3.1.2. Dispositif de formation, culture partagée et pratiques d’enseignement de la lecture littéraire et de la production écrite

La didactique de l’écrit dans ce premier grade de l’enseignement secondaire se fonde sur l’idée que les exercices écrits du premier cycle ont pour objectif l'évaluation des enseignements par la liaison langue / lecture / écriture.De la 6è à la 3è, l'enseignement des sous-disciplines du français (grammaire, orthographe, conjugaison, vocabulaire, récitation, lecture littéraire) est évalué par toutes sortes d’exercices écrits, dont les plus importants sont l'étude de texte appelée « texte suivi de questions », la dictée, l'expression écrite (rédaction, initiation à la dissertation en classe de troisième). Dans le langage codifié et partagé par le corps de métier, la notion de rédaction renvoie à une production autonome plus ou moins longue sous la contrainte d’une consigne présentée comme « le sujet de la rédaction ». Il s’agit, comme nous le verrons plus loin, d’un texte écrit à dominante narrative, descriptive ou argumentative, qui peut être composé sous le genre d’un récit, d’une lettre… L’exercice évoque le genre scolaire alors appelé « composition française ».

La technique d’enseignement de la rédaction au collège semble moins ritualisée, sauf pour la phase de correction appelée « compte rendu de devoir ». On retiendra tout de même la « fossilisation » des conduites de l’activité en trois étapes considérées comme « indispensables pour permettre aux apprenants de se familiariser avec cet exercice et le maîtriser » (Thiaré S., 2007).

Il n’est pas rare que cet enseignement se distribue en deux moments : une présentation théorique suivie de quelques exercices de mise en pratique avant le redoutable moment de l’évaluation. De même, il n’est pas rare que cet enseignement soit dispensé une fois au début de l’année et que tout le reste du temps, l’enseignant n’a recours à l’exercice que pour ses évaluations périodiques. Les marques de la formation des enseignants en matière d’évaluation de la production écrite se lisent dans une conduite de l’activité en trois phases de traitement des erreurs langagières les plus récurrentes, d’interprétation du sujet et d’organisation des idées.

Quant à la pratique de la lecture littéraire, elle porte généralement sur l’analyse-interprétation de textes littéraires courts (un poème, un conte, un nouvelle, une scène de théâtre) ou de segments extraits d’œuvres romanesques par exemple sur l’étude d’une œuvre intégrale. Elle se réalise à travers deux activités différentes renvoyant respectivement aux deux classes de textes précédents : la lecture expliquée (terme employé pour désigner l’activité dans les classes de niveau collège) ou l’explication de texte (terminologie employée pour la même activité dans les classes de niveau lycée), et la lecture suivie et dirigée. Qu’on l’appelle lecture expliquée ou explication de texte, les termes étant employés indistinctement aujourd’hui, la pratique scolaire de lecture collective des textes courts ou de fragments de textes s’est routinisée autour de deux méthodes dites du SLIPEC et de la lecture méthodique. La première, qui consiste en une lecture linéaire du texte, présentée comme le label de la formation initiale, a longtemps servi de mode opératoire dominant chez les enseignants de français quel que soit le texte qu’ils étudient avec leurs élèves. Comme le laisse voir son cigle, elle se déploie en cinq actes qui ont fini de s’incruster dans les pratiques de classe aux cours d’activités collectives de lecture littéraire.

Le problème de la conduite de l’activité de lecture littéraire réside dans son orientation éminemment culturelle où les enjeux cognitifs des démarches et outils codifiés tendent vers le développement d’un savoir littéraire étendu et de la culture du plaisir de lire.

‘« En quelque sorte, cela signifie que la lecture n’a d’autre but extérieur qu’elle-même. On lit pour lire, on lit pour comprendre le texte et pour lui donner un sens. Tous les outils mis à disposition de l’élève concourent à l’épaississement de cette construction du sens » (Schneuwly, 2007, p : 19) ’