Conclusion

A l’intersection du développement technologique et de la neuropsychologie, l’essentiel de ce projet fut de trouver les moyens de développer des assistants cognitifs numériques pour une population bien particulière qu’est la population présentant une schizophrénie. Nos résultats suggèrent que Mobus a pu améliorer les capacités de planification des patients, et que DoPill® aurait amélioré l’adhésion au traitement des participants. Cependant, ces résultats doivent être reproduits car leur significativité est faible.

Néanmoins, nos données ont permis de préciser les facteurs principaux devant être pris en compte pour offrir aux patients une prise en charge idéale dans le contexte de mise en place d’un environnement enrichi technologiquement. Les conditions nécessaires et les étapes à suivre afin d’optimiser les chances qu’un patient adopte un assistant cognitif numérique s’inspirent des conditions requises pour une remédiation cognitive efficace.

Ce projet ambitieux se situe au cœur de l’actualité de la France et du Québec, dans un contexte de développement technologique et de recherche de nouveaux outils pour la réhabilitation psychosociale. Ces interventions n’ont pas été testées que chez les personnes qui présentent une schizophrénie. En effet, elles ont été créées pour venir en aide à toutes les personnes qui ont des troubles cognitifs. Ainsi, Mobus a été testé auprès de personnes ayant un Traumatisme Crânien Cérébral. Par ailleurs, un projet impliquant des personnes âgées avec des troubles cognitifs légers a reçu un financement (FRSQ : utilisation optimale des médicaments) et des données sont en train d’être recueillies.

Ces assistants technologiques ouvrent la voie à de nombreuses autres investigations. Il serait en effet intéressant d’explorer d’autres technologies (intelligence artificielle, réalité virtuelle, etc.) et d’autres compétences (établir un réseau social grâce à Internet, se repérer dans l’espace grâce au GPS, etc.). De plus, il reste à observer l’intégration de ces objets dans des appartements intelligents. Enfin, on pourrait aussi envisager d’observer les effets neurophysiologiques de telles prothèses, avec des études en imagerie cérébrale.

Pour terminer, je souhaite préciser que ce projet a toujours suscité un vif intérêt auprès des auditeurs de conférences nationales et internationales. Cet engouement contraste même étonnamment avec la difficulté que nous rencontrons pour publier nos résultats. La nouveauté de tels outils intrigue et les opportunités qu’ils offrent provoquent des espérances, tout en posant d’inévitables questions éthiques. A mon avis, cela touche à la fascination de nos sociétés modernes pour la question de l’intrusion, dans la sphère privée, de l’œil menaçant de Big Brother. C’est le propre de l’innovation et du progrès : il s’agit de profiter du fait qu’ils facilitent la vie, tout en restant vigilant quant à leur caractère incontrôlable.