2.2.4.4.2. Données écologiques

Le taux d’adhésion enregistré par le DoPill® est de plus de 60%. Il est donc légèrement supérieur aux taux observés dans la littérature, même avec des systèmes de contrôles électronique comme le MEMS® (cf. tableau ci-dessous).

Author/Year N Taux d'adhésion
Acosta FJ et al. 2009 79 57,70%
Remington G et al. 2007 52 48%
Byerly M et al. 2007 25 52%

L’ensemble des enregistrements du DoPill® suggèrent que plus de la moitié des patients présente un taux d’adhésion inférieur à 70%. Cette proportion est très éloignée de celle trouvée à la BARS : un seul patient du groupe EET apparaît comme étant non-adhérent. Il en est de même dans le groupe TAU. Ces résultats remettent en question ceux de Byerly et al. (M. J. Byerly, et al., 2008) qui avaient aussi comparé la BARS à un enregistrement électronique, le MEMS®. LA BARS ne serait donc pas un bon outil d’évaluation du taux d’adhésion aux antipsychotiques.

Cependant, on peut aussi envisager que nos résultats à la BARS soient à remettre en question. En effet, le personnel soignant habituel des patients n’ayant pas été disponible pour remplir cette échelle qui demande une bonne connaissance des patients, ce sont les évaluatrices qui ont évalué l’adhésion des patients. Puisqu’elles connaissaient moins bien les patients, on peut supposer qu’elles se sont davantage fiées aux rapports des patients eux-mêmes. D’une part, ces résultats vont dans le sens d’une surévaluation, par les patients, de leur propre adhésion. D’autre part, ces résultats alertent sur la nécessité d’impliquer le personnel soignant habituel dans ce genre d’évaluation.

Evidemment, il faut garder à l’esprit qu’il est possible que le patient ait ouvert les cases sans prendre la pilule. Il se peut donc que ce taux d’adhésion soit relativement surévalué. Cependant, avec l’ensemble des indices enregistrés, on s’approche davantage de la réalité de l’adhésion qu’avec une échelle subjective à remplir a-posteriori. En effet, le DoPill® permet d’avoir accès à d’avantage de renseignements sur l’adhésion des patients. Il est particulièrement intéressant, par exemple, de pouvoir consulter quels médicaments ont été mieux pris que d’autres (cf. Tableau ci-dessous pour exemple), en terme de respect des doses, des horaires.

Patient # Medication Pills prescribed Pills taken Compliance ratio Total ratio
EET_ 01 COGENTIN - 2mg 15 14 93,33% 96,08%
  SEROQUEL XR - 400mg 28 28 100,00%  
  ZELDOX - 40mg 19 18 94,74%  
  ZELDOX - 60mg 13 12 92,31%  
  SEROQUEL XR - 200mg 5 5 100,00%  

Ainsi, on ne répond pas seulement à la question : « le patient prend-il l’ensemble de sa prescription telle que prescrite ? », mais on obtient aussi des indices sur les questions suivantes :

  • Quels médicaments le patient prend-il le plus souvent en retard ? En avance ? A la bonne heure ?
  • Quels médicaments le patient prend-il avec une dose inférieure ? Supérieure ?

Parmi les indices venant compléter le taux de cases ouvertes, le logiciel DoSup® permet de générer quatre tableaux présentant : les médicaments pris en retard, les médicaments pris en avance, le ratio de médicaments pris par rapport aux médicaments prescrits, et le ratio de médicaments correctement pris, c'est-à-dire aux heures programmées. Ces données sont très pratiques pour le suivi clinique, seulement on ne peut se contenter des données générées par l’ordinateur : un contrôle humain est nécessaire. Par exemple, il n’y a aucun délai toléré pour classer la prise de médicament dans la catégorie « en retard ». Cette rigueur peut être indispensable pour certains traitements (notamment dans les maladies cardio-vasculaires), mais pas pour les antipsychotiques. Parfois, il est même préférable que le patient adapte le moment de sa prise médicamenteuse en fonction de son activité.

En effet, prendre un médicament aux effets relaxants trop tôt dans la soirée peut empêcher le patient de participer à certaines activités sociales comme un souper entre amis par exemple, car il se sentira fatigué trop tôt. Mais si on programme ce médicament plus tard tous les soirs, alors le patient risque d’avoir des difficultés à se lever le lendemain, ce qui peut être gênant pour trouver un travail. Ainsi, l’idéal serait que le logiciel tolère un délai par rapport à l’heure programmée pour certains médicaments, à certains moments de la journée.

De plus, il serait intéressant d’avoir accès aux heures de prises des médicaments, même lorsqu’elles étaient en accord avec la prescription. En effet, il se peut que pour l’ensemble des patients, le taux d’adhésion au début de la période d’utilisation du DoPill®, ait été significativement plus faible qu’après quelques semaines d’utilisation.

Enfin, rappelons que la BARS concerne le mois précédent l’évaluation. La comparaison entre le DoPill® et la BARS aurait eu davantage de sens si l’on avait pu dégager le taux d’adhésion des quatre dernières semaines d’utilisation du DoPill®