1.1. La didactique de la lecture littéraire

Pour définir la notion de lecture littéraire, nous nous appuyons sur certains des critères que propose Reuter (1996, p : 34). Socialement, les concepts de lecture et de littérature se superposent et les représentations renvoient à « des objets fictionnels, narratifs ou poétiques, situés dans un champ éditorial précis ». Il est intéressant de noter la place importante, sur le plan affectif, qu’occupe l’objet littéraire auprès de l’opinion. C’est que par delà les mutations sociales et leurs indéniables effets, l’idée demeure de penser le littéraire comme voie d’accès à la culture, sinon, comme l’unité de mesure du culturel. Aujourd’hui encore, les institutions comme les prix littéraires, les champs éditoriaux, les manifestations socioculturelles sont là pour assurer la visibilité de l’objet littéraire, mais surtout pour façonner le regard de chacun de manière à garantir la vigilance sociale. L’autre critère nous ramène à l’institution scolaire. Ici, l’activité « lecture littéraire » évoque un choix d’objets plus ou moins restrictif, voire sélectif, une orientation éminemment savante, des outils codifiés et des enjeux cognitifs spécifiques dont l’acquisition requiert un certain niveau de compétences. Aussi, même si la lecture littéraire coexiste avec d’autres pratiques de lecture, elle s’en distingue du fait des représentations largement véhiculées par l’école qui voudraient que ces dernières pratiques exigent des compétences, des objets différents, une orientation sociale et fonctionnelle, des outils personnels. Au bout du compte, on se retrouve face à des classifications-différenciations du genre lecture scolaire / lecture ordinaire, lecture plaisir / lecture utilitaire, lecture interprétation / lecture consommation. Une catégorisation qui se fait en fonction de l’objet de lecture et selon qu’il est affecté ou pas d’un coefficient de littérarité. A la lecture littéraire sont naturellement associés les concepts de « culture, compétence, plaisir » (Dufays, 1996), interprétation, apprentissage. De sorte que pendant longtemps, il est apparu bien plus noble parce que plus « scolaire » de lire un poème, un roman, une pièce de théâtre qu’un magazine. Et même parmi les objets de lecture identifiés comme littéraires, certaines sous-catégories sont mieux cotées que d’autres. Comme on le constate, la problématique de la lecture littéraire est une question tout aussi sensible qu’elle est complexe. C’est aussi ce qui explique l’abondance des recherches sur le sujet dont la variété des thématiques déborde largement le cadre de ce travail. Toutefois, nous estimons qu’il est possible de dégager quatre grands centres d’intérêt que nous présentons dans un rapide survol.