Entretien 1 Projet « A la rencontre des danses traditionnelles et contemporaines »

Entretien O. G., le mardi 6 décembre 2006

Ecole primaire, V., classe de CP, 25 élèves.

Virginie RUPPIN : 1) Pour quelles raisons avez-vous choisi ce thème ?

O. G.: Le thème est les danses traditionnelles comme point de départ pour une création plus contemporaine. Il y a plusieurs raisons à ce choix. La première raison c’est que j’en avais fait un cycle danse l’année dernière avec une intervenante de la ville de Villeurbanne et je m’étais aperçu qu’avec des CP c’était une activité qui était très porteuse au niveau moteur et puis même au niveau après de ce que l’on peut produire par la suite avec les enfants. De plus, au cycle 2, je trouve que c’est bien parce ils rentrent tous très facilement dans la danse, il n’y a pas de… les garçons ne sont pas encore en rejet de tout ce qui est un peu « féminin », après pourquoi la danse plus qu’autre chose, bon on va dire je pense que j’ai répondu, mais pourquoi traditionnelles ? Moi j’aime beaucoup la musique traditionnelle, donc on s’est mis d’accord un peu avec la danseuse, donc, elle est danseuse contemporaine, et donc on s’est dit on va partir du répertoire traditionnel en danse et en musique aussi pour nourrir une création plus contemporaine.

V.R. : 2) Quels travaux pour les enfants sont-ils prévus, à l’heure actuelle, dans ce projet ?

O.G. : Alors quels travaux… donc, au niveau de la danse il y a toute une approche au niveau du vocabulaire, au niveau du répertoire moteur en fait, donc on va travailler sur les actions, il va y avoir pas mal de phases aussi… On a prévu pas mal de mise au point, de bilan après les séances, donc là plus à l’oral. Au niveau de la production, on s’est dit que ce serait pas mal de produire quelque chose, mais on en n’a pas encore trop évoqué avec la danseuse, sinon qu’est-ce qui est prévu… On a prévu, en rapport aussi on a prévu une écoute de musique traditionnelle, et puis repérer les caractéristiques un peu musicales de ces musiques. Bon alors après c’est vrai qu’on peut… Au niveau de la danse, on va travailler sur l’espace, sur le temps aussi, elle va nous proposer un spectacle à voir, donc on va aussi travailler sur la reformulation de ce que l’on a vu et puis des émotions que cela peut susciter chez certains. Je crois que j’ai fait un peu près le tour. Après c’est vrai que là pour l’instant on va aussi redéfinir un peu mieux ça quand je vais la revoir, et puis on s’est dit aussi qu’on se donnait pas mal de marge de liberté pour pouvoir après aussi moduler notre projet en fonction aussi des réponses des enfants. La finalité est de prévoir un spectacle, on a imaginé de le présenter dans le cadre scolaire, aux parents, en utilisant une salle à Villeurbanne. Donc un spectacle créé par les enfants et aidé par l’artiste. Après, l’artiste ne va pas intervenir chaque semaine, elle va intervenir une semaine et puis moi je vais prendre le relais aussi entre temps pour continuer l’avancée du projet.

V.R. : 3) Quelle place comptez-vous avoir dans ce projet ?

O.G. : Alors, moi je me considère plus un peu comme coordonnateur d’un projet vu que en fait c’est moi qui vais avoir le suivi de semaine en semaine du projet. C’est vrai qu’au niveau technique de danse, c’est pas mon… je ne connais pas grand chose en fait on va dire, mis à part les… les projets qu’on a mené avec d’autres intervenants de danse, mais bon moi je vais plutôt coordonner le projet et puis le faire vivre entre les moments où elle va être présente et les moments où justement elle ne sera pas là. Parce que c’est vrai qu’après au niveau du budget, on a regardé combien de fois elle pouvait intervenir et on s’est dit que bon bin… c’est vrai que on voulait espacer un petit peu aussi les rencontres pour que le projet puisse s’étendre sur une période un peu plus conséquente parce que c’est vrai qu’on sait que les enfants ont besoin de répéter. Des fois, on leur propose des situations, c’est bien de leur faire refaire revivre une seconde fois la même situation pour voir comment ils intériorisent un peu ce qu’on leur dit. Donc oui, plutôt un rôle de coordination.

