Conclusion

Il ressort de cette mission d’enquêtes sur le terrain un certain nombre d’enseignements. L’enquête à Ouagadougou s’est déroulée de manière satisfaisante non seulement en raison des relations de notre référent, Stanislas Bamas, mais aussi du réseau que forment les différents acteurs du secteur (administration, syndicats, consultants et donc transporteurs). Dans ce réseau, il faut souligner l’importance du rôle de syndicat des transporteurs et de sa notoriété.

A Bamako, en revanche, c’est le début de la création d’un Conseil Malien des Transporteurs Routiers (CMTR) qui n’a pour le moment que son président Monsieur Harouna DAO que nous avons d’ailleurs eu l’occasion de rencontrer pour entretien mais aussi pour essayer d’être introduits à Baní Transport. Il nous a été rapporté tout de même, l’existence d’un syndicat de transporteurs routiers mais sa notoriété n’est pas très bonne ce qui nous a valu toutes les difficultés de prise de contact avec les directeurs de différentes sociétés.

On a rencontré les mêmes difficultés à Niamey avec les sociétés de transport qui n’ont pas d’organisation syndicale. Seuls les transporteurs dans les gares publiques sont syndiqués mais là aussi la problématique est toute autre : le rôle de ce syndicat est d’organiser le transport dans les gares publiques et de traquer les transporteurs hors gares qu’il qualifie des clandestins. Mais ces derniers sont ils réellement clandestins? Généralement, ceux qu’on a eu à rencontrer et au dire du syndicat, ont tous leurs papiers en règle comme tous les autres transporteurs, les véhicules qu’ils exploitent sont plus neufs et en très bon état à la différence de leurs homologues dans les gares publiques. Cependant ces transporteurs préfèrent se soustraire à la contrainte du « tour de rôle » et créer leurs propres terrains de compétitivité. Mais vu le contexte dans lequel ils se trouvent : secteur totalement libéralisé est-ce qu’on peut les qualifier de clandestins ? Ne serait ce pas nécessaire de comprendre l’intérêt d’une telle forme des transporteurs pour les voyageurs? Mais là aussi une autre difficulté se pose à nous : ces transporteurs ne veulent en aucune façon être enquêtés parce qu’ils sont considérés et traqués comme des clandestins aux yeux des syndicats et de l’administration de la gare publique.

Nous sommes très loin de comprendre le rôle et le fonctionnement de l’Administration en charge des transports au Niger.

Nous nous sommes aussi interrogés sur l’importance du rôle de l’Autorité de Régulation Multisectorielle ARM. Heureusement, l’entretien avec le Directeur sectoriel Transports de l’ARM, Monsieur Charafadine PEREIRA, nous a permis de comprendre que le fonctionnement de l’ARM pour ce qui concerne le secteur transport n’est qu’à son début. Effectivement, il représente actuellement le seul organe de l’équipe en charge de la régulation des Transports et procédera très prochainement à la mise en place de son équipe. Nous espérons une régulation concrète de la compétitivité dans le secteur transport avec la mise en place effective de cette équipe.

La difficulté d’enquêter au Niger, et à Niamey en particulier, s’explique par deux raisons principales.

Certains voyageurs refusent d’être enquêter parce qu’ils ne veulent pas être considérés comme appartenant à une classe des pauvres. Nous avons observé cela surtout dans la gare publique, où des personnes nous affirment qu’il ne faut pas que l’on pense qu’ils sont pauvres au point de ne pas s’offrir un autre moyen de transport plus confortable mais plus cher comme dans les sociétés de transport. Pour ces individus, le fait de prendre un bus à partir d’une gare publique suppose que la personne est très pauvre. En toute franchise, nous comprenons une telle réaction parce qu’il serait difficile de sacrifier sa sécurité et son confort (surcharge excessive, bus en mauvais état et sans aucune garantie) dans le seul but de payer moins cher. Cependant, il est tout de même important de noter que les sociétés de transport ne font pas toutes les dessertes. Dans les gares privées, les individus qui ne veulent pas être questionnés avancent qu’ils ont leurs propres véhicules et ne peuvent être considérés en aucun cas comme des voyageurs de bus collectifs. A ce niveau, on réalise en effet, la perception négative qu’ont les individus des moyens de transport collectifs.

Il faut aussi reconnaitre qu’au Niger, les bases des données ne sont pas tenues ce qui fait que chaque nouvelle étude implique une nouvelle enquête. Les gens en ont donc assez des multiples enquêtes.

Par ailleurs, les informations recueillies ne sont pas vulgarisées et les enquêtés ne peuvent comprendre l’intérêt des informations qu’ils ont dû donner ou redonner à tel ou tel enquêteur tout au long d’une série d’enquêtes qu’ils trouvent d’ailleurs excessives.

Notre force a été d’adopter des stratégies différentes compte tenu de la manière dont se présentent les situations. Nous avons développé une forme de patience nos seulement par rapport au temps d’attente mais aussi aux situations d’inconvenance par exemple à Baní Transport (Bamako) mais aussi et surtout à la gare centrale de Niamey où l’insécurité est à son comble (insultes et grossièretés des badauds, risque de vol très élevé, attaque physique parce qu’un des mes enquêteurs a même reçu un coup sur la figure quand nous avons été apostrophés par des voyons dans la gare). C’est aussi une forme d’expérience de pouvoir acquérir et développer cette forme de communication changeante en fonction de la personnalité de la personne rencontrée. En fait, nous en avons rencontré plusieurs catégories d’individus et le plus dur c’est de se trouver en face d’une personne qui se croit tout permis ou celle qui ne veut rien comprendre.

Au Niger, il manque un réseau des acteurs du secteur transport. La professionnalisation est inexistante à presque toutes les échelles et spécialement pour les opérateurs du transport, toutes catégories confondues. Dans un tel contexte où aussi les individus ne sont pas sensibilisés et informés de l’évolution réelle du secteur tant au niveau national qu’international, il sera difficile de parler de la modernisation du secteur.

Liste des personnes rencontrées à Niamey

Monsieur Henri Motcho co-directeur de Thèse

Monsieur Alou Tidjani directeur de recherche LASDEL

Ministère de Transports

DGTTM F Niger Monsieur Douada Moussa

Conseiller Ministre de Transport Niger Monsieur Ida Abdoulaye

Ministère de l’Equipement

DGTP Monsieur Ibrahim Allassane

Service travaux neufs, Service entretien routier

ARM Directeur sectoriel Transports Monsieur Charafadine PEREIRA

ECOGAR (gare centrale)

DG Monsieur Abdoulaye Dia Omar

Service Technique Soumaila Amadou Maiga

Directeur Administratif et Financier Na-Kaoura Mani

Service des valeurs, Service de la messagerie, Chefs des lignes, Artisans transporteurs……

Sociétés de transport des voyageurs

Rimbo : DG Monsieur Ousseini Ibrahim

EHGM : le DG, le Directeur d’exploitation et le Directeur Administratif

Aïr Transport: DG Monsieur OMAR

Azawad Transport: DG Mohamed Abdrahamane

SONITRAV : le Directeur Administratif

SOTRAV : le Directeur

SNTV : Directeur Administratif et Financier Monsieur Assogba Augustin

Africa Aslam: Directeur Administratif Monsieur Fayçal

Président du Syndicat des Transporteurs Routiers des Voyageurs SG Monsieur Saidou