12 Les entraves au fonctionnement du système

Malgré l’ouverture du marché depuis 1994, certains éléments sont de nature à fausser le jeu de la concurrence : ils concernent à la fois les entreprises dans leur fonctionnement et l’état des infrastructures et matériels de transports.

Les tarifs appliqués par les opérateurs sont très hétérogènes parce que l’offre ou du moins la qualité du service varie suivant les entreprises. Certaines entreprises travaillent avec des coûts d’exploitation très bas car elles ne supportent pas ou peu certaines charges telles que les impôts, la main d’œuvre pour l’entretien et la réparation, le versement des taxes de gares routières…. Elles pratiquent des tarifs minima en toute illégalité et la surcharge ce qui leur permet d’avoir plus de clients sensibles surtout au prix et inconscients du risque qu’ils peuvent encourir. D’autres entreprises travaillent à perte pour entretenir de bonnes relations avec leurs clients, par exemple en ne faisant pas payer son voyage à une connaissance.

Le recouvrement des redevances spécifiques et autres taxes est aussi problématique en raison des dysfonctionnements d’une administration fiscale incapable de lutter contre les fraudes fiscales et du refus fréquent de transporteurs clandestins qui prennent le risque de ne pas s’inscrire au registre. Par ailleurs, l’augmentation du nombre de ces transporteurs offrant des services aléatoires rend difficile leur contrôle et à terme leur coordination. Le problème du « passager clandestin » est permanent.

Pour toutes ces raisons, il est de plus en plus difficile de recueillir les fonds nécessaires ne serait-ce que pour l’entretien d’une partie du réseau routier et pour la réparation des infrastructures en mauvais état avec pour conséquence une détérioration plus grande du parc de véhicules en circulation

La réglementation officielle ne semble pas être appliquée et certains dispositifs manquent pour une organisation efficace et contrôlée de ces entreprises. Certes, une autoprotection de la profession semble s’instaurer par les transporteurs eux même organisés en syndicats, mais des limites demeurent toutefois tant les moyens indispensables restent insuffisants. La concurrence effrénée entraine une certaine confusion dans l’exploitation malgré l’instauration du système de tour de rôle dans les gares publiques lequel a l’inconvénient de créer des pratiques déloyales au détriment de bon nombre de transporteurs mais aussi de voyageurs.

La recrudescence de pratiques informelles dans la prestation des services de transport fragilise le système Il conviendrait de donner aux appareils institutionnels plus de pouvoir et de moyens pour mettre fin à toute cette désorganisation. Il faut insister ici sur la nécessaire complémentarité de ces appareils afin d’éviter tout conflit de pouvoirs décisionnels dans la gestion du système de transports. Les conflits non seulement empêchent d’assainir le système mais aussi renforcent le non respect des réglementations.