2.2.4.4.3. La motivation et la mémoire de travail exécutive comme facteurs d’adhésion

Dans notre échantillon, les patients qui avaient le plus envie d’utiliser le DoPill® ont montré une meilleure adhésion par rapport à ceux qui en avaient moins envie. La motivation semble donc être un facteur important d’adhésion. Cette motivation peut être encouragée par une bonne connaissance de l’intérêt de prendre des antipsychotiques pour stabiliser les symptômes. Comme suggéré amplement dans la littérature, cette motivation est donc conditionnée par une bonne alliance thérapeutique et de la psychoéducation.

Par ailleurs, les compétences en mémoire de travail visuo-spatiale semblent avoir influencé l’adhésion. Le problème principal pourrait être lié au changement de DoPac®. Le DoPac® est la plaquette amovible qui contient 28 cases recouvertes par la membrane dynamique. Il s’insert dans le DoPill®, et doit être changé quand il est vide : par exemple, tous les 28 jours si le patient ne prend qu’un médicament par jour, ou encore toutes les semaines si le patient prend quatre pilules par jour. Lorsque le DoPac® pour une période est vide, il faut le remplacer par un nouveau, qui a été rempli en pharmacie. Lors de ce changement de DoPac®, quelques étapes de programmation du DoPill® doivent être réalisées, afin que le pilulier « comprenne » qu’une nouvelle période de prescription commence. Dans notre projet, chaque patient décidait s’il réalisait lui-même cette étape, ou bien s’il revenait à la pharmacie pour faire reprogrammer son pilulier. Il s’est avéré que, pour un aspect pratique, tous les patients ont demandé à programmer eux-mêmes leur changement de DoPac® afin de ne pas avoir à se déplacer à la pharmacie. Or, les patients ayant de plus grandes difficultés de mémoire de travail pourraient avoir eu des difficultés à faire cette manipulation, ce qui a pu se traduire par un faible taux d’adhésion médicamenteuse. Il sera donc nécessaire, à l’avenir, de contrôler les performances en mémoire de travail avant de proposer au patient de programmer lui-même son DoPill®. Des stratégies particulières pourraient être proposées, pour ne pas obliger ces patients à revenir trop souvent à la pharmacie : apprentissage renforcé, mode d’emploi personnalisé, assistance par téléphone, déplacement d’un pharmacien à domicile...

Finalement, nos résultats ne nous ont pas permis de reproduire ceux de la littérature concernant l’influence de symptômes dépressifs, ni du fonctionnement exécutif sur les problèmes d’adhésion. Les résultats aux tests-t laissent néanmoins penser qu’avec davantage de sujets, l’influence de ces facteurs pourrait se révéler.

Par ailleurs, une étude qualitative va être mise en place à partir de septembre 2010 afin de faire correspondre le comportement de chaque patient ayant utilisé le DoPill® à l’un des cinq prototypes d’adhésion au traitement proposés par Tranulis et al..(Freudenreich & Tranulis, 2009). L’objectif principal de cette étude sera de décrire l’expérience phénoménologique vécue par patients avec les nouvelles technologies. L’une des questions de recherche portera sur le lien entre le taux d’adhésion enregistré par le pilulier et l’appartenance à l’un de ces prototypes. Cette étude permettra d’offrir un guide aux cliniciens désirant proposer à leurs patients psychotiques des assistants technologiques pour l’adhésion au traitement.