3.1.3. Semer de nouveau

Après la croissance, c’est le temps de la systématisation à partir des informations accumulées pendant la période d'utilisation (Gerhard Fisher, et al., 1994; Gerhard Fisher & Ostwald, 2002). Comme ce n'est pas une expertise des utilisateurs, ce sont les programmeurs qui suggèrent comment les informations obtenues en vrac peuvent être conceptualisées et formalisées. Une nouvelle graine est ainsi créée, et prête à être replantée. Autrement dit, un nouveau prototype est prêt à être testé.

Ce processus de co-création permanente est appelé le metadesign : les utilisateurs ne sont plus les consommateurs passifs d'un produit fini. Au contraire, ils sont considérés comme des concepteurs actifs d'outils en évolution (G. Fisher, Giaccardi, Ye, Sutcliffe, & Mehandjiev, 2004). Le matériel doit alors être conçu de manière à autoriser et encourager l’utilisateur à le personnaliser pendant qu’il l’utilise. En effet, même avec le maximum de connaissances sur les besoins de l'utilisateur, on ne peut pas éviter de trouver quelques incompatibilités entre ses propres demandes et les fonctions offertes par le système. Cette remarque est d’autant plus vraie dans le cas de populations ayant des besoins individuels très spécifiques, comme les personnes ayant des troubles cognitifs, et dans le contexte du développement rapide et toujours mouvant des nouvelles technologies.

Il pourrait donc être intéressant, pour les recherches futures, de permettre aux patients de modifier eux-mêmes leur Mobus et leur DoPill®. On éviterait ainsi une démotivation du patient face aux dysfonctionnements, qui seraient gérés dès leur signalement.

Il s’agissait justement d’une demande explicite de certains patients de nos études, qui ont pu trouver Mobus et DoPill trop rigides. Des profils de patients et d’activités devraient alors être définis, en fonction des capacités et des demandes de chacun, et de l’importance des activités. Certaines tâches pourraient, en effet, être déplaçables, comme les loisirs, tandis que les activités liées à la santé seraient immuables. L’application pourrait être modifiable en fonction de ces profils. Certains patients pourraient, par exemple, changer leur horaire sur Mobus, tandis que d’autres, plus désorganisés, auraient un horaire plus rigide. De même, les patients présentant plus de risque de non-adhésion n’auraient pas la possibilité de modifier les heures de sonnerie sur le pilulier. Il ne s’agit pas de discriminer les patients, mais d’éviter à certains d’être confrontés à une utilisation trop compliquée ou trop risquée. Cette approche permettrait donc encore davantage de personnalisation.

Que ce soit dans le contexte d’une CCU ou d’un SER, la collaboration entre les utilisateurs et les concepteurs est un élément essentiel au développement de nouvelles technologiques. De même, dans une recherche clinique, le dialogue entre cliniciens et chercheurs est indispensable.