Entretien 2 Projet danse et arts visuels (sur la façon de vivre en ville) « Des arts visuels à la danse, une démarche de création »

Entretien Madame P., le jeudi 24 mai 2007

Ecole primaire J. J., ville de B., classe de CM1, 16 élèves.

La danse

Virginie RUPPIN : 1) Quels travaux les enfants ont-ils réalisés à l’heure actuelle dans ce projet ?

Madame P : (déjà répondu ci-dessus)

V.R. : 2) Quelle place avez-vous pour l’instant dans ce projet ?

P. : Au niveau de la place… j’ai pris plus de place que je ne le pensais parce que… parce qu’autrement on ne peut pas amener le projet à bien, autrement là, il faudrait beaucoup plus de séances avec l’intervenant. Donc c’est vrai que finalement, il faudrait plus de séances, il en faut toujours plus, mais euh… si on ne reprend pas nous c’est pas possible quoi.

V.R. : 3) Quelle place l’artiste occupe t’il à l’heure actuelle dans ce projet ?

P. : La place de Véronique… bin oui, forcément elle prend plus de place, parce que mais… mais pas plus de place j’avais estimé dans ce sens où je pense qu’elle est plus à l’aise, forcément elle connaît plus les enfants. Donc ça c’est vraiment inhérent à tout projet quand on s’investit voilà.

V.R. : 4) Qu’avez-vous fait concrètement (en terme d’actions de l’enseignant) ?

P. : Au niveau de l’apprentissage, c’est comme en classe, les enfants qui ont des problèmes, ce matin on faisait des divisions, ceux qui ont des problèmes à faire les divisions, là, j’en ai deux très très… qui ont vraiment beaucoup de difficultés, c’est pareil en cours de danse, c’est du mal à mémoriser, tout ces détours pour vous dire qu’en gros c’est assez lié, j’ai quelques surprises mais c’est vraiment, c’est comme en classe, c’est de l’aide, de la différenciation, y’en a qui vont apprendre en deux secondes, y’en a qui… voilà.

V.R. : 5) Comment vous vous y êtes pris ?

P. : Je vais les faire apprendre en petits groupes de deux, après je vais reprendre avec eux, voilà. Donc s’aider par tous les chemins pour y arriver…

V.R. : Concernant la démarche en tant que telle ?

P. : Forcément on influence par les directives, les consignes, les petits conseils, forcément. Mais quand même je trouve c’est plus créatif que, même plus créatif que je ne pensais, moins directif, mais pareil parce que je ne connaissais pas du tout donc je voyais ça plus directif, mais c’est vrai que c’est plutôt créatif parce que même les enfants qui avaient du mal, rentrant par divers biais, c’est-à-dire ou la poésie ou l’art plastique, ou les différents gestes, les hésitations, enfin, tout ce matériel qu’on a essayé de construire avant fait qu’ils avaient quand même de la matière et c’est vrai que pour construire cette matière, il y avait des fois, certains enfants qui avaient du mal, mais on essayait de les ressolliciter en disant mais tient, mais vraiment « qu’est-ce que tu fais en ville ? Essaye de faire ce geste plus grand », mais finalement, on montrait ce qu’il ne fallait pas faire parfois, ce que l’on voyait parce que en partant de gestes quotidiens etc. on a beaucoup de mimes, de choses très… pas assez gestuelle de danse, donc là on montrait en disant « non je ne veux pas ça » etc. Mais créer des gestes, ils les ont créés tous seuls, enfin en groupe mais assez… oui, eux mêmes.

V.R. : 6) Quels effets comportementaux avez-vous remarqués ?

P. : Au niveau des enfants, si d’une façon générale, je ne pensais pas qu’il fallait autant reprendre. Vraiment ce qui ne se fait pas ici, ce qui se fait mal, ce qui ne s’apprend pas bien en classe c’est pareil en dehors. Je n’ai pas eu tellement de surprises au niveau des enfants, euh… si vous voulez ceux qui sont introvertis, en général le sont aussi en cours de danse, mais ceux qui ont du mal à apprendre on retrouve pas mal de chose de la classe en bas au gymnase, dans la danse. Mais par contre, c’est vrai que j’ai eu deux trois surprises, j’ai eu une surprise d’un garçon qui ne me parle très peu, ou qui a du mal à s’exprimer en groupe, j’ai rarement une remarque négative à lui faire, lui dire « tu n’as pas appris, tu ne sais pas, reprend, ou on refait ensemble » parce qu’il arrive toujours à montrer quelque chose. J’en ai eu des comme ça, des cas qui sont très introvertis mais qui au travers de la danse vraiment on pu… j’en ai eu un ou deux. Donc ça c’était très agréable.

V.R. : 7) Quels effets pédagogiques avez-vous remarqués ?

P. : Là oui, je commence à les sentir plus présents dans ce qu’ils font, donc plus à l’écoute de nos consignes et puis plus dans la démarche, dans la peau du danseur, c’est-à-dire qu’il va montrer quelque chose, qui doit être rigoureux dans les efforts qu’ils font. Donc autant pédagogique que comportement : ils sont vraiment plus dans les apprentissages, c’est vrai.

V.R. : 8) Y’a t’il eu certaines modifications par rapport au projet écrit validé (en termes de changements ou d’adaptations) ?

P. : Si, c’est sans arrêt en fait, parce que là je la revois jeudi, donc on va essayer de faire, vraiment travailler la coupure, partir sur une autre musique. Mais je ne sais pas du tout si ça va fonctionner, donc on est sans cesse en train de s’adapter, de modifier… Parce que l’autre jour, il y a quinze jours, elle m’avait demandé de travailler un enchaînement « 8 X 8 » et en fait on avait appris pourtant on y a passé un temps fou, mais quand il a fallu refaire dans la musique, le contexte, vraiment, c’était terrible. Et finalement on a passé la séance à retravailler ça. Parce que on avait chacune un groupe et là on pouvait vraiment travailler, c’est vrai qu’à deux parfois c’est très bien parce que quand on a deux « 8 X 8 » on prend chacune un groupe et là on avance. Seule c’est difficile. Elle quand elle est là, elle gère l’ensemble et la création d’ensemble mais c’est vrai que le travail de répétition et vraiment d’apprentissage du mouvement il se fait plus, forcément, bin quand elle n’est pas là.

V.R. : 9) Quelques mots pour conclure quant à l’avancée de votre projet ?

P. : J’ai un peu le stress, parce que là c’est pas du tout… c’est vrai… En fait, tout de suite, là on est vraiment dans le plein chantier, c’est-à-dire il y a plein de choses de commencées, plein de choses amorcées, vraiment des progrès, du ressenti, c’est très sympa à voir, à vivre, mais sauf que on est vraiment là dans le gros du travail, dans la répétition, et c’est difficile. Mais oui c’est sympa parce que vraiment les enfants ont compris quelque chose. Ils sont en train de vraiment s’approprier le projet. Voilà.

(fin de l’entretien)