3.1. Formation initiale et pratiques professionnelles d’enseignement de la lecture littéraire et de la production écrite au collège

A l’origine, l’Ecole Normale Supérieure de Dakar était la seule et unique structure chargée de la formation initiale des professeurs des lycées et collèges d’enseignement général au Sénégal. Elle sera réformée en 2005-2006 pour devenir une faculté dénommée Faculté des Sciences et Techniques d’Education et de Formation (FASTEF). Cette mutation institutionnelle se justifie selon le « rapport de présentation » du décret instituant la FASTEF par un besoin de faire évoluer la formation initiale pour mieux l’adapter à la nouvelle situation de l’école telle qu’elle s’est imposée durant ces cinq dernières années. Celle-ci se caractérise par une très grande hétérogénéité des profils des personnels enseignants. La politique de l’accès, inscrite au cœur d’une politique plus vaste visant l’amélioration de la qualité des enseignements-apprentissages, s’est traduite par l’ouverture massive de collèges dits de proximité pour répondre à la demande toujours croissante de formation dans ce secteur, mais aussi pour garantir de meilleures conditions d’études en « fixant » les élèves au plus près de leur famille. Il va de soi que la multiplication des CEM devait s’accompagner par le recrutement conséquent de professeurs. Pour faire face à cette exigence, l’Etat initie un système fondé sur le volontariat. Ce recrutement, d’abord centralisé au niveau du ministère de tutelle avant d’être dévolue aux inspections d’académies, consiste, dans les principes, à confier des enseignements à des candidats titulaires ou pas d’un diplôme universitaire, mais ayant fait au moins une année d’études supérieures. Dans le même temps, la FASTEF poursuit sa mission de formation initiale. Il faut préciser que pour être titularisés, les enseignants vacataires doivent bénéficier d’une formation diplômante présentielle à la FASTEF. C’est d’ailleurs la lenteur du rythme de résorption de cette demande spécifique qui a conduit à imaginer des schémas variés (tutorat, stages de mise à niveau, formation à distance) impliquant des intervenants au profil varié. Toutefois, la FASTEF garde haute la main sur la délivrance du diplôme professionnel qui consacre l’entré du titulaire dans un des corps des professeurs de l’enseignement moyen et secondaire. Ce faisant, elle reste la structure à partir de laquelle s’instancient les éléments qui vont servir de base à la construction d’une culture professionnelle partagée chez les enseignants d’une même discipline. Nous étudions cette fonction en prenant l’exemple de la formation des professeurs de français. Pour ce faire, nous nous contentons d’analyser les composantes de la formation initiale permettant d’isoler des facteurs de sédimentation d’un référentiel commun de pratiques dans l’enseignement-apprentissage de la lecture et de la préparation à la production écrite.