I Obstacles rencontrés et les limites méthodologiques de la recherche

La collecte des données

Notre enquête sur le terrain n’a pas connu véritablement une phase exploratoire qui devrait servir de préliminaire dans le choix de méthodologie d’analyse des données. En effet, cette étape était sensée nous permettre d’identifier tous les facteurs importants et nécessaires pour l’étude. Toutefois, les items de l’enquête ont été choisis de manière à ne rien laisser au hasard ce qui implique la surcharge du questionnaire. Mais cette lourdeur s’explique du fait que nous ne disposions au départ d’aucune donnée fiable.

Par ailleurs, pour réduire un temps soit peu l’erreur dans la procédure, il a été mené une enquête probatoire pour tester les questionnaires ce qui n’a pas eu réellement d’impact sur la nature des données répertoriées. Il y a lieu de noter tout de même l’importance d’un tel cheminement pour l’administration finale des questionnaires. En effet, nous avons pu tester la cohérence et la compréhension de nos propos vis-à-vis des enquêtés. Ceci est compréhensible parce que la langue (le français) dans laquelle sont rédigés les questionnaires a des fortes chances d’être différente de celle dans laquelle ils seront administrés (la majorité des enquêtés ne parle pas le français). Deux types des données ont été recensées : quantitatives qui ne sont pas toujours disponibles et qualitatives, ce qui suppose un fort effort d’interprétation. A ce niveau, des biais existent surement.

Aussi, nous avons été confronté à l’absence et/ ou à l’insuffisance de certaines données ce qui explique le retour sur le terrain d’enquête. Au final, ceci a été très utile puisque non seulement, le nombre d’enquêtés a augmenté pour ce qui concerne les voyageurs mais aussi la deuxième série d’enquête a permis d’avoir des données sur la période scolaire contrairement aux premières enquêtes. Le risque auquel nous nous exposons ici est celui du duplicata des données. Par mesure de sécurité, nous avons procédé par comparaison des fiches d’enquêtes pour tenir compte des éléments de concordances (lieu de naissance, âge, sexe…) pour pouvoir valider la fiche.

Une autre critique concerne l’échantillon des entreprises recensées au Niger qui s’est limité seulement au contexte de Niamey. Toutefois, pour les compagnies de transport, le problème ne se pose pas, parce que toutes celles en exercice ont leur siège à Niamey.

Cette critique est nécessaire puisqu’elle montre une fois encore que les artisans transporteurs sont très nombreux au Niger. Leur mode de fonctionnement n’est certainement pas différent de celui observé dans les gares publiques au niveau de Niamey. Par ailleurs, leur prise en compte peut avoir un impact sur l’accessibilité de la population en TRIV donc le désenclavement de certaines zones. Néanmoins, il convient de noter que les options de politique identifiées resteront valables puisqu’elles concernent principalement l’amélioration de la qualité des services offerts par les entreprises.

L’analyse des données collectées

L’analyse menée a été multiforme. L’analyse stratégique du marché de TRIV a été originale compte tenu de la spécificité du contexte dans lequel l’étude a été réalisée. En effet, nous l’avons déjà noté, le concept de stratégie n’a pas réellement de sens pour ces entreprises concernées par l’étude. Il en résulte donc l’absence des données nécessaires pour une analyse stratégique du marché. Nous avons recensé à travers la littérature sur les stratégies les outils indispensables à nos thèmes de recherche. L’exercice a été dur puisqu’il a fallu faire des aménagements pour pouvoir travailler avec les données disponibles. Par exemple, nous n’avons pas des données sur le chiffre d’affaires et son évolution. Aussi, pour le calcul de la part de marché, nous avons dû travailler avec le nombre de voyages pour les sociétés de transport et le nombre des départs à partir des gares publiques pour les artisans transporteurs pour ne retenir que la valeur moyenne pour chaque groupe. Cette procédure nous a permis d’adapter notre analyse au contexte. Cependant, certains champs n’ont pas été explorés non par négligence mais par manque des données disponibles sur les autres entreprises étrangères (du Mali et du Burkina Faso) non prises en compte dans l’échantillon. Ceci ne nous a pas permis de mener une analyse de la compétitivité des compagnies étrangères à travers la part de marché et l’intensité concurrentielle.

Pour l’analyse des enquêtes, la contrainte résulte même de la nature des données recueillies (qualitatives et quantitatives), différentes méthodes ont été adoptées pour prendre en compte les deux dimensions ci-citées.

Au troisième chapitre mais aussi à la section 2 du chapitre 5, l’analyse des jeux des acteurs basée sur la notification des acteurs sur les objectifs et sur le remplissage des matrices des influences directes est fondée sur nos seuls jugements avec évidement la prise en compte des entretiens réalisés mais aussi de l’objectifs recherché. Il en est de même pour l’attribution d’une probabilité à chacune des hypothèses (section 2 du chapitre 3) ainsi que le choix des états préférés par l’Etat (notés Pr), par les autres acteurs que nous avons qualifiés de pré-retenus (notés Re) et des exclusions (Ex) ce qui peut conduire à la non prise en compte des scénarios plus contrastés. L’idéal aurait été de recenser des avis d’autres experts et de réaliser une enquête Delphi sur notre thème mais il aurait fallu mobiliser toute une équipe pour prendre en compte toutes les dimensions. Aussi les critères que nous avons mis en avant résultent des avis recensés lors des entretiens réalisés auprès des différents acteurs concernés.

Même si la procédure adoptée laisse à désirer, on est parvenu à retenir un échantillon assez représentatif des opérateurs de transport interurbain de voyageurs adapté aux impératifs de notre recherche.

Autres limites

Il aurait fallu présenter géographiquement le Niger, le Burkina Faso et le Mali (situation géographique, superficie, climat, population dont une tradition de migrer aussi bien vers la côte c'est-à-dire le Sud que vers le Nord, Maghreb et Europe à travers le désert). Aussi, une genèse de la situation économique aurait été possible (boom de l'uranium, PAS, SRP, etc. longue saison sèche, sècheresses récurrente qui entraine l'exode rural et la rapide urbanisation). Ces éléments auraient montré l’importance de notre terrain d’investigation sans pour autant être une partie intégrante à notre analyse. Toutefois, nous avons pensé ne pas rentrer dans ces détails pour ne pas être top submergé et sortir du contexte de l’étude.