11 Structures des entreprises et organisation des services

111 La dualité entreprise artisanale/ entreprise moderne

En l’Afrique de l’Ouest, et particulièrement au Niger, l’entreprise artisanale est à base familiale, famille à partir de laquelle se sont constitués le fonds de commerce, le mode de gestion. Plusieurs facteurs d’ordre culturel créent une symbiose vie privée-vie professionnelle. Ces éléments sont de nature à transformer la réalité entrepreneuriale au niveau tant du partage des tâches qu’à celui de la relation avec la clientèle. Pour le TRIV au Niger, comme au Mali et au Burkina Faso, on distingue ainsi les entreprises artisanales des entreprises modernes.

Généralement l’entreprise artisanale en Afrique de l’Ouest est une entreprise individuelle de petite taille. Elle se différencie de l’entreprise moderne par le faible nombre ou l’absence d’employés, l’absence de la notion de rentabilité et le peu de respect de la réglementation. Nos enquêtes au Niger confirment la nette distinction entre entreprises artisanales des entreprises modernes. Ces dernièressont généralement de moyenne ou de grande taille, et souvent d’origine familiale. Qualifiées de formelles elles ont une gestion structurée de leurs tâches, la plupart du temps avec un organigramme offrant ainsi des services plus organisés. Elles respectent généralement la réglementation quoique certains manquements sont parfois visibles (temps de travail réglementaire, rémunération des employés, gestion de matériels, vitesse réglementaire…). Ainsi, la dichotomie formel-informel des entreprises de TRIV ne peut se résumer à la seule prise en compte de la réglementation. Nous pouvons alors tenter de considérer les cas extrêmes c’est-à-dire les entreprises qui échappent à toute réglementation et recensées comme de « clandestins ». Cependant, au Niger les transporteurs qualifiés de clandestins ont en général tous leurs papiers d’autorisation de transport (permis de conduite, carte de transport) en règle, mais ils refusent le tour de rôle dans les gares publiques et n’achètent donc pas de feuilles de route. Ils recherchent la clientèle en restant aux alentours des marchés en envoyant leurs rabatteurs à l’entrée et même parfois à l’intérieur des gares. Ces clandestins ont refusé de répondre à notre enquête parce qu’ils pensaient qu’elle était menée pour le compte de l’Etat. Seuls les entreprises artisanales syndiquées et les compagnies ou sociétés de transport ont fait l’objet de l’enquête.