2.1. Médiations sémiotiques et caractéristiques du cadre interactionnel : références théoriques pour une pragmatique des interactions didactiques

L’on a pu observer que l’analyse conversationnelle a connu, au cours de ces dernières années, un tournant décisif avec la présence marquée « de la problématique praxéologique dans les modélisations du discours » (Fillettaz 2004 : p. 10). En effet, la pragmatique des interactions s’est retrouvée, à un moment donné, dans l’obligation d’adapter ses méthodes à la nature spécifique des situations qu’elle est amenée à observer. Or, si certaines interactions, ainsi que le dit Bouchard, sont « à bâton rompu », se construisant donc dans l’instant, tour après tour, d’autres au contraire sont préconstruites. Soumises à des déterminations a priori, elles présentent une organisation séquentielle marquée par les actions qu’elles expriment. Les interactions didactiques sont de celles-là. La description de situations où le dire est étroitement lié au faire, où un professionnel dit et fait en même temps pour faire dire et faire faire un non professionnel amène à articuler les théories des discours institutionnels et professionnels (Borreix et Fraenkel, 2001 ; Bronckart et al, 2004 ; Fillettaz et Bronckart, 2005) aux théories des conversations ordinaires (Kerbrat-Orecchioni, 1996, 2001, 2005 ; Vion, 2000, Traverso, 1991). L’enjeu, c’est de rendre compte des dimensions communicationnelles, relationnelles et actionnelles qui s’y imbriquent. Encore faudrait-il définir les caractéristiques par lesquelles ces interactions se singularisent.