Partie 1. Définition, évaluation et remédiation des déficits cognitifs dans la schizophrénie

De l’attention à la résolution de problèmes, la plupart des fonctions cognitives sont détériorées dans la schizophrénie. Comme nous l’avons suggéré en introduction, ces déficits peuvent être suffisamment importants pour entraver le fonctionnement de la vie quotidienne et l'insertion sociale car ils ont un impact sur les capacités fonctionnelles (Bowie & Harvey, 2005; Green, 1996). En particulier, les déficits des fonctions exécutives entraînent des difficultés à organiser les Activités de la Vie Quotidienne (AVQ) permettant de subvenir aux besoins élémentaires : manger, se vêtir, se loger, travailler et se divertir (Gelinas, 1998 ), ce qui implique l'hygiène, le ménage, les loisirs, la gestion des repas, de l'argent et des relations avec autrui. De plus, ces déficits perturberaient particulièrement l’adhésion au traitement, qui est un facteur clé de stabilité pour ces patients.

Grâce aux possibilités offertes par les nouvelles technologies, des assistants cognitifs numériques, véritables béquilles de la pensée, ont été développés afin d'assister au quotidien des personnes présentant des déficits cognitifs (LoPresti, Mihailidis, & Kirsch, 2004). Leur efficacité a été prouvée auprès de personnes présentant des troubles mnésiques et exécutifs liés à des maladies neurodégénératives, développementales ou un retard mental (Davies, Stock, & Wehmeyer, 2002; Depompei et al., 2008; Johnson et al., 2009; Kirsch et al., 1988; LoPresti, et al., 2004; Rialle, 2007; Savard, Borstad, Tkachuck, Lauderdale, & Conroy, 2003; Wilson, Emslie, Quirk, & Evans, 2001; Wilson, Evans, Emslie, & Malinek, 1997; Wu et al., 2006; Zanetti, Zanieri, Vreese, Frisoni, & Binetti, 2000). De plus, ces outils ont montré un intérêt dans l'évaluation des symptômes de la schizophrénie par les patients eux-mêmes (Granholm, Loh, & Swendsen, 2009) ou l’aide à la médication (Zygmunt, Olfson, Boyer, & Mechanic, 2002). Cependant, à ce jour, aucun assistant cognitif numérique n'a été développé pour aider les patients présentant une schizophrénie à organiser leurs activités quotidiennes. De surcroît, on sait que l’adhésion au traitement est un facteur primordial de stabilité et de réinsertion (McGurk, Mueser, Feldman, Wolfe, & Pascaris, 2007).

Dans quelle mesure les troubles cognitifs perturbent l’autonomie et l’adhésion au traitement des patients qui présentent une schizophrénie ? Quels sont les outils d’évaluation du fonctionnement cognitif ? Quelles stratégies existent pour remédier à ces déficits ? Enfin, comment développer de nouvelles technologies au service de la maladie mentale, tout en respectant les besoins des utilisateurs et les règles d’éthique en psychiatrie ?