V Cas des compagnies étrangères

A La société BITTAR du Mali

Avec un capital de 55.953.000F CFA, BITTAR est une société à responsabilité limitée avec un seul actionnaire. 3 sources de financement ont permis la création de l’entreprise : apport personnel, crédit bancaire et bénéfices nets d’autres activités. Elle commença le TRIV en 1995, mais bien avant, la société qui appartient à un grand groupe JSB Investment avait plusieurs activités : transport des marchandises, transport urbain des voyageurs, commerce et alimentation générale, impression, papeterie, import export de meubles, motos, … Actuellement, BITTAR conserve la plupart de ces activités mais le TRIV est son activité principale.

A Bamako, la société dispose d’une gare routière, de deux garages et de cinq guichets de billetterie. Elle dessert plusieurs grandes villes du Mali mais aussi la Mauritanie, le Togo et le Burkina Faso où elle entretient un partenariat de correspondance avec la compagnie burkinabè TCV. Dans toutes les autres villes desservies, BITTAR dispose d’une agence. Avec un parc de 160 autocars, la compagnie emploie 140 personnes. Elle dispose aussi d’un service marketing et d’une stratégie marketing clairement définie. Elle organise la promotion de ses services en mettant en avant son professionnalisme comme le souligne son Directeur Général : « Nous montrons notre savoir faire et nous arrivons à assurer bien le service avec beaucoup de professionnalisme ». L’informatique occupe une place très importante dans l’organisation de leurs services, et comme le précise le DG : « L’informatisation très avancée nous a facilité beaucoup de travail, une gestion efficace et structurée de toutes nos tâches. Nous réalisons le décompte à la minute près :

  • rapport des guichets instantané (liste des passagers, numéros de clients, recettes…)
  • rapport instantané des véhicules (alerte pour changer les cartes grises et autres documents dont la validité arrive à termes, disponibilité ou non des véhicules en temps réel) ».

Toutes les lignes desservies par la société sont régulières à l’exception de la liaison Bamako-Tombouctou, laquelle, pendant la saison sèche, reste en très mauvais état à cause du vent très fort et de l’ensablement de la route. Par ailleurs, BITTAR transport assure aussi la location de ces véhicules à des agences des tourismes. Les plus grands clients de la société sont les commerçants et les étudiants et élèves. Pour les personnes âgées inscrites au centre de retraite, BITTAR assure gratuitement leur transport. Pour fidéliser les clients, elle leur accorde une carte de permanence.

Sa recette journalière moyenne est de 5 millions de F CFA en moyenne.

Organigramme de BITTAR Transport

La société a des perspectives ambitieuses pour l’avenir. D’abord, développer ses services en apportant plus de confort et de modernité. ( Elle envisage de créer un service d’animation pour réduire le temps d’accueil et d’attente des usagers). Elle cherche à couvrir tout le territoire du Mali. Sur le plan de la sous-région, elle cherche à établir des partenariats avec des sociétés étrangères, et elle inscrit sa politique dans une logique de création d’un réseau d’entreprises.

Le DG de la société perçoit l’avenir du secteur dans ensemble avec inquiétude, et il dénonce la concurrence déloyale : « La concurrence déloyale est la base de tous les soucis des grandes compagnies de transport ; les entreprises se créent au jour le jour juste pour venir perturber le système et disparaître. Elles n’ont rien à perdre parce qu’elles n’ont pas des lourds investissements ni des charges. Le grand problème est que quand l’Etat se désengage vis-à-vis des opérateurs, ça crée d’avantage de désordre car il n’y pas de professionnalisme ». Toutefois, il persiste à croire qu’il y a des sociétés qui réalisent des grands investissements et qui sont prêtes à s’investir d’avantage pour le développement et la modernisation du système de TRIV au Mali : « Ce qui est intéressant, c’est que la demande est très importante et par ailleurs, les voyageurs sont de plus en plus sensibilisés pour des services de transport plus confortables ». En fin d’entretien il déclare : « Il nous manque des cadres en transport. Le secteur est méconnu. Le système évolue dans une forme de laisser aller et un manque de professionnalisme. A cela s’ajoute l’insécurité dans certaine zone du pays (coupeurs des routes) et le manque des moyens comme les infrastructures routières qui accentue d’avantage les accidents routiers. Nous avons besoin du savoir faire pour développer le marketing du transport et la conscience professionnelle ».