Chapitre 1 : Un triple cadre théorique pour l’analyse des effets de la médiation enseignante et textuelle

Notre système d’analyse des conditions de développement de compétences lecturales et rédactionnelles de récits de fiction corrèle trois macro-variables constituées des médiations enseignantes, textuelles et du cadre interactionnel qui les dynamise. C’est que dans notre approche, ces compétences se co-construisent à l’intérieur d’une relation didactique, ce qui nous pousse à convoquer les théories d’apprentissage à orientation socio-historique et culturelle. Par ailleurs, la spécificité des outils didactiques, notamment les textes littéraires à propos et au moyen desquels se construisent les enseignements-apprentissages nous amène à nous référer aux théories du texte fondées sur les approches génériques, celles textuelles relatives à la structure compositionnelle et configurationnelle, et enfin, au principe du schéma de contrôle développé par la psycholinguistique. Le point commun de ces conceptions, c’est de postuler que l’apprentissage de la lecture et de la production des textes est facilité par la structure du texte référé. L’hypothèse consiste à soutenir que plus la structure du texte de référence est conventionnellement normée et culturellement partagée, plus son acquisition par le lecteur-producteur non expert en est facilitée. L’analyse des processus combinés de développement de compétences de lecture et d’écriture de récits de fiction se fera à partir de la pragmatique des interactions didactiques arrimée aux théories qui posent la problématique de la co-présence d’un apprenant et d’un enseignant. En effet, nous nous intéressons à des systèmes complexes où l’élève n’est pas seul face aux textes et où son action est favorisée et régulée par l’action de l’enseignant qu’elle influence à son tour. Nous avons montré à ce propos que les savoirs et pratiques visés au cours des activités scolaires de lecture et d’écriture de récits de fiction relèvent d’un haut niveau de technicité, ce qui les range parmi les savoirs dont l’acquisition par des apprenants passe par une instruction impliquant un processus transpositif avec la mise en place d’un dispositif et l’intervention d’un agent expert, un enseignant que l’on peut considérer comme un professionnel responsable des conditions d’apprentissage. En substance, le développement de compétences narratives est mis en relation avec une communauté éducative scolaire et scientifique se construisant dans des interactions didactiques. La compréhension de cette situation justifie l’introduction des théories interactionnistes axées sur les interactions de classe et des théories de l’action conjointe en didactique. La multiplication des références ne tend pas à l’exhaustivité, impossible à atteindre. Notre but reste modeste ce qui n’est pas inconciliable avec la formulation d’un cadre aussi complet que possible pour décrire les processus didactiques de co-construction (ce qui se passe dans la classe) et de développement (ce qu’on observe dans les productions des élèves) de compétences lecturales et rédactionnelles de récits de fiction.