monde des Canuts, au monde des marionnettes. Voilà, pour eux maintenant voilà, ils savent qu’une marionnette c’est il y a une gaine, ils ont cousu les gaines, ils ont voilà, le métier à tisser ils savent ce que c’est, voilà, et puis il y a un petit vocabulaire Lyonnais aussi, traditionnel du patois Lyonnais qu’ils ont emmagasiné aussi, les Canuts c’est vrai qu’ils connaissent l’histoire des Canuts, c’est des choses qu’ils ne maîtrisaient pas du tout.

V.R. : 8) Y’a t’il eu certaines modifications par rapport au projet écrit validé (en termes de changements ou d’adaptations) ?

L.U. : Pour l’instant pas trop, il ne me semble pas, vraiment toujours dans la lignée production d’un texte, patrimoine et connaissance de l’histoire de Lyon et de ses traditions, autour de la marionnette de Guignol, pour l’instant on colle assez bien au projet je trouve. Après ça sera en terme d’heures d’intervention et de… y’en aura peut-être un peu plus, où du coup je pense que, enfin bon après c’est personnel quoi, mais je pense que je vais être frustrée par ce que j’avais pu imaginer, ce qu’on va pouvoir réellement faire en temps et heures, c’était peut-être un projet ambitieux pour ce que l’on me propose quoi, c’est ce que je vous disais tout à l’heure mais bon.

V.R. : 9) Quelques mots pour conclure quant à l’avancée de votre projet ?

L.U. : Moi je suis satisfaite, il me faudrait plus de temps je le répète encore, plus de temps d’intervention mais aussi plus de temps moi dans ma classe avec juste un groupe ou deux où je puisse vraiment les aider à constituer leurs affiches, à aller sur l’ordinateur, c’est vrai que c’est une organisation, bon bin quand on a vingt-quatre élèves, on ne peut pas faire exactement ce que l’on souhaiterait faire, le plus correctement possible quoi, je dirai. Mais bon, ceci dit ça avance assez correctement je m’étais fixé mi-mai, pour la conclusion du projet, là ? point d’interrogation, je ne sais pas trop ce que ça va donner, on essaye de faire… on va essayer de faire avec quoi.

(fin de l’entretien)