V.R. : 4a) Qu’attendez-vous de ce projet ? (attentes de l’enseignant)

O.G. : Les attentes de l’enseignant alors… moi c’est surtout pour qu’ils entrent dans le domaine du sensible, exprimer des choses avec son corps en fait, surtout ça, après je pense que ça peut être un bon moteur pour certains, pour les amener à parler et puis à écrire des choses. Mais c’est vraiment la première attente : je pense c’est l’entrée dans le domaine du sensible en lien avec des musiques et puis exprimer des choses avec son corps. C’est surtout ça.

V.R. : Avez-vous des attentes concernant le climat de la classe ?

O.G. : Oui, c’est vrai, enfin ça je ne le savais pas quand j’ai monté le projet, mais j’ai une classe qui assez difficile cette année. Ils sont très peu attentifs et concentrés, donc c’est vrai que par l’intermédiaire de ce projet c’est encore une façon de travailler aussi sur au niveau des compétences un peu transversales, au niveau de la concentration, parce c’est vrai qu’ils ont beaucoup de mal à se concentrer. Alors bon il y a eu d’autres projets entre temps, c’est vrai qu’on est parti en classe verte, y’a pas mal de choses qu’ont été faites dans cette optique là, de travailler la cohésion du groupe classe quoi. Mais là j’aimerai bien oui, effectivement qu’ils apprennent à… peut-être que ça leur permette de faire un travail sur eux-mêmes aussi. Parce que c’est vrai qu’ils ont beaucoup, ils ont du mal peut-être à gérer leur énergie en fait et peut-être que ça va permettre aussi un peu comme le théâtre avec des plus grands de gérer un peu ces tensions, l’énergie qu’ils ont un peu tout le temps quoi. Donc à être plus concentré. J’aimerai bien. Après je sais bien que ça n’est pas non plus magique quoi ! Il va falloir travailler mais…

V.R. : 4b) Qu’attendez-vous de l’artiste, intervenant ?

O.G. : Déjà qu’elle amène ses compétences techniques. C’est une artiste, donc elle a l’habitude de travailler en classe à PAC. En plus, moi ce que j’attends c’est qu’il y ait un échange entre elle et moi et les enfants, donc voilà. Que ça ne soit pas un projet…, je ne m’exclus pas du projet en fait, je veux qu’on travaille ensemble, et puis qu’on fasse évoluer le projet ensemble.

V.R. : 4c) Qu’attendez-vous des élèves ?

O.G. : Alors les enfants… alors bon, ça dépend beaucoup de nous aussi mais bon, déjà qu’ils rentrent dans le projet. J’aimerai bien qu’ils soient motivés en fait par ce qu’on va leur proposer et puis, ça revient un petit peu sur ce que l’on disait tout à l’heure, qu’ils soient motivés et puis qu’ils en retirent des choses positives au niveau de la concentration, de l’attention, et puis certains c’est vrai qu’au niveau du corps peut-être gérer un petit peu ce… l’énergie qu’ils ont tout le temps quoi. 

V.R. : 5) Que comptez-vous faire concrètement (en termes d’actions de l’enseignant) ?

O.G. : Là, ça c’est un peu difficile, concrètement, je pense que les séances, on va toujours lier les danses traditionnelles et la danse contemporaine dans une séance. Je pense qu’on va leur montrer des choses au niveau des danses traditionnelles, au niveau du rythme, au niveau de ce que l’on peut faire avec son corps et puis il y aura toujours le moment en danse contemporaine, où là on leur demandera d’être plus créatifs, on leur demandera de s’exprimer, peut-être de rechercher, on leur donnera des situations et puis de rechercher des actions qu’ils peuvent faire. Donc, je pense qu’il va y avoir à chaque fois deux volets dans une séance : un volet où on leur apporte du matériel en fait, et puis un volet plus créatif où là on les laisse un petit peu plus libres, on leur donne peut-être des contraintes et on les laisse s’exprimer et puis rechercher par rapport aux contraintes qu’on leur donne. Moi je le vois bien comme ça après… rentrer vraiment dans le détail de la séance, j’aurai peut-être un peu de mal à le dire maintenant mais bon c’était ça l’idée et on voulait vraiment que les deux soient mêlés à chaque fois, qu’on fasse pas du travail de danse et puis après faire que de la création, on veut que ça se nourrisse au fur et à mesure.

Moi je pense les accompagner et l’artiste plus les guider sur certaines phases. Et puis je pense que c’est important de les laisser aussi s’exprimer.

V.R. : 6) Comment allez-vous vous y prendre ?

O.G. : Je pense que l’on va se retrouver la classe entière, on va utiliser le gymnase en bas qui est une assez grande pièce. Au début on va être la classe entière et l’artiste va proposer les consignes, leur proposer des choses à faire puis en fonction de ce qu’on leur propose, je pense que des fois on va couper le groupe en deux, moi je gèrerai une demi classe et elle gèrera une demi classe sachant que le gymnase est assez grand pour que l’on puisse se mettre d’un côté et de l’autre du gymnase. Et puis peut-être sur des moments où ça ne dérange pas qu’on soit tous ensemble parce que on recherche individuellement sur un espace donné, je pense que là on sera tout les deux présents au niveau du groupe classe, et quitte après peut-être qui en est un qui donne les consignes et l’autre qui observe les enfants pour pouvoir après discuter avec eux de ce que nous on a observé. Là je pensais aussi à quelque chose dont je n’ai pas parlé qui me semble important, c’est que aussi on va proposer à des moments : on va couper la classe en deux et puis il y aura des spectateurs et des danseurs, donc aussi apprendre à regarder et à être spectateur.

V.R. : Pour affiner la question, dans la situation où un enfant n’y arriverait pas, à ce moment là comment allez-vous vous y prendre ?

O.G. : ça on n’y a pas beaucoup réfléchi. Par rapport à ce que moi j’ai observé l’année dernière, je pencherai plutôt pour une aide par le groupe classe, par un groupe d’enfants. En tout cas les mettre dans des conditions de réaliser quelque chose ensemble, parce que moi je me suis aperçu l’année dernière c’est que quand on leur donne une aide quand ils font tous quelque chose individuellement, un enfants par exemple qui n’a pas trop envie de se mettre en valeur si on vient à l’aider à ce moment là ça l’ennuie plus qu’autre chose, ça le met encore plus sur la sellette et ça ne l’aide pas particulièrement à dépasser peut-être ses appréhensions ou ses peurs. Donc non, je pense plutôt proposer oui des situations où si l’on propose quelque chose à réaliser en groupe où de toutes façons l’entraide est obligatoire pour arriver au but.

V.R. : 7) Quels effets comportementaux seraient en mesure d’être attendus ?

O.G. : Moi c’est au niveau de l’écoute des consignes, donc qu’ils soient plus à l’écoute des consignes, peut-être aussi qu’ils se fassent vraiment acteurs du projet. Pour justement, s’ils disent que c’est leur projet, qu’ils vont arriver à une création etcetera, bin quand on est acteur effectivement on pense moins peut-être à s’amuser, on prend part vraiment au projet, et moi ce que j’attends c’est vrai que si ça pouvait au moins peut-être permettre à certains réguler un peu leur énergie, leur réguler leur prise de parole, ça peut être intéressant. Après, on va réguler un peu le projet en fonction de ce que l’on va voir, pour l’instant, oui j’aimerai bien que ça ai un effet positif au niveau du groupe classe mais… je ne sais pas bien à quoi m’attendre en fait.

V.R. : 8) Quels effets pédagogiques seraient en mesure d’être attendus ? (en terme d’apprentissage)

O.G. : Au niveau pédagogique, je pense un enrichissement du répertoire moteur, pouvoir nommer aussi les actions qu’ils font, être capable de s’investir dans une démarche de création à plusieurs, ça aussi c’est important, c’est vrai que quand on travaille en danse, on travaille à plusieurs et pour l’instant, j’ai beaucoup de mal à les faire travailler en groupe, ils sont plutôt dans le conflit et bin là, ce serait bien de les faire rentrer justement dans une réalisation de groupe.

Au niveau pédagogique, qu’ils apprennent aussi au niveau des techniques, quelques techniques de danse. Qu’ils puissent être acteurs de leur création, qu’ils apprennent aussi qu’au théâtre il y a les spectateurs et aussi les danseurs, qu’ils voient les deux côtés de la chose et puis au niveau du projet comme on va écouter des musiques qu’ils soient peut-être aussi capable de repérer dans une musique au niveau du rythme qui ressentent certains éléments musicaux qui sont importants finalement pour la danse.

V.R. : 9) Quels sont les principes, d’après vous, que véhiculent ce projet ?

O.G. : Ce qui me vient en tête comme ça, moi je dirai de l’entraide, puisqu’on va travailler ensemble. C’est difficile comme question. Moi c’est surtout ça qui me vient en tête. Entraide : oui c’est un peu les grands principes fondateurs de la fraternité. C’est tout ce qui me vient pour l’instant en tête.

V.R. : 10) Quelles sont les valeurs, d’après vous, que véhiculent ce projet ?

O.G. : C’est là qu’on s’aperçoit que finalement les définitions des mots on a du mal des fois à…

Donc bin les valeurs, je reviens sur ce que je viens de dire c’est les valeurs d’entraide, coopérer aussi parce que c’est vrai que c’est un peu différent la coopération et l’entraide. C’est peut-être des valeurs esthétiques aussi, développer un goût en fait, un goût pour l’esthétique de la danse et puis de la musique.

V.R. : 11a) La constitution (formulation...) d’un dossier de demande de PAC nécessite t’elle la consultation des instructions officielles ?

O.G. : Oui, moi j’ai regardé les programmes pour écrire mon projet pédagogique.

V.R. : 11b) Est-ce que vous avez utilisé les instructions officielles pour donner un contenu pédagogique au dossier du projet ?

O.G. : Oui.

V.R. : 11c) Si oui, comment vous êtes-vous emparé de ces I.O. ?

(comment les avez-vous mobilisées ?)

O.G. : On est parti déjà de nos envies en fait, on en a discuté avec la danseuse des envies qu’on avait. On est parti un peu de ce qu’elle avait déjà réalisé, et à partir de nos envies après on a regardé aussi dans le contenu des instructions officielles, quel était, à quoi on faisait référence finalement quand on partait sur… dans ce sens là quoi. Donc oui, on est parti d’abord de nos envies pour ensuite voir au niveau des instructions officielles si on était complètement à côté de la plaque ou si on était bien dans les I.O. quoi.

V.R. : 12) Quelle distance (écart) existe-il, selon vous, entre la trace écrite du dossier de validation et la mise en place concrète sur le terrain ?

O.G. : Je pense que je répondrai mieux à cette question à la fin du projet déjà. Sinon, bin la distance c’est que le projet comme il est très théorique finalement, là on a écrit finalement les grandes lignes de notre projet, sachant que la mise en place, bon bin là on va revenir, je pense qu’on va faire des préparations beaucoup plus détaillées. Là y’a rien de pratique finalement dans le projet. Deux trois petites choses sur comment vont un peu se dérouler les séances, mais je veux dire, y’a rien vraiment de très pratique, après je pense qu’on rentrera vraiment dans le vif du sujet au fur et à mesure, là on va se voir, là je pense qu’on va préparer déjà plusieurs séances, et puis on fera un point plus tard. Donc vraiment, c’est vraiment les grandes lignes théoriques du projet quoi.

V.R. : Parce que c’est votre première classe à PAC ?

O.G. : Oui. Mais je pense que ça doit se passer comme pour les classes vertes, la première fois qu’on part, je pense qu’il y a quand même un écart entre ce qu’on prévoit et ce qu’on fait sur le terrain et quand on le refait une deuxième année on arrive mieux déjà à prévoir ce qu’on va faire. Qu’en on refait une deuxième fois après, c’est vrai que c’est plus bénéfique parce qu’on arrive mieux à se projeter finalement dans ce qu’on va pouvoir faire, alors je suppose que, ça je le saurais à la fin, mais je pense qu’une classe à PAC ça doit être un peu la même chose. Une première fois on essaye, et puis la fois suivante peut-être qu’on arrive mieux à cerner tout de suite les intérêts et puis où on va pouvoir aller avec notre classe quoi.

(fin de l’entretien